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Les Carnets d'Emilie
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Les Carnets d'Emilie
Les Carnets d'Emilie

Le dressage d'une oie blanche.
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13 janvier 2008

Chap.1. La Boussole.

Je remonte le col de mon manteau noir et enfonce un peu plus mon bonnet sur mon front. J'ai froid. Le macadam du trottoir brille d'humidité et reflète les néons de la ville. Etonnant de me retrouver presque seule en plein Paris, peu de gens dans les rues. Les lendemains de fêtes peut-être. ? Et ce temps maussade ! Du vent de la pluie. Pas de quoi inciter à sortir. Et pourtant, je suis là moi ! Il est vrai que j'ai mes raisons. Une raison en fait. Impérieuse ! J'accélère le pas et mon cœur bat à l'unisson de mes foulées. Mes escarpins vernis claque sur le sol et mes pas résonnent dans les gueules noires et inquiétantes des porches que je croise. Un frisson. Quelle idée de sortir ainsi habillée ! Ce quartier je le connais comme ma poche, Je sais ou je vais et me dirige sans encombre, mon esprit s'envole. Je me remémore le billet d'invitation qui m'indique le restaurant où je vais le retrouver et la façon dont je dois m'habiller. "…Jupe écossaise mi-genoux, chemisier blanc escarpins noirs, chaussette blanche, pas de bas, pas de sous-vêtement. Les cheveux tirés en arrière maquillage strict, ton collier d'apparat et… Amène ton PC portable…".
En partant, je me suis regardé dans la glace avec ma sacoche en bandoulière je ressemble à une jeune secrétaire un peu coincée. Hormis la capeline c'est presque point par point la tenue que j'avais lors de cette soirée d'été ! Un froid glacial me parcourt le dos aussitôt suivi d'une chaleur intense qui monte à mes joues. Mon dieu cette soirée ! ... Je presse un peu plus le pas. Heureusement le temps qu'il fait justifie ma pèlerine de laine qui me protège un peu du froid humide et cache ma tenue outrancière. Je rejoins le Boulevard Saint-Germain par la rue des Saints Pères et me dirige vers le Marché. Notre rendez-vous n'est pas très loin de mon appartement, un arrondissement à côté. Au fur et à mesure que je me rapproche de Lui mon pas ralenti et mon cœur s'accélère, mon ventre se tord d'angoisse. Une angoisse que je ne comprends pas, une angoisse en désaccord avec mon cœur qui bat la chamade d'impatience. Je pense qu'il en sera toujours ainsi avec Marc, ambiguïté incompréhensible. Il faut dire qu'il a le chic pour me mettre la pression.
Me voilà devant la porte à double battant. Je prends une profonde inspiration et pousse la poignée. Une bouffée d'air chaud chargé d'odeur d'épice m'accueille, je fais quelque pas à l'intérieur. Enfin je suis à l'abri du froid, cela me détend un peu. Un serveur se précipite et me débarrasse de ma capeline. Il n'a pas l'air de s'étonner de ma tenue printanière en dessous. Il est vrai que l'on est à Paris, il en faut beaucoup pour soulever l'attention. Si Je me promenais ainsi dans mon village je soulèverais quelques sifflets d'intérêt. Pendant que j'ôte mon manteau je me tort le cou pour le chercher dans la salle. Une main se lève… Il est là ! Ma poitrine se crispe un peu je fais un signe au serveur montrant la main levée lui indiquant que l'on m'attend Et d'un pas flageolant me dirige vers sa table. Il n'y a pas grand monde mais je suis contente de l'atteindre sans m'étaler de tout mon long tellement j'ai les jambes de coton. Il m'accueille avec un large sourire et sans un mot me montre la chaise devant lui. Il est tout habilité de noir, une chemise à col Mao strict on dirait un clergyman. Je sais que c'est un coté qui lui arrive de cultiver ! Il a réservé une table de quatre dont les deux autres couverts ont été débarrassés "…Nous aurons pas mal de travail, nous allons faire le point sur les Carnets d'Emilie, entre autre…". Le billet était clair. Je pose mon portable sur la table à côté de moi et je joins les mains, un peu embarrassée. Il me détaille en silence. Cela me met mal a l'aise. Il est hors de question que je prenne la parole la première. Comme un rituel qui rassure j'écarte les jambes Pose mes mains à plat sur la table, de chaques cotés des couverts. De la langue je me mouille les lèvres, les entrouvre et baisse légèrement la tête sans pour autant le quitter des yeux. C'est la posture qu'il exige lorsque l'on se présente à table. Il joint les mains devant lui, les coudes ferment posé sur la table. Il sourit et comme pour lui-même.
-
Bien …très bien.
Il reprend s'adressant cette fois franchement à moi.
-
Tu es vraiment très belle ! Félicitations.
Que l'on puisse me trouver belle m'étonne toujours ! Surtout maintenant, Je dois avoir le nez et les pommettes rouges de froid, les cheveux mal lissé à cause du bonnet, les yeux larmoyants par la différence de température ! Et cette tenue de gamine attardée qu'il a exigé ! Je ne sais pas s'il attend une réponse mais je ne peux m'empêcher.
-
Je... Merci Monsieur... Ce... C'est pour vous monsieur.
Je me sens un peu ridicule de proféré de telles banalités.
-
Je sais... Je sais… Mais pour toi aussi un peu. N'est ce pas ?
Comme il a raison, bien sur que j'aime me sentir belle et désirable. Mais là franchement. J'ai une drôle d'impression un peu comme si il se moquait de moi.
-
Oui Monsieur !
Un long silence pendant lequel je reste sans bouger puis il claque doucement dans ses mains.
- Allons Mademoiselle trêve de civilités il nous faut travailler ! Nous avons peu de temps à nous. Ou en êtes vous de ces Carnets…

