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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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Les Carnets d'Emilie

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2 juin 2019

Chap. 65. Le Roi des Ombres

Nous voici rendu à mi-chemin de ce carnet. Il est bon, je pense, au regard des commentaires et des courriers reçus que je mette certaines choses au clair. Ceux qui me suivent depuis  savent que les épisodes que je m’apprête à vous narrez ont pu, à l’époque, poser problème .Cette opposition, j’y ai fait allusion il y a six ans dans « Le Maître des Lieux ». Il a fallu montrer patte blanche et mes bonnes dispositions auprès des membres de l’Assemblée hostiles à mes écrits et il a fallu mener d’âpres négociations pour que je puisse raconter l’Assemblée de Fer (Ces négociations, un peu spéciales, ont duré cinq ans et ont été soigneusement consignées dans un des carnets. Ils feront peut-être un jour l’objet d’une parution).
Au fil du récit, d’intime, mes carnets sont devenus suffisamment fréquentés et lus pour que tout en restant discrets, ils ne le soient plus. 10200 lecteurs réguliers de tous les continents et mes pages parcouru plus de 740000 fois… On ne peut plus réellement parler d’intimité ! 
Quoiqu’il en soit je me suis tenue et promise, eu égard à la qualité des membres de l’Assemblée et de leur désir de discrétion, à la déformation et au vernis romanesque. Un contrat de discrétion qui me permet justement de faire paraître cette facette de mon histoire. Aussi cette suite pourra vous paraître irréelle, car effectivement elle l’est déjà dans la réalité. Il faut comprendre que les plus belles choses et les plus abouties dans l’univers où je navigue ne sont pas forcément étalées sur internet et les réseaux sociaux et que même un luxe inouï de précautions sont prises pour qu’elles n’y figurent pas. C’est ma façon de romancer ces faits et situations qui me permettent de vous les présenter ici. Je me suis évertuer à appliquer ce vernis romanesque de façon plus ou moins opaque, mais il reste transparent à certains endroits pour ne pas pervertir mon histoire. Il y a donc plusieurs niveaux de lectures et chaque niveau apportera  son lot de plaisir, du moins,  je l’espère !

 

Loreleï n’a pas repris son jeu électronique, comme moi elle scrute maintenant attentivement le chemin qui s’éclaircit devant nous A tâtons elle cherche ma main et quand elle l’a trouve la serre convulsivement. Le franchissement du portail a été comme un signal, elle sait que nous entrons sur des territoires inconnus et peut être redoutables.
A la sortie de la forêt notre berline s’engage lentement sur une large place gravillonnée. Au centre de ce qui me semble être une immense clairière, une imposante bâtisse se dresse devant nous. Toute en pierre de taille beige aux toits d’ardoises bleue. Les fenêtres à meneaux sont richement fleuries, pimpante  elle a l’air accueillante. De nombreuses voitures sont sagement garées de part et d’autre de l’entrée. Je remarque la Ducati de Laure qui ferme la file, la seule moto.
Deux hommes élégamment habillés de costumes sombres, aux visages aimables, s’avancent vers nous et nous désigne un emplacement libre. Marc si enchâsse et nous nous extrayons de la voiture  d’un seul et même élan. Loreleï, qui n’a pas voulu, me lâcher la main est descendue du même côté que moi.
Les deux hommes nous encadrent.
Le plus souriant qui semble nous reconnaître  a une légère révérence de bienvenue
— Bonsoir et bienvenu Maître Marc, Madame Kristale et… Mesdemoiselles ! Je vous prie de bien vouloir déposer vos affaires dans le coffre, … téléphone, appareil photo, et tout autre moyen d’enregistrement
Et se disant ouvre la malle arrière de la voiture. Marc se penche pour y déposer son messager et Kristale s’exécute également en agitant les mains paumes ouvertes, signalant qu’elle n’a que son portable et traduit à Loreleï la demande de l’homme. A contre cœur la jeune fille s’exécute à son tour et dépose son précieux doudou dans le coffre. L’homme me regarde en souriant, son regard est droit et amicale mais je sens l’impératif de sa demande. Bien malgré moi je pique un fard, et comme Kristale, lâchant la main de Loreleï j’agite les mains lui signifiant que je n’ai rien de tout cela sur moi.
