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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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21 avril 2019

Chap.64. Le Portail de Fer

Un éclair pourpre zèbre la vitre latérale. C’est Laure qui vient de nous dépasser au guidon de sa Ducati. Elle ralentit devant la voiture et se permet quelques zigzags de salutation avant de remettre les gaz et, dans un vrombissement sourd, disparaître de ma vue au virage suivant.  Elle sait où nous allons !
Nous sommes partis bien avant elle. Elle a du remettre un peu d’ordre dans la maison et la sécurité avant de nous rattraper.  Ce qui lui a été facile, son roadster avalant les kilomètres qui nous séparaient en se moquant bien des limitations. Laure n’a pas de loi autre que celle qu’elle vous accorde.
Je me tourne vers Loreleï.
Elle est de l’autre côté de la banquette de cuir beige. Nous ne sommes que toutes les deux sur le siège arrière et il y a beaucoup de place dans la berline, pourtant elle s’est recroquevillée en chien de fusil contre la portière et toute son attention est concentrée sur son Smart-phone. Elle joue, comme hypnotisée par les briques multicolores qui obéissent et se rangent sagement aux ordres de ses pouces qui s’agitent fébrilement sur le rectangle sombre dont l’écran émet une lueur blafarde sur son visage d’ange.
Une enfant qui joue. Je souris en repensant à notre soirée  et à ses déchaînements de passion qui nous ont conduites à dépasser la nuit. Marc a raison, je ne peux me fier à son attitude timide de gamine effarouchée qu’elle prend naturellement. Cette femme-fleur a la volupté d’une orchidée.
Marc est au volant. Il conduit sereinement comme à son habitude. Entre ses mains la voiture semble être un tapis volant et glisse sans à coup sur l’asphalte brûlant de midi. Machinalement il a fait un amicale signe de la main au bolide pourpre qui le saluait.
Tôt ce matin, à mes demandes pressantes, il a tenté de m’expliquer là ou nous nous rendons en chuchotant par-dessus la tête de Loreleï qui dormait encore du sommeil d’après l’amour, pelotonner entre nous deux, la bouche entrouverte sur un souffle régulier, la main paresseusement posée sur mon ventre.
—  …Mais… Moins tu en sauras plus tu apprécieras ! Tu aimes les surprises, non ?
En tous les cas cela m’a l’air terriblement  officiel. Mon Maître est habillé de noir avec un col mao cintré de blanc ce qui lui donne l’air d’un clergyman, une apparence démentie par la figurine féminine, nue, crucifiée sur une croix de St-André, qu’il porte  au revers de son col.
A ses coté Kristale est vêtue de la tête aux pieds d’un cuir sombre presque menaçant qui contraste violemment avec ses cheveux blond platine. Elle porte un simple lacet noir autour du coup, sans anneau.Un apparat choisi et distingué, contrairement à nous. Il nous a juste été donné d’arborer  nos colliers de soumission, notre tenue vestimentaire n’a pas semblé être d’une grand importance.
Loreleï porte un jean scarifié aux genoux comme les apprécient les ados et un sweet-shirt blanc barré d’un « Love »pailleté de rose et souligné d’un « Hard » noir. On devine sous le tissu ses seins libres d’entraves. A son poignet deux bracelets joints, entortillés l’un à l’autre ; un bracelet rouge qui, je le sais, est un avertissement, l’interdiction de la toucher sans autorisation, et un bracelet blanc dont je devine le signal. Signal renforcé par son collier de cuir, blanc lui aussi, collier auquel pend un grelot d’argent. Le collier des novices.
Pour ma part je n’ai pas de bracelet de limitation et Marc m’a choisi un épais collier de cuir noir à double verrouillage orné d’un lourd anneau de fer forgé, patiné par l’usage. Je porte mon ensemble d’étudiante très british, jupe écossaise, escarpins noir en accord avec mon collier, chaussette et chemisette blanche, sans rien dessous comme le veux l’étiquette de soumise.

