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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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16 juillet 2007

Chap.4. Exposition.

Je ne me lève pas de bonne heure ce matin. J'aurais voulu profiter de la matinée pour visiter la ville mais Il n'est pas resté avec moi hier soir. "J'ai affaire" a-t-il dit sur un ton qui ne souffre pas de questionnement. Pas facile de s'endormir. Résultat je me réveille vers 9 heure. Une douche longue et fraîche. Un petit déjeuner nonchalamment avalé au bar de l'hôtel et direction le Palais de Bondy. Je sais qu'il y sera. Il m'a interdit d'y passer mais je ne peux résister. D'un pas décidé je passe le Pont de la Feuillé et gagne les premières marches du Palais que je monte quatre à quatre.
Personne pour m'accueillir ! Dans d'immenses salles lumineuses je déambule entre les œuvres et je finis bientôt par tomber devant trois de ses toiles. Aussitôt les souvenirs de mes vacances resurgissent et défilent devant mes yeux. Ces toiles je les connais, elles ont été témoins de ma présentation à mon Maître, de mes premières génuflexions, de ma nudité, de mes angoisses, de mes plaisirs interdits. Une bouffée de chaleur monte dans ma poitrine et ma gorge se noue.
- Je t'avais pourtant dit de ne pas venir ici !
Je sursaute. Tout à ma contemplation je ne l'ai pas entendu venir derrière moi. Je me retourne. Il a le front plissé de colère. Je lui souris, il va falloir faire retomber son courroux.
- J'avais vraiment envie de voir cette expo…Je suis désolée… Elle est vraiment très belle.
Le compliment le laisse de marbre. Il émet ce petit claquement de langue caractéristique qui signale sa désapprobation et son impatience. Je baisse les yeux et les relève lentement vers lui en essayant un sourire que je sais désarmant. Il reste de glace.
- Tu ne perds rien pour attendre… Mais puisque tu es là…
Il jette un regard autour de lui.
- Enlève ton tee-shirt je veux prendre une photo souvenir.
A mon tour je regarde autour de nous. Personne. Il est tôt et il n'y a pas grand monde dans les salles d'exposition. Je lui tends le pull que je porte négligemment sur les épaules et d'un mouvement rapide enlève mon tee-shirt. Je suis poitrine nue et jette autour de moi des regards angoissés. Il s'éloigne un peu pour faciliter la prise de quelques clichés. C'est amusant et je prends quelques poses de starlettes en souriant, c'est facile quand on se sent belle. Les photos s'enchaînent lorsque du coin de l'œil je vois surgir dans la grande salle adjacente un couple de visiteurs. Prise de panique je me colle contre un mur. Nous sommes dans une sorte de rotonde et cela me cache à leurs yeux. Je tends la main vers Marc pour réclamer mon tee-shirt et me couvrir. Avec un large sourire il fait un pas en arrière et secoue la tête négativement. Ma panique augmente. Il n'oserait pas me faire çà ! Oui, j'ai bien peur qu'il en soit capable. Je traverse la pièce pour le rejoindre un bras barrant ma poitrine me dévoilant un court instant et en priant que les visiteurs soient absorbés par la contemplation des œuvres. Je le rejoins dans l'encoignure opposée et le supplie.
- Je t'avais bien dit que tu ne perdrais rien pour attendre ! - Murmure-t-il d'un ton froid.
Mon dieu, il est bien décidé à m'humilier ici !
Par dessus son épaule je jette un coup d'œil à l'autre grande salle. Elle est vide et semble m'offrir une issue pour fuir les visiteurs. Je vais tout de même pas passer ma matinée à jouer à cache dans ces salles d'exposition ! Je m'apprête à franchir le seuil pour gagner la salle vide quand il me barre le passage.
- Non, non… Tu reste là…Je n'ai pas fini mes photos.
Je me liquéfie littéralement. Il ne sourit plus. Et je commence vraiment à avoir peur.
Que va-t-il se passer si ces gens me voient à demi nue, ici ? Indifférence ou scandale ? Je m'imagine fuir dans la rue les bras cachant ma poitrine sous les huées ou les quolibets de la foules. Je ne les vois pas mais je sais que les visiteurs se rapprochent. La tension est tel je j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Marc se déplace un peu pour observer la progression des visiteurs, je me colle contre le mur froid. Quelques instants se passent quand, comme ayant reçus un signal, d'un geste leste, il m'envoie mon pull que j'attrape au vol. Dans le même temps je perçois des ombres de personnes sur le point de franchir le seuil. Pas le temps d'enfiler le pull ! Je le jette sur mes épaules et fait retomber les manches sur ma poitrine je croise les bras et tourne le dos à la porte en faisant semblant d'être absorbée par la contemplation d'une des œuvres de la rotonde. En fait, je suis au bord de l'apoplexie je dois être rouge comme une pivoine. Un petit bonjour courtois me vient des visiteurs je réponds du bout des lèvres sans me retourner alors que Marc leur répond ostensiblement. Je perçois une sorte de jubilation dans son "Bonjour". Je prie pour qu'il n'engage pas la conversation. Après tout c'est lui l'Artiste il pourrait commencer à expliquer son Art aux visiteurs chanceux de le rencontrer et faire durer ainsi mon calvaire.
Heureusement aucune conversation ne s'engage. En silence j'entame une sorte de quadrille me déplaçant en même temps qu'eux de façon à toujours leur tourner le dos. Plusieurs fois je croise le regard ravit de mon Maître. Il a sa petite vengeance ! Après ce qui me semble être une éternité les visiteurs finissent par gagner l'autre grande salle. Soulagée, je me rapproche de lui. Est ce le relâchement de la tension, un sentiment mêlé de colère de soulagement de joie de plaisir Toujours est-il que j'ai envie de lui tambouriner la poitrine, je lui jette un regard furibond. En un éclair je m'aperçois que j'ose le défier au mépris de toutes les règles. Trop tard, il s'en est aperçu. Toujours avec le sourire, il pose un délicat baiser sur mon front enfiévré.
- Je n'en ai pas fini avec toi aujourd'hui !
Qu'a-t-il voulu dire ? Que me prépare t il encore ? Il a pris quelques clichés mon pull sur les épaules j'ai repris mes poses de vedette débutante. Il a fini par me rentre mon tee-shirt. Ensemble nous avons fait le tour de l'exposition puis nous avons terminé la matinée à visiter la vieille ville.