Satisfait, l’homme tend la main vers Marc qui y dépose les clés de la voiture.
Une nouvelle courbette et il désigne l’entrée de la maison.
— On vous attend… Bonne soirée !
Nous longeons la file de voiture et gagnons le perron de trois marches qui mène a l’entrée centrale, un portail de fer semblable a celui de la forêt mais vitrée de verre teinté. Juste avant de le franchir je me retourne et aperçois le coupé blanc qui nous suivait s’engager dans la cour.
Les deux hommes en noir s’avancent vers elle.

L’entrée est somptueusement chapeautée par un grand lustre de cristal. Au fond de la salle  une lourde porte de chêne noire, entrouverte, encadré de deux escaliers de pierre qui montent à l’étage d’où diffusent des bruits d’une foule en conversation. Une table est disposée au pied d’un des escaliers. Elle est chargée de verres tulipes retournés et un large seau à champagne où rafraîchissent trois bouteilles. Une femme élégamment vêtue d’un tailleur strict  est penchée sur un registre qu’elle annote consciencieusement. Nous apercevant,  un homme au visage d’oiseau de proie s’avance vers nous, vite rejoins par la femme qui nous lance avec révérence.
— Bonsoir, Nous sommes les Gardiens ! Désolée du désagrément mais nous devons nous assurez que vous n’avez pas, par inadvertance,  omis de nous confier vos portable ou appareils photographiques !
Et sans même attendre de réponse la femme s’agenouille devant Marc et commence e lui palper les chevilles et remonte en frôlant les mollets, les jambes. L’homme fait de même avec Kristale.
Marc m’adresse un clin d’œil de connivence, il n’a pas vraiment l’air de trouver cela désagréable. Il m’avait prévenu qu’il faudrait montrer patte blanche  et que l’on redoublera de précaution pour s’assurer que de cette assemblée il ne restera que des souvenirs.
Une fois avoir fouillé Marc la femme en tailleur regagne la table ou elle rempli deux verres de champagne. L’homme quand à lui s’agenouille en face de moi et entreprend sa fouille, si méticuleuse que je m’interroge sur sa nécessité, ma jupe ne peut guère dissimuler grand chose. Pourtant ses mains froides s’attardent sur mes genoux et mes cuisses soulevant même ma petite jupe dévoilant mon ventre nu. Il s’y attarde un instant puis glisse rapidement sur mes hanches, ma poitrine, délaissant mes bras. Il fait un pas de côté et procède de même avec Loreleï pétrifiée.
Une fois fait il se relève rapidement et s’incline de nouveau vers nous deux.
— Mesdemoiselles, veuillez  me suivre s’il vous plaît !
Et sans vérifier s’il sera obéi se dirige vers la porte de chêne noir.  Je n’ai pas le temps d’expliquer à Loreleï. Je m’empare de la main de la jeune femme et l’oblige ainsi à m’accompagner. Elle a un regard interrogatif vers Kristale qui hoche son assentiment de la tête pour l’encourager.

Je ne peux m’empêcher en franchissant la porte de jeter un dernier regard à Mon Maître. Mais il ne s’occupe visiblement plus de moi. La charmante hôtesse s’avance vers nos Maîtres avec deux tulipes de champagne qu’elle leur présente comme une offrande de bienvenue. En pénétrant dans le couloir sombre et les laissant dans la lumière, je me dis que la soirée a bien débuté.

