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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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25 juin 2020

Chap. 69. La Terreur de Loreleï

Kristale se tient en appui à un grand sofa parfaitement circulaire en accord avec la pièce et qui marque le centre de ce carrefour d’une demi-douzaine de couloirs.
À ses côtés, de part et d’autre, je reconnais la formidable guerrière noire et la jolie métisse aux yeux verts pailletés d’or présentées au cocktail de bienvenue. Elles portent toutes les deux le même collier de fer brut mais cette fois la plus jeune s’est départie de sa tunique de soumission et est entièrement nue, les mains dans le dos.
Un peu en retrait se tient un jeune homme en complet gris, le teint halé des gens qui passe leur vie en pleine air, sportif, un « golden boy » plutôt bel homme, les cheveux coupés en une brosse blonde à l’allure soignée. Il baisse la tête et se tient également les mains dans le dos. Je remarque un élégant collier de cuir noir qui soutient un anneau à demi dissimulé sous le col blanc de sa chemise. Il observe avec attention mais  par en dessous, comme à contrecœur, le sofa central.
Le sofa lui, est occupé par Issa, le colosse d’ébène. Il a quitté son costume et est entièrement nu. Sa musculature puissante luit comme du jais poli. Il ne nous porte pas attention, trop occupé à honorer la bouche distendue de celle que je reconnais comme Jade, la hautaine asiatique qui nous accompagnait dans la cave de présentation.
Elle a perdu toute sa superbe et son arrogance ! Ses grands yeux d’onyx mouillé sont exorbités par l’effort et l’effroi de devoir accueillir entre ses lèvres le bélier aux dimensions hors-nature du géant noir. Issa ne se soucis pas des plaintes étouffées de la belle et tente de lui faire emboucher plus profondément encore l’imposant bélier en la saisissant par les oreilles à deux mains pour l’empêcher de refuser l’envahissante introduction, tout en lui assenant de petits coups de rein empressés. La réaction de la délicate asiate est immédiate, elle rue de tout son corps en cherchant à se dégager de l’empalement buccale tandis qu’un mugissement d’angoisse  et de protestation sort de sa poitrine. Peine perdue, l’emprise du géant est bien trop forte ! Peine perdue également pour lui de s’introduire plus avant, il est manifeste que le gosier de la belle est bien trop étroit pour aller plus avant et satisfaire le désir du géant de lui faire emboucher entièrement un invité aussi imposant. En témoignent ses joues gonflées par le comblement  outrancier de sa bouche par la monstrueuse tête du pal. De dépit l’africain lui lâche la tête et se retire dans un visqueux bruit de succion d’entre les lèvres de Jade,  laissant apparaitre  à mes yeux ébahis un gland poli aussi gros et luisant qu’un cœur d’agneau.
Machinalement je tourne ma langue dans la bouche pour en estimer les capacités. Que la jeune femme ait pu emboucher ne serait ce qu’une partie d un morceau aussi gros me laisse dubitative.
En se retirant il pivote vers nous, déniant enfin remarquer notre présence. Un large sourire de contentement marque sa satisfaction en apercevant Loreleï.
— Haha ! Voici la vierge qui va se faire déflorer par le mâle le mieux monté de la soirée !
Et, bravache, de se cambrer pour faire pointer le pal luisant de salive vers la jeune fille.
Délaissant la belle asiate qui reprends son souffle à grandes goulées d’air  et essuie ses larmes d’effort, il se redresse et s’approche de Loreleï le sexe tendu vers elle.
— Mesure ton bonheur ma petite, prends le dans tes mains !
Immédiatement Kristale traduit à la jeune batave la proposition outrancière de l’africain, sur un ton martial.
Comme pour me demander mon approbation Loreleï me lance un regard furtif, ses yeux sont brillants, fixes. Elle semble ailleurs ! Je connais cet état ! C’est celui dans lequel je me réfugie lorsque je suis poussée dans les retranchements de ma pudeur, échappant ainsi à la lutte entre le désir et la peur de ses conséquences. Mais c’est la première fois que je la constate chez la jeune fille et me demande si la dragée blanche que je l’ai forcé à ingurgiter n’est pas pour quelque chose à sa vacuité.
Loreleï tend timidement la main droite pour s’emparer par la hampe du pieu dressé vers elle. Celle-ci est si épaisse qu’elle ne peut en faire le tour entre le pouce et l’index. Sa bouche s’entrouvre et ses yeux s’écarquillent de stupéfaction en constatant le gabarit de celui qui se veut être son futur hôte.
Kristale continue à lui parler dans sa langue et sa stupéfaction se transforme en panique. Sans lâcher le vif boutoir elle cherche de nouveau refuge dans mes yeux.
— Je viens de lui dire que c’est avec çà qu’elle va se faire dépuceler !
Ricane Kristale.
A la frayeur de Lorelei réponds le rire gras du géant noir.
— Embrasse le donc, petite !
Kristale traduit encore une fois.
En état second Loreleï se penche et accole ses lèvres au globe de chair frémissante.
— Ne soit donc pas timide !
Kristale demande à sa protégée d’y mettre plus d’ardeur et de conviction.
La jeune fille s’exécute immédiatement et tente d’emboucher le pal mais, bien qu’ouvrant grand la bouche elle n’y parvient pas. Renonçant à son entreprise mais pour faire bonne mesure sa petite langue rose se met à arpenter en lèches langoureuses le gland qui, maintenant violacé d’excitation me semble sous la caresse avoir encore doublé de volume.
Le géant sourit d’aise et se tourne vers Kristale.
— Et bien ! Elle va déguster dis donc, quand je vais te la dépuceler !
Loreleï continue à s’activer avec de plus en plus d’empressement.
— On va lui montrer ! Hein Jade ?
Jade trône au milieu du sofa comme une magnifique sculpture de bronze. Elle a porté des mains dans le dos et écarté largement ses cuisses en une parfaite posture de soumission. Son visage et redevenue aussi impassible que celui d’un bouddha, mais la pointe de ses seins sombres aux aréoles presque noires de sa poitrine menue mais bien formée, pointent outrancièrement, trahissent son excitation. Son collier de perles noires s'accorde parfaitement avec ses long cheveux noirs qui cascadent sur ses épaules jusqu’aux reins.
— Il faut qu’elle voit bien ! Allonge-toi sur le dos !
L’homme en complet gris s’avance d’un pas, le visage stupéfait, il ouvre la bouche comme pour protester mais semble se raviser.
Servilement,  Jade quitte sa position pour se déployer au beau milieu du sofa, écartant les jambes et les bras, crucifiée, en attente de son supplice.  Sans prévenir Loreleï, Issa s’arrache de son étreinte et s’agenouille au pied du sofa saisissant la frêle asiate par la taille et la faisant glisser ainsi contre lui en lui écartant les jambes pour la mettre à sa hauteur.
— Dia !Ayana ! Tenez là !
La déesse noire et la jolie métisse aux yeux verts se penchent immédiatement sur Jade et lui emprisonne les poignets l’écartelant un peu plus. Dans le même temps Issa tend la main vers Loreleï et lui ceinture la taille tout en lui caressant la hanche et la forçant à s’approcher un peu plus
— Viens prés de moi toi et regarde bien !
S’adressant à l’homme au complet gris !
— Toi aussi regarde bien ce que je vais faire à ta femme !
Je lance un œil à l’homme ainsi interpellé et comprends maintenant l’étrangeté du couple qu’il forme avec Jade. Un couple de soumis ! Comme l’était le couple de Stéphanie et Nicolas lors de notre première rencontre (Cf. La postulante. Une Saison d’Airain). Et je devine maintenant qu’il va tirer un plaisir trouble à voir sa compagne ainsi humiliée sous ses yeux.
Je me déplace subrepticement pour me retrouver à la gauche du groupe et ne rien perdre du spectacle qui est proposé à Loreleï.