A partir de cet instant l'ambiance s'est détendue. Je lui ai donné les marques de respect et de soumissions qu'il attendait. Ils lui suffisaient. Nous passons le repas à discuter tantôt gravement tantôt joyeusement. Les plats exotiques défilent, le vin commence à me tourner la tête. Je prends des notes sur tous ce que l'on dit. En y repensant nous donnons l'image d'une secrétaire et de son patron. Et je comprends maintenant les impératifs vestimentaires qu'il m'a dictés. Me voici participant à un fantasme vieux comme le monde… Et j'adore çà. La jeune secrétaire aux ordres, dévoué à son boss et surtout, totalement nue sous ses vêtements prête au sacrifice le plus extrême pour s'attirer les faveurs de son maître.
Son esprit est clair, limpide. Des idées ! Il en a une par seconde, je note fébrilement et les confronte avec les miennes. Il me félicite parfois pour mon inspiration. Tout s'enclenche parfaitement, peu à peu le destin d'Emilie prend un tournant que je ne soupçonnais pas. J'en ai pour des années de création et de labeur.
Il jette un regard à sa montre.
-
Il ne faut pas oublier notre rendez-vous !
C'est vrai je suis tellement bien que je ne voie pas le temps passer. Il fouille dans sa poche et glisse vers moi une clé USB gainée de cuir.
-
Il y a une ébauche de texte là dedans, je voudrais que tu le peaufine. Je ne suis pas aussi doué que toi pour la littérature.
Je m'empare de l'objet oblong et l'insère à mon portable. Une fenêtre s'ouvre.
-
Vous pouvez lire à haute voix ,s'il vous plaît, Mademoiselle !
Il a repris le vouvoiement je sais ce que cela veux dire. Je dois maintenant reprendre ma place. Je commence...
-
"… Je te veux nue à genoux, courbée à la tache qui va brouiller ce texte. Je te veux offerte et soumise, cadeau sacrificiel déposé à mes pieds. Je veux poser mes mains sur ton corps brûlant. Le parcourir, le découvrir de mille caresses impudiques…"
Le rouge me monte aux joues. Je jette un regard circulaire et baisse la voix. Personne dans la salle ne fait attention à nous mais je ne peux m'empêcher de prendre une voix de conspiratrice pour continuer à lire cette déclaration impromptue. Je lui souris au fur et à mesure que je progresse dans la lecture. C'est un manifeste. La description de la façon dont cette soirée peut se prolonger. L'excitation me gagne et il n'est pas aisé de procéder aux arrangements du texte que nous faisons dans une bonne humeur non dissimulée. Quand enfin nous sommes satisfaits Marc commande un dernier café. Je replie en silence mon portable je consulte ma montre, 21h35. Il prend pourtant le temps de déguster tranquillement son moka. Il finit par taper des deux mains sur la table et se redresse.
- I
l est temps de mettre ces lignes en pratique, Mademoiselle !
Je frissonne, un peu angoissée tout de même. Je me lève et gagne la sortie. J'enfile mon manteau pendant qu'il règle la note. J'enfonce mon bonnet de laine verte jusqu'au oreille ne laissant dépasser que ma longue chevelure rousse. Deux pas et nous sommes dehors. Le froid me coupe la respiration et je ne peux retenir un tremblement. Instinctivement je me sers contre lui, contre la veste de cuir noir qui le protège des éléments.
- Allons-y ! Me dit-il. M'enjoignant d'un geste à lui montrer le chemin de mon appartement.

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Commentaires
V
Quel délice Isabelle de te lire de nouveau. Tu joues trop bien avec la musique des mots pour s'en priver.
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K
il pas un foulard à l'oeuvre ?
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J
La suite ? mais il n'est nul besoin de nous conter la suite : nous y avons assisté en direct, et le palimpseste est là pour en témoigner.<br /> A vrai dire, surtout pour témoigner du tourbillon des sens qui a emporté Isabelle.<br /> <br /> Mais je vais être d'accord avec Delphine sur un autre point : nous sommes tous impatients de connaître ton récit de cet été; Et il est plus que temps, le printemps n'est pas loin...<br /> <br /> Jule
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O
Tu n'as pas ton praeil pour me mettre l'eau à la bouche.....vite vite la suite.....et cette soirée d'été ? on saurons nous un peu plus prochainement?<br /> <br /> delphine
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