Une dizaine de mètre plus loin, de ce qui semble être un couloir de service au plafond bas, l’homme au visage d’oiseau de proie ouvre une autre lourde porte cintrée et la tenant ouverte, sans un mot, nous enjoint d’un geste de poursuivre. La main de Loreleï se crispe dans la mienne, je l'entraîne et nous entrons. La porte se referme derrière nous dans un bruit sourd.
 La pièce est petite, une sorte de remise ou de magasin aux murs défraîchis qui sent le renfermé, le contraste avec le luxe de l’entrée est saisissant, elle est chichement éclairée, une ampoule  pend du plafond et diffuse une pâle lumière jaunâtre sur les trois femmes qui si trouvent déjà. Deux d'entre elles  se resserrent dans un coin de la pièce comme pour nous laisser de la place. J’écarquille les yeux pour essayer de deviner leurs visages tournés vers nous. Mon cœur fait un bond et mes pensées se figent. Celle qui s’avance vers nous d’un pas à le sourire aux lèvres, un sourire qui éclaire un visage séraphin au grand yeux clair et aux lèvres pulpeuse irisées de gloss rose pale qui donne à sa bouche l’impression d’être toujours humide, comme l’est, je le sais pour l’avoir goûter, toujours humide la source de cette femme-fontaine . Une source dissimulée par un large sarouel qui lui sert la taille et lui donne l’apparence d’une courtisane de harem. Elle porte un étrange collier de cuir tressé noir qui suspend un médaillon de bronze bombé où luit une fleur stylisée en émail rouge.
— Stéphanie ?
Je n’ai pu m'empêcher de l’interpeller de vive voix, brisant ainsi le silence gêné qui accompagnait notre entrée.
Elle fait un pas vers moi le visage radieux. Je lâche la main de Loreleï et lui saute au cou. Impulsivement, nos bouches se joignent et nos langues échangent sur la joie de se retrouver.
Rassasiées et tout en restant enlacées nos visages  se contemplent un instant et nous nous lançons simultanément
— Tu es… Tu…  là aussi… aussi … c’est super !...Génial !
En même temps je m’interroge.
— Mais raconte moi, … Tu es venue avec qui ?
Stéphanie fronce des sourcilles.
— Ah ! Marc ne t’as pas dis ?
A mon tour je fronce les sourcils d’incompréhension. Elle a l’air gêné. Ce petit air que je lui connais qu’elle prend lorsqu’elle doit avouer une grosse bêtise qu’elle a adorée faire. Elle cherche à détourner la conversation.
— Ah ! Mais bon… Tu verras çà…
Et son regard se détourne sur Loreleï
— Et toi ?… Tu es avec elle ?
Je sens une pointe de jalousie dans sa voix et s’adressant directement a Loreleï avec aigreur
— Mais bon sang ! T’as quel âge toi ?
Et se reportant sur moi.
— Tu crois vraiment qu’elle devrait être ici ?… Avec un collier de soumise ?
Son regard accroche les bracelets de restriction.
— Et vierge en plus ?
Comprenant sa méprise sur la femme-enfant je souris et lui explique
— C’est Loreleï, elle est hollandaise et elle ne te comprend pas. Et ne t’inquiète pas, elle à l’âge pour être ici comme tu dis. Ne te fie pas à son apparence, elle pourrait t’en remontrer ! Et oui, elle m’accompagne, et.. et, c’est ma…
Je tique un peu et est du mal à me faire encore a cette situation.
— Ma … Soumise… Enfin presque !
Interloquée et sans me lâcher les bras Stéphanie me fusille du regard.
— Toi ? … Toi ?…  Maîtresse ?
Sa consternation se transforme en révélation
— Je l’ai toujours su !… Je savais que tu en serais une, un jour !
Je cherche à tempérer son excitation
—Attend ce n’es pas encore fait… Je ne suis pas…
Sans me lâcher et en sautillant sur place, elle me lance espiègle
— Alors tu vas pouvoir être la mienne aussi !