Pas trop rassurée, j’ai insisté.
— Oui, Monsieur ! J’aime les surprises ! Mais Monsieur, sil vous plaît, à quoi je dois m’attendre ?
Il prend son temps pour répondre.
— Tu sais, je ne suis pas dans le cercle depuis très longtemps… Mais c’est organisé avec beaucoup de sérieux…
Et il s’arrête sur sa lancée.
Je me lève sur un coude, bousculant la nymphette endormie contre moi. Je fronce les sourcils et fait une moue boudeuse, suppliante. Je veux en savoir un peu plus que çà et lui fait savoir. Marc ne se fâche pas de mon attitude, il s’en amuse. Il souffle et regarde autour de lui comme si il vérifiait que personnes ne pouvait l’entendre.
— Alors… C’est… C’est un genre de kermesse, plutôt déluré, où tout le monde s’amuse beaucoup et où chacun montre son savoir faire… Et nous apparemment, notre stand, çà va être ton procès !... Voilà, çà te va !
Et sans attendre ma réaction il se lève d’un coup de rein et se dirige vers la salle d’eau.
Chahutée par le départ sans précaution de Mon Maître, Loreleï sort de son sommeil. Ses yeux embués d’aigue-marine s’éclairent et, m’apercevant, me sourit avec tendresse.

Depuis notre dernier arrêt sur une discrète aire d’autoroute, cela fait maintenant deux heures que nous roulons. Loreleï n’a pas quitté son écran des yeux, indifférente aux paysages qui défilent et changent peu à peu. Impossible de savoir où nous nous rendons exactement, mais je devine que nous roulons vers le nord. Nous quittons l’Occitanie par le viaduc et nous louvoyons bientôt sur les flancs d’un paysage de montagnes couvertes de forêts denses, j’y devine les contreforts des Puys.
Au fur et à mesure que nous nous éloignions des grands axes, les routes se rétrécissent et se réduisent bientôt à un chemin mal goudronné qui s’enfonce dans une sombre forêt de mélèzes. Marc roule presque au pas en évitant les nids de poule. La voûte des arbres est oppressante et nous cache le soleil qui commence à peine à décliner. Même Loreleï a senti le changement d’atmosphère. Abandonnant son écran, elle se redresse et scrute, inquiète, la forêt de troncs noirs, fantomatiques.  Nous stoppons bientôt devant un grand portail de fer forgé d’arabesques qui barre totalement la route. Je constate avec étonnement que ce portail qui s’appuie sur deux piliers de pierre imposant, ne garde rien. Sur un des piliers une plaque moussu par le temps et presque illisible « Propriété Privée ». Pourtant,  il n’y a pas de mur d’enceinte et, à pieds, on peut le contourner sans difficulté. Sa seule fonction est d’empêcher le passage des véhicules venant de la route. Il y a d’ailleurs devant ce portail une placette de terre battue qui permet aux aventureux butant devant lui, de faire demi-tour. Marc laisse tourner le moteur. Sur le tableau de bord Le GPS clignote avec insistance  son message  « Vous êtes arrivé ».
Je tends le cou et scrute les alentours. Rien qu’une forêt noire sans âme aux troncs d’arbres semblables aux colonnes d’une cathédrale à la voûte sombre. Mon attention se reporte sur le portail incongru. Au sommet du pilier gauche Je remarque une petite lumière bleue surmontant un œil noire. Une caméra !
 Kristale se saisie de son téléphone et tape rapidement quelque message. La lumière bleue se met à clignoter. Elle s’adresse ensuite à Loreleï d’une voix douce. Elle semble, dans sa langue, lui donner des instructions. Pendant l’explication, et sur l’indication de Kristale, Loreleï se penche vers l’avant entre les sièges et lève la tête vers la caméra puis, sans broncher, la jeune fille dépose son portable sur le siège et tire sur la poignée de la porte. Elle sort, contourne la voiture par l’avant et d’un geste ôte son tee-shirt qu’elle dépose sur le capot avant, elle rejette ses cheveux vers l’arrière et écartant les jambes, place ses mains dans le dos le visage, la poitrine pointée vers la caméra Je n’ai pas le temps de m’interroger sur cet étrange rituel que Marc me lance impératif.
— Isabelle… Même chose !
A mon tour je m’extirpe du douillet cocon climatisé.
Au dehors l’air est frais et humide. Une odeur d’humus et de décomposition de végétaux me piquent les narines. Les alentours sont sinistres. Le sous-bois, sombre comme la nuit, est nu, sans végétation, couvert d’un tapis uniforme d’aiguilles de pin brunâtres, seul le bas-côté du chemin, où le soleil a pu se frayer un chemin au travers des frondaisons opaques, est agrémenté de hautes fougères. Pas un bruit, pas un pépiement d’oiseaux ne viennent couvrir le ronronnement assourdi du moteur. J’ai la sensation oppressante d’être au beau milieu d’une cave monumentale.
Je m’avance rapidement toute en déboutonnant ma chemisette et, une fois ôtée, la lance sur le capot, sur le tee-shirt de Loreleï. Seins nus, je me présente à côté d’elle, copiant son attitude. A mon tour, je glisse mes mains dans mon dos et darde ma poitrine dont les tétons se durcissent sous les doigts glacials de l’air saturé d’humidité, vers la caméra. Je lance un rapide coup d’œil à Loreleï qui reste statufiée comme hypnotisée par l’œil froid qui, je le devine, nous scrute attentivement. Je comprends alors qu’elle est en train de montrer son collier. Immédiatement je relève la tête pour, moi aussi, exhiber le témoin de ma soumission.
Il ne faut que quelques instants pour qu’un déclic sec nous annonce le déverrouillage du portail qui commence à s’entrouvrir lentement, meut par quelque mécanisme caché. La vitre du conducteur se baisse et la voix de marc vient troubler le silence.
— Allez, Mesdemoiselles…Grimpez ! On y va !
Avec un bel ensemble, sans que Loreleï ait besoin de traduction, nous nous emparons de nos vêtements et sans prendre le temps de les remettre nous nous précipitons vers nos portières respectives comme si nous étions poursuivie par les esprits du lieu, pressées et soulagées de quitter cet endroit inhospitalier.