Jouer les touristes avec lui est des plus agréables. Il semble connaître Lyon comme le fond de sa poche. En tout cas il y est très à l'aise. Il m'a fait découvrir les "Traboules" ces espèces de passages secrets qui sillonnent la ville. Les seuls endroits ou à l'abri des regards il accepte que je lui prenne la main et ou l'on échange des baisers et caresses appuyés. Nous avons fini par nous attabler à la terrasse d'un Bouchon et entamé avec bonhomie un repas de quenelles bien mérité.
C'est pendant ce repas que j'ai entamé une discussion sur un sujet qui me tenait à cœur.
- Mar... Monsieur… - J'ai failli gaffer, décidément c'est le jour.
- Est-ce que vous me ferez l'honneur de me dessiner un tatouage ? J'aimerais tellement en porter un de vous ?
Je sais qu'il en dessine régulièrement et qu'il a même, un temps, été tatoueur. Je nourris l'espoir que ce soit lui qui dessine sur ma peau.
Il réfléchit un instant se sert un verre de vin qu'il déguste lentement. Et finit par lâcher.
- Il en est hors de question !
Devant ma mine déconfite d'incompréhension il rajoute.
- Qu'est ce que cela va t'amener ? Qu'est-ce que cela représente pour toi ?
- Toutes mes copines en ont ! Et d'en avoir un de vous…çà classe !
- Et tu veux faire partie du troupeau et bêler en cœur ?
- Non, non... Je ne voyais pas çà comme çà…
- Regarde autour de toi. A vouloir se distinguer, on finit par retomber dans le commun et le vulgaire. Et tu sais que je déteste le vulgaire J'ai particulièrement apprécié que tu te présente à moi sans aucune marque sur ton corps. Que tu n'aies pas de tatouage ou de piercing est pour moi un trésor comme l'est la toile blanche qui portera mon œuvre ! Ta peau est vierge comme l'était ta bouche et tes reins. Je te prie de la garder ainsi !
Il s'interrompt dans sa démonstration reprend une goulée de vin, pose délicatement le verre sur la table, son regard clair capte le mien. Il continu.
- Lorsque mon œuvre sera achevée, lorsque ton dressage sera terminé... Si tu va au bout… Je te signerai !
Me signer ?. J'essaye d'en savoir plus marquant mon incompréhension.
- Vous me signerez ?
Il sourit tristement et son ton devient grave.
- Je te signerai… Je te marquerai au fer.
Je reste interloquée. Sans voix. Je plonge mon nez dans mon assiette. Le marquage au fer c'est plus pour moi un fantasme, je ne pensais pas y être réellement confrontée. Lors de mon séjour à l'atelier j'ai vu quelques-uns uns de ses fers. Mais, m'a-t-il dit, ce sont des commandes, lui-même ne les utilise pas vraiment… Pas vraiment !  Et pourtant bien qu'hypothétique la situation m'effraie un peu. J'ai du mal à m'imaginer en train de recevoir une telle marque… Je n'ai pas réellement peur et suis plutôt intriguée.
- Mais ce n'est pas pour aujourd'hui.- Plaisante-t-il en riant et se reculant sur sa chaise.- Il te reste beaucoup de chemin pour en arriver là. Une marque cela se mérite. Cela n'est pas donner à tous… Cela sera presque la fin de notre voyage !
La fin de notre voyage ? L'évocation de la fin de cette aventure me laisse encore plus perplexe… J'arrive cependant à retrouver ma voix.
- La fin… Presque la fin ?
- Oui un achèvement.
- Mais que peut-il y avoir de plus qu'accepter un marquage au fer rouge ?
Il redevient soudain grave.
- Ce plus, C'est ce qu'il peut arriver de mieux à une œuvre d'art…
Il s'interrompt. Cherche une lueur de compréhension dans mes yeux. Mais je reste sans voix. Il continu d'une voix sourde, solennelle.
- Je te vendrais… !
Si le monde devait s'écrouler sous mes pieds cela n'aurait pas plus d'effet !
Jamais je n'ai éprouvé une émotion aussi forte. Mon estomac se serre, la tête me tourne et ce n'est pas l'effet du vin. Pour une fois le sang reflux de mon visage. Devant ma mine décomposée il s'alarme pose une main sur la mienne. La chaleur de ses doigts me ramène à la vie, je l'étreins fermement comme pour ne pas me noyer. Et pourtant mon sauveur va me porter un dernier coup qui paradoxalement va me sortir la tête de l'eau.
Tu veux renoncer ?… Si tu veux renoncer c'est maintenant… Sinon nous n'en parlerons plus jamais… Cela se fera naturellement.
Renoncer ? Comment puis-je renoncer ? C'est par mon désir le plus profond que je me soumets à lui. J'aurais l'air de quoi à mes yeux. Ce n'est plus un jeu de gamine perverse… C'est une expérience unique…Ma vie ! Ma fierté reprend le dessus presque orgueilleuse, je prends une profonde inspiration le fixe droit dans les yeux et souffle.
- Jamais !
Tout est dit. Tout est engagé. Aussitôt le poids qui oppresse ma poitrine s'envole. Je me recule sur mon fauteuil et lui souris largement. Un autre niveau du pacte vient d'être passé.
On vient nous débarrasser, servir le café et apporter la note.
En silence nous nous observons mutuellement le temps que la serveuse fasse son office. Une fois celle-ci partie, il reprend en goûtant son café.
- Tu me semble bien arrogante… J'avais prévu ta réponse tu sais !… Je vais te donner un avant-goût de ce qui t'attend … Ce soir même !
Je commence à être habituée aux douches froides. Cela ne me fait pas peur. Il jette un regard à sa montre.
- J'ai un rendez vous prévu de longue date. Je te laisse. On se revoit ce soir à 20h précise au "Backstage" à côté du Palais de l'expo. Ne soit pas en retard !