Je n’ai pas le temps de m’interroger sur ce qu’elle vient de dire. La porte par laquelle nous sommes entrées s’ouvre dans un bruit sec et tous les regards se tournent vers la nouvelle venue.
De longs cheveux noirs, brillants, un visage parfaitement maquillé aux pommettes saillantes et au teint mat des filles d’Extrême-Orient. Naturellement  hautaine, elle nous domine d’une demi-tête. C’est la silhouette que j’ai entr'aperçue se présentant au portail de fer. Les mains rassemblées devant son ventre trahissent son incertitude en contradiction avec son port altier. Elle porte un pantalon sous une tunique de satin vert profond, un Áo dài, et un  collier de soumission qui ressemble plus à un bijou d’apparat. Seul un lourd anneau d’acier dont la rudesse contraste avec les quatre rangs de perles noires de Tahiti qui ceinturent son cou nous signale sa condition.  Elle a une petite courbette accompagnée d’un sourire forcé. Une salutation silencieuse qu’elle rompt d’un bredouillement timide.
— Bonsoir, je m’appelle Jade !
Nous n’avons pas le temps de nous présenter, le Gardien qui l’a accompagnée entre dans la pièce, la pousse sur le côté et sans un mot se fraye un passage entre nous s’en allant frapper trois coups puissant sur la porte attenante. Sans attendre, et sans un regard, il rebrousse chemin et referme sur nous la porte qui nous a vues entrer.
 Toutes les six nous sommes maintenant les yeux rivées sur la porte que l’homme a heurtée. Nous devinons que c’est un signal, qu’il vient de prévenir de notre présence. Nous attendons en silence. Un silence que personnes n’ose rompre, à peine échangeons nous quelques coups d'œil furtifs, nous interrogeant mutuellement du regard.

On déverrouille la porte. Elle s’ouvre rapidement et une voix rauque et puissante, autoritaire retentit.
— Allez mes agneaux… Venez là et que çà saute !
Le ton est si impératif que sans se concerter nous nous précipitons vers le passage qui vient de s’ouvrir. Une à une, nous pénétrons dans une sorte de cave voutée, spacieuse par rapport au réduit où nous étions confinées, éclairée par des flambeaux électriques qui lui donne un air de cachot. Une impression renforcée par les chevalets et râtelier de bois noir aux formes étranges qui garnissent une partie de la pièce. J’y reconnais un pilori, une sorte de cheval d’arçon, du plafond pendent des chaines terminées par de lourdes menottes de fer la salle est garnie de toute une panoplie d’instruments de contrainte et de pénitence. Je frissonne lorsque je découvre  sur le mur opposé prés d’une autre porte, une femme. Elle est crucifiée, nue, sur une croix de St-André en bois épais. Elle a les yeux bandés de noir, la tête penchée, appuyée sur son bras gauche, résignée, elle semble dormir. Je ne peux m’empêcher d’y voir la croix que porte mon Maître à son revers. Je détourne les yeux, mais j’ai bien vu que la suppliciée avait attirée le regard de mes compagnes.
Au milieu de la salle deux hommes, le plus âgé est fermement campé sur ses deux pieds nous toise du regard. Rustique, mal rasé l’air revêche, le visage luisant de sueur,  il est en parfait accord avec les lieux. Torse nu à la pilosité noire et fournie, les bras croisés sur un ventre proéminent qui se soulève au rythme de sa respiration. Il est simplement vêtu d’un pantalon de cuir épais et cireux, un pantalon de ferronnier, patiné par l’usage, crasseux. A sa ceinture pend un fouet parfaitement lové. Ses petits yeux profondément enfoncés dans ses orbites et protégés par des sourcil épais brillent d’un feu inquiétant à la lueur des flambeaux. Sa main droite tient une fine cravache de cuir qu’il fait battre en rythme contre sa hanche. Une parfaite caricature d’un bourreau du moyen-âge.
