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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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7 avril 2010

Chap.68. Purification.

Je ne me souviens à peine de la fin de cette nuit. Les hommes m’ont abandonnée abrutie de fatigue, d’étreintes immorales. Je les ai entendus sortir un à un de la pièce après s’être rhabillé péniblement en discutant à voix basses. Quelques-uns ont tenté une parole de réconfort, une dernière caresse maladroite comme on flatte une pouliche bien dressée pour la remercier. Et même, un baiser dans le cou suivi d’un " Au revoir, Isabelle " de compassion.
J’ai caché mon visage dans la couverture souillée pour ne plus les voir. J’ai serré les dents et les poings.
Qu’ils aillent au diable !
Les hommes sortis, j’ai plongé dans un sommeil agité comme on saute dans un puits sans fond, où se sont, dans un cauchemar, prolongées les étreintes abjectes de mes assaillants…

… Une odeur de tabac blond m’agace les narines et me tire brusquement de mon sommeil. Je cligne des yeux. Une lueur diffuse se glisse par la fenêtre. Il est très tôt. J’ai froid !
Je tente de ramener la couverture sur mon ventre nue. Mais ne peux la tirer bien loin. Le poids d’une présence assise sur le pied du lit m’en empêche J’essaye de me redresser pour identifier l’intrus et gémit de douleur. Un élancement me tétanise le bras et l’épaule stoppant net mon mouvement. Mon corps n’est que crampes et courbatures. Ma tête retombe lourdement. Peu à peu ma vision devient plus nette.
Kristale me regarde en tirant de petites bouffées nerveuses de sa cigarette.
- Il faut y aller Isabelle !
Elle laisse tomber sa cigarette et l’écrase du pied en exhalant une dernière bouffée.
- Marc va t’attendre !
Marc ? Marc ! Oui… Marc !
Enfin je vais le retrouver !
Je sais que cette fois l’épreuve est finie. Et pourtant je suis vide de sentiments. Trop épuisée !
Je tente de me relever péniblement en étouffant mes plaintes. Kristale se lève et vient à mon secours. Elle glisse un bras sous mon aisselle et se saisis doucement de mon poignet. Je me déplie lentement martyrisant mes articulations et mes tendons froissés.
La couverture tombe au sol.
- Allez ma chérie, une bonne douche te fera du bien !
Je l’entends à peine. Une boule de sanglots me noue la gorge. Des larmes trop longtemps contenues roulent sur mes joues en silence. Nue, tremblante, au bras de Kristale, je traverse la pièce et m’engage dans les couloirs, accompagnée du claquement sec et froid des hauts talons de la belle hollandaise sur le sol de grès.

Je me redresse au fur et à mesure que je m’éloigne de ce lieu maudit. Mais un poids énorme continue à me peser sur les épaules. Kristale me mène dans une salle d’eau surchauffée. La différence de température me saisit, la tête me tourne un peu. Kristale me lâche au beau milieu de la pièce, retrousse ses manches et se dirige vers une immense baignoire de cuivre et de faïence.
D’un œil morne je contemple la pièce. Une salle de bain de style rétro qui a oublié le confort moderne. Un énorme radiateur de fonte, un sol de carrelage blanc qui grimpe sur les murs et s’achève sur un liseré de parement bleu. Un grand miroir piqué de tache d’oxydation au dessus d’un lavabo de céramique aux robinets de bronze. Tout est très vieux mais bien entretenu. Des savons parfumés et des bocaux de sels de bain multicolores égaillent la pièce. Des draps et serviettes brodés bien rangés sur des étagères semblent m’attendre. Cela sent le champ de lavandes après la pluie. Un gros bouquet de fleurs séché posé sur la margelle de la baignoire renforce l’impression d’être hors du temps comme dans une photo de David Hamilton.
Je ne peux m’empêcher de contempler mon reflet dans le grand miroir ;
Une silhouette d’ivoire blanc, voûtée, accablée. Un visage défait la bouche entrouverte, hébétée de stupéfaction, les yeux vitreux, mouillés, brillants de fièvre aux cernes bleutés. Mes cheveux roux ont perdu leur belle couleur de cuivre et ressemble à du crin rouillé emmêlé par le vent, comme si je venais de prendre une averse. Ma peau est maculée de plaques séchées et brillantes. Je me recroqueville un peu plus. Un haut le cœur me saisit en reconnaissant les marques d’épanchement qu’ont laissés les hommes sur ma peau.
Kristale tourne le robinet de la douche qui surplombe la baignoire et revient vers moi. Elle veut me prendre par le poignet lorsqu’un hoquet effroyable me prend. J’avise en catastrophe un bidet à côté de la baignoire et m’y précipite.
La vision de Stéphanie se glisse devant les yeux, je la revois éructant et vomissant son dégoût après sa terrible épreuve. Je m’étais alors dit que jamais je ne pourrais supporter pareille offense. Mais maintenant, pitoyable, c’est moi qui suis à genoux tentant de vomir le peu de bile de mon estomac vide dans des spasmes incoercible et douloureux qui me secouent de la tête aux pieds, me laissant sans souffle. De grosses larmes roulent le long de mes joues
Aux pieds de Kristale je perds le peu de dignité qui me reste encore. Les convulsions de mon ventre se calment peu à peu. La nausée passe dans les derniers spasmes. Je m’effondre alors, anéantie, sur le rebord du bidet, cache mon visage sur mon bras et me met à pleurer de tout mon saoul.
Kristale attend patiemment que s’apaise mon affliction.
Evacuer mon chagrin et la tension nerveuse dans un flot de larmes et de gémissements est le bienvenu. De ce chaos émotionnel émerge une pensée qui va rapidement s’affirmer dominant le flot sombre et tumultueux.
Marc… Je veux revoir Marc !
Revoir mon Maître et me présenter à lui...
Monsieur je suis là !
Je suis digne de vous.
J’ai passé votre épreuve et je suis à vos genoux…
Encore plus forte qu’avant !