Le véhicule se remet en marche lentement comme si il pénétrait dans un sanctuaire. Pendant que nous nous rhabillons Kristale se retourne sur nous et lance en riant.
— Vos colliers sont nos mots de passe. Aujourd’hui les soumises sont a l’honneur !
Et elle me fait un clin d’œil malicieux. Ce qui ne me rassure pas vraiment. Je sais trop bien ce que vaut l’honneur d’une soumise pour Kristale.
Je reboutonne mon chemisier et machinalement pour me réajuster mon regard accroche le rétroviseur. Je me retourne, intriguée. Derrière nous, à vingt mêtres, un véhicule, un coupé de luxe blanc aux vitres teintées est engagé sur le chemin et se rapproche, mais il ne nous rattrape pas, le lourd portail s’est déjà refermé sur nous et lui interdit le passage, le forçant à stopper devant lui. En plaçant le dernier bouton je me dis que le rituel va une fois de plus se renouveler. Curieuse, je scille des yeux pour essayer de distinguer au travers des grilles épaisses la silhouette féminine qui vient de descendre de la voiture et s’approcher du pilier où s’active l’œil inquisiteur. Je ne peux en voir plus, nous nous éloignons et bientôt à la faveur d’un tournant, le portail de fer et sa suppliante disparaissent à ma vue.

Chap.65. Le Roi des Ombres

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Commentaires
S
Je connais ce genre d'endroit, je doute que le coin soit couvert par le réseau GSM qu'utilise Kristale. Et puis un mécanisme aussi sophistiqué perdu en pleine nature me laisse dubitatif.<br /> <br /> Joli récit néanmoins !
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H
Le portail de l'enfer ou du paradis ?<br /> <br /> J'opte pour le paradis :-)
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E
Nous allons enfin entrer dans le vif du sujet. C'est un beau chapitre tout en mystère et j'ai hâte de connaitre la suite. Ce portail ouvre sur l'inconnu et j'en frissonne de plaisir. Comme MrdeV je me pose la question de savoir ce qui est réel où commence le irréel ?<br /> <br /> Cordialement
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V
Une très agréable lecture qui me transporte Du coup je crois que je vais lire depuis le début. Cela fait longtemps que je n'ai pas lu d'écrits érotiques aussi denses<br /> <br /> Merci Isabelle
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H
J'aime beaucoup cette ambiance fantasmagorique.<br /> <br /> les choses deviennent sérieuses il me tardait que commence cette assemblée. M^me si les chapitres précédents m'ont ravie. j’espère que la suite sera du même cru, ce dont je ne doute pas.<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Héloïse
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