Un pas derrière lui un jeune homme au teint blanc, le visage étroit des crins blonds pour cheveux, presque frêle à coté de celui que je devine être son mentor. Il nous détaille une à une de la tête aux pieds avec un sourire sournois de convoitise. Lui aussi est a habillé de cuir, mais sa tenu est plus soigné.
— Alignez-vous, là … Contre ce mur!
Et il désigne le mur qui lui fait face de sa badine.
Sagement nous nous exécutons, Stéphanie garde ma droite, Loreleï suit le mouvement et se colle à moi comme un petit animal craintif qui cherche protection à ma gauche.
Une fois sagement alignées, son acolyte se précipite et dépose à nos pieds des cartons vides
La voix du bourreau tonne, impérative
— Mettez vous à poil !... Et vos frusques dans ces cartons… Vos bijoux aussi, Vous gardez seulement vos colliers !
Et désignant de sa badine le bracelet de Loreleï
— Tu gardes çà aussi, toi !
 Un flottement. Nous nous regardons les unes les autres, personne n’ose commencer son effeuillage devant ces individus qui nous scrutent en  arborant un sourire goguenard. Devant notre réticence à nous exhiber, les sourcils de notre tourmenteur se froncent soudain et sa voix gronde en désignant la forme crucifiée au fond de la salle.
— Cette Demoiselle a joué les timides, elle ne voulait pas qu’on la voit à poil !
Un rire gras
— Total ! Je lui ai rappelé ce qu’elle était et pourquoi elle était ici !
Il pointe alors un autre coin de la salle de sa badine. Avec un bel accord nous nous tournons toutes vers l’endroit qu’il désigne. Une autre croix de St-Andrée fait face à la suppliciée.
—Et il y a encore de la place !
Stéphanie est la première à commencer de se déshabiller, immédiatement suivi par nous toutes. Loreleï sans comprendre suit le mouvement la dernière et  avec un temps d’hésitation.
 Je dépose le peu que je porte dans le carton qui me fait face par-dessus mes escarpins et suis avec Stéphanie la première à me redresser. Une fois nue, spontanément,  je prends la position de soumission. Les mains dans le dos les jambes légèrement écartées la tête à demi baissée mais, par en dessous, je ne quitte pas l’homme du regard comme on doit le faire lorsque l’on doute du rang de la personne qui nous fait face.
Il hoche la tête de satisfaction. Et commence à défiler devant nous comme le ferais un général passant ses troupes en revue.
— Nous avons là une belle brochette de petits culs… Des nouvelles aussi à ce que je vois !... Et même une pucelle !  Du jamais vu ici çà !
Il s’arrête devant Loreleï qui n’a pas pris la posture adéquate. Avec une vivacité qu’on n’attend pas du corpulent personnage, il se saisit de son poignet et le porte à ses yeux contemplant les bracelet rouge et blanc.
— Alors ?... C’est ce soir que tu vas te faire décapsuler ?
Sa grossièreté laisse de marbre Loreleï. Et pour cause.
J’interviens alors,  je toussote et passant outre les consignes de silence
— Désolée Mai.. Monsieur… Elle ne vous comprend pas, elle ne parle pas le français… Ni… Ni l’anglais d’ailleurs...
Son visage se tourne vers moi sans lâcher la main de Loreleï, et me fusille du regard.
— Tu es sa copine, la rouquine ?
— Je… On se connait oui… On est les soumises de Madame Kristale et de Maître Marc.
Il me détaille lentement de la tête aux pieds puis lâche la main de la jeune femme pour se camper devant moi.
— Ainsi, c’est toi Isabelle ?
Toutes les autres filles se tournent vers moi et je deviens le centre de toutes les attentions. Ce qui ne me rassure pas.
— Oui, Monsieur !
Il tend la main épaisse vers ma poitrine comme pour s’emparer d’un de mes tétons déjà tendu par la fraicheur de la cave, mais, à le frôler, il semble se raviser et ses doigts se regroupent sur son pouce et le caressent comme pour estimer la qualité d’une étoffe invisible. Il se contente de lancer, laconique.