Je ne peux m’empêcher de sourire à cette pensée. Apaisée de certitude et rassérénée dans ma foi, je renifle bruyamment et tente de me relever. Une fois encore et sans un mot Kristale se précipite à mon secours en me prenant par le bras. Nos yeux se croisent. Elle se détourne, gênée. Elle n’a pas compris ma nouvelle détermination dans mon regard et a dû le prendre pour un lourd reproche.
Comme une enfant, je me laisse mener sous la douche. Le jet est brûlant et salvateur. L’eau va chasser les immondes caresses et le mucus amère qui couvre ma peau et souille mes cheveux. En silence, Kristale me tend un gros savon parfumé et s’empare des sels de bain qu’elle répand dans l’eau qui commence à monter dans la baignoire. Il me semble qu’il n’y a pas assez de savon dans cette pièce pour faire disparaître les traces des ignobles soudards. Par trois fois je m’enduis le corps et le frotte énergiquement. Faisant fi de la présence de Kristale je m’introduis les doigts partout où les hommes ont pu y déposer la démonstration de leur jouissance et je veux frénétiquement faire disparaître la moindre trace de leur passage.
Je ne peux pas me présenter devant Mon Maître dans leurs odeurs fétides!
Kristale se munit d’un gros gant de velours et m’en frotte le dos. Je ne dis rien, la laisse faire et m’assoies dans l’eau pour me mettre à sa hauteur. Peu à peu mon énergie revient, je respire mieux, ma poitrine se débloque. Je ferme les yeux et me laisse tomber en arrière dans l’eau savonneuse, m’adossant au rebord de la baignoire...

...Un clapotis me tire de ma rêverie. Sans que je la remarque Kristale s’est déshabillée et vient de plonger un pied dans l’eau trouble. Je ne suis pas surprise. Elle se penche sur moi en prenant appuie sur les rebords. La pointe de ses longs cheveux blonds platine vient se tremper près de ma poitrine. Elle me regard par en dessous.
J’esquisse un pâle sourire.
Rassurée, elle se glisse lentement à mes côtés faisant monter le niveau de l’eau qui manque submerger ma bouche. Je me redresse et elle en profite pour passer un bras sous mon épaule. Sous l’eau, sa main se pose sur mon ventre et le caresse doucement. Je ferme les yeux en glissant la main contre son flanc, me blottissant sur sa poitrine, me laissant ceinturer de ses bras, cherchant un réconfort apaisant.

J’ai accepté ses caresses et ses baisers. Je le lui ai même rendu. Nous avons joué sans un mot avec nos corps. Ma fatigue s’est envolée quand nos lèvres se sont jointes et que nos langues se sont rencontrées.
Car seuls les caresses peuvent effacer des caresses et des baiser faire oublier d’autres baisers. Et j’ai découvert chez Kristale ce don qu’elle partage avec mon Maître celui, après chaque épreuve, de me rendre ma pureté, d’un simple contact, d’une simple étreinte.

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Commentaires
I
Bienvenue Chinablue<br /> Oui encore longtemps j'espère!<br /> <br /> Gtos poutou Aurore, Je t'aime trop!
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C
Une histoire de soumission exemplaire.<br /> J'en vien enfin a bout apres 2semaines de lecture<br /> Bravo Isabelle pour cette narration je me suis laisser porté par ton charme et ton experience<br /> je n'ai pas pu décrocher avant la fin<br /> J'espere pouvoir te suivre longtemps encore dans tes aventures<br /> Mes amitiés à toi et ton guide.<br /> <br /> Une Française du bout du monde qui aime à te lire.
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A
Ouf! enfin fini cette fois<br /> C'était l'envers du décors de ta soumission<br /> Pas trés glamour<br /> Mais c'est c'est çà la réalité !<br /> Gros poutou baveu de ton Aurore ma chérie ;-)
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