Il règle la note, m'embrasse sur le front avec un sourire en coin, un sourire que pourrait avoir un chat sur le point de croquer une souris. Sans se retourner, Il s'éloigne et se perd dans la foule. Restée seule je sirote le fond de ma tasse de café un peu dépitée et triste de le voir partir. Je lève la tête. Le ciel vient de se couvrir, une fraîcheur orageuse balaye la terrasse... Je frissonne… De tout mon corps et de toute mon âme.

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Commentaires
P
Magnifique blog queje découvre.<br /> <br /> tes récits sont très excitants. bien ecrits .<br /> <br /> J'attends la suite avec impatience.<br /> <br /> un petit bonjour de Lyon .....<br /> <br /> <br /> j.
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I
Faites confiance à un artiste pour une imagination débridée. Et en même temps j'ai l'impression que c'est son style de vie et je me sens toute petite entre ses mains. J'ai encore à découvrir... Avec impatience;-)<br /> Bizous KeyserSoese.<br /> PS Merci pour le style je fais de gros efforts.
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K
l'imagination de ton maître me laisse pantois.<br /> Accessoirement ton style s'améliore aussi.
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I
Je me laisse guider sur ce chemin. Je ne cherche pas à le deviner. Je lui fait confiance...Je ne suis pas déçue... Loin de là!
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V
Courage ! il t'en faudra sans doute... mais tu connais le chemin.
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