— Humm ! Joli petit lot !
Il se détourne brusquement et se met à déambuler dans la salle en parlant au sol.
Pendant que son acolyte nous détaille, rouge d’excitation et de convoitise. Son regard sur nos corps nus est aussi insistant qu’une caresse imposée.
— Bien… Alors pour les nouvelles, je me présente ! Je suis Maître Caïn, Pour les anciennes vous me reconnaissez ! J’ai organisé la dernière assemblée et donc en tant que maître de cérémonie j’ai du respecter une certaine règle, disons… de chasteté, pendant mon assemblée, parce que les organisateur sont exclusivement occuper à ce qu’elle se déroule parfaitement… Ce qui a été le cas !
Il relève la tête et cette fois se met à parler au plafond.
— Cette contrainte fait que, pour cette assemblée dirigée par Monsieur Xavier, j’ai eu le choix de ma fonction… Privilège accordé pour rattraper le manque et la frustration de ma dernière assemblée. Vous avez déjà croisé les Gardiens… Moi, j’ai choisi celui de maître des basses-œuvres… Autrement dit c’est à moi que vous aurez affaire pour tout manquement à la règle ou suivant la fantaisie de vos maitres ou maitresses respectives si ils le désirent, vous soumettre à la punition... Je m’occupe aussi de la Chambre des Echos et du Parloir…
Quand vous évoluerez là-haut dans les étages, vous serez certainement les reines dans cette lumière. Mais ici, dans cette salle et dans tout le sous-sol, chez moi, vous ne serez que des ombres. Et celui qui règne sur les ombres… C’est moi !
Il semble satisfait de son petit discours son regard revient sur nous. Il s’humecte bruyamment les lèvres et continu.
— Autrement dis, vous me devez le même respect qu’à vos maitres et même plus…Compris ?
Il attend visiblement une réponse. En cœur, mais sur des tons désaccordés, nous ânonnons sans enthousiasme
— Oui, Monsieur … aître !
Il semble un peu dépité par notre passivité, mais n’en fait pas la remarque.
Il passe une main sur sa bedaine, en gratte une puce que j’espère imaginaire et reprend en toisant Stéphanie tout en  désignant son étrange collier de sa badine
—Et en particulier toi, l’aspirante Kajira ! Puisque c’est moi qui doit procéder à ton marquage. Tu te mettras à mon service. Dés la fin des présentations là-haut tu viendras me retrouver ici pour ta certification !
Du coin de l’œil je vois Stéphanie baisser la tête et commence à comprendre maintenant les allusions de Laure quand à son parcours en soumission.
Abandonnant son ton martial Caïn continu.
— Bien ! … Je vous fais quand même un topo des lieux ! Cette maison accueille cette année l’assemblée. Elle a été préparée pour cela depuis trois mois par Monsieur Xavier, le maitre de cérémonie. Vous avez accès libre à toute la maison sauf au sous-sol, qui m’est réservé et sauf si on vous y êtes amenées par moi, mon apprenti…
Il désigne nonchalamment  le jeune homme aux cheveux de crin de sa badine.
—… ou par les Gardiens qui sont un peu notre service d’ordre. Le parc qui ceinture la villa est le domaine des Maraudeurs, ils ne pénétreront pas dans la maison qui leur est interdite, mais je vous déconseille de vouloir aller prendre l’air dans les jardins…
Il a un petit clin d’œil vers ma droite en direction des deux femmes premières arrivées. Nous nous penchons toutes pour les regardez. L’une ferme les yeux et l’autre rougit violement en nous regardant à la dérobée.
— …Certaines ont déjà eu affaire à eux ! Elles en gardent un souvenir… Épique !…
Je serre les lèvres pour ne pas acquiescer, mon expérience avec les Maraudeurs étant des plus brulantes.
— Bien, je crois que j’ai fait le…
Trois coups violents sont frappés à la porte du cellier. Caïn fronce les sourcils et marmonne.
— Déjà !
Et à voix haute
— La prochaine fournée est là !... On va vous donner votre tenu et vous aller gagner les étages rejoindre vos maîtres… Mais avant vous allez saluer Mademoiselle Timide comme il se doit… Tom va y veiller !

Chap. 66. Le Bal des Débutantes.

 

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Commentaires
M
très chère Isabelle, je pense que vous nous lisez, alors merci de nous dire brièvement à quoi est due cette interruption narratrice ?<br /> <br /> le petit cahier perdue aurait il eu raison de votre volonté de nous écrire, un changement dans votre vie, un passage à la vanille ?<br /> <br /> Bref tout cela serait fort sympathique, n'est il pas ?
Répondre
D
A la lecture des commentaires, je constate que le milieu BDSM n'a pas changé sur un point depuis ces 15 ans ou je l'ai quitté : il y a, parmi ses disciples, toujours autant de masturbation .... Intellectuelle ! :D <br /> <br /> <br /> <br /> Isabelle, a quand la suite ? Bise
Répondre
M
mon petit doigt me dit que quelque part les dernières tergiversations des commentaires, mr Gortell, on soit refroidi notre narratrice, soit fait sorti de son calme le grand manitou du cercle..<br /> <br /> Bref, y'a comme un vent de KGB sur l'histoire...<br /> <br /> J’espère que seule la canicule aura "refroidi" notre oie blanche (depuis le temps....)
Répondre
S
Force est de constater la puissance de la police de morale et les commentaires assortis qui vont parfois avec. C'est à la fois devenu banal et navrant. Si on n'aime pas, on peut passer son chemin, simplement.<br /> <br /> Certes, parfois je trouve aussi la fibre romanesque un peu trop comme ceci ou comme cela, mais qu'importe. <br /> <br /> Le BDSM, c'est avant tout une histoire de gré à gré entre des êtres qui s'aiment et se respectent en suivant leurs propres règles, voulues, consenties. Rien de général n'existe, les règles sont uniques et acceptées mutuellement. Ceux qui pensent que ça marche comme une secte se trompent ne serait ce que parce qu'il y a pas mal de distance, et souvent d'humour, dans les échanges entre un Dom et sa soum, qui peuvent se délier du jour au lendemain, sur la simple volonté d'un des deux.<br /> <br /> Certains.es pensent que le statut de soumis.e a quelque chose de scandaleux au regard de la morale. Ah, oui ? les soumis.es seraient donc des petites choses écervelées, incapables de discernement ? Dans l'immense majorité des cas, les soumises savent parfaitement gérer la relation qui les lie à leur Dom. (c'est moins vrai, il me semble pour les soumis, souvent plus soumis....à eux même qu'à leur Maîtresse, comme me l'a dit un jour une Maîtresse assez psychologue). Je pense d'ailleurs que dans un couple BDSM, celle des deux qui pilote réellement la relation n'est pas toujours celui à qui l'on pense en premier. Peu importe.<br /> <br /> Il est vrai que dans ce milieu il y a de véritables givré.es, des pervers.es, des faux nez, des amateurs.trices de "chère fraîche", des manipulateurs.trices. Mais franchement, plus que dans le monde vanille ? Celles et ceux là sont vite repérés et mis de côté.<br /> <br /> On y croise aussi des gens passionnés et sincères, de doux dingues peut être, résidents de palais imaginaires, mais touchants et finalement bienveillants, d'authentiques vivants, bon vivants même, que les klakoku font sourire ou parfois franchement rire car c'est mauvais signe que de se prendre trop au sérieux dans une vie de roman.<br /> <br /> Si vous le permettez, je vous donnerais bien un ordre : continuez à écrire ;)
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H
Moaahh ! sa c'est du compliment !!!!
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