Posé délicatement sur le ventre de jade, le bélier de chair s’étale jusqu'à son nombril me donnant toute la mesure de ce qu’elle va devoir accueillir en elle. Issa se recule pour préparer l’assaut découvrant à mes yeux incrédules l’étroitesse de la porte qu’il veut forcer. Une délicate figue imberbe surmontée d’un fin triangle de toison d’astrakan  parfaitement taillé qui prolonge la fine fente de sa vulve. Celle-ci  elle est si serrée qu’on y devine à peine le délicat ourlet de ses petites lèvres. C’est un bijou d’une grande délicatesse que s’apprête à fendre le bélier aux dimensions hors-norme. L’entreprise me semble impossible ou bien au prix d’un tourment que Jade me semble pourtant disposée à accepter.
A mon corps défendant, une chaleur sourde se glisse entre mes jambes et papillonne jusqu'à mes reins. Bien qu’horrifiée par ce qui se prépare, par une sourde empathie mon corps se prépare au même assaut. Peut-être même le désire-t-il. Je déglutis péniblement et cache mon trouble en lançant un regard circulaire, mais personne ne me prête attention, tous sont captivés par la promesse d’issa. Même le jeune homme soumis en complet gris dont le visage est maintenant rouge de confusion.
Issa lui-même savoure l’instant, il masse de son gland  la délicate entrée en en jaugeant les possibilités  comme un voleur s’apprêtant à commettre une effraction. Jugeant qu’il est nécessaire d’entrouvrir le passage et lâchant Loreleï, de ses deux pouces il écarte sans ménagement la fente découvrant un clitoris gonflé ornant comme un pistil l’entrée du cœur d’une orchidée qui se découvre nacrée de rose et juteuse à souhait trahissant ainsi qu’elle attend son pourfendeur et se prépare à son rude assaut.
Maintenant entrouvertes les lèvres roses, Issa appui son gland contre la fine porte. Lentement, il exerce une pression de plus en plus forte. Les lèvres se déforment et s’écartent sous la contrainte. Jade a compris le début de l’effraction et gémit sourdement accompagnant une plainte langoureuse venu de la chambre des échos. La pression s’accentue et les lèvres refluent un temps, comme pour résister, puis soudain s’écartent docilement, se distendent en bordant le bélier de marbre violacé d’un délicat liseré qui l’épouse parfaitement. Il n’est introduit qu’au tiers et pourtant Jade halète farouchement et tente de redresser son visage vers le pal qui s’enfonce en elle pour en jauger la progression. Elle constate l’outrance de l’entreprise, et de dépit  retombe en arrière les yeux révulsés.

Mon ventre s’amollie de plus en plus. Mon périnée grésille d’électricité et des doigts invisibles viennent fouiller mon vagin. Je me mords les lèvres. Je regarde Loreleï de biais. Elle est hypnotisée par la scène. Ses deux mains ramenées devant son ventre agitées par le mouvement lent de ses doigts cachent à peine qu’elle se caresse subrepticement, mais les mamelons de ses seins roses érigées outrancièrement la trahissent. Elle aussi est excitée ! Et malgré la terreur que peut lui inspirer le pal monstrueux  je la soupçonne aussi de rêver être à la place de Jade. Kristale s’est approchée de l’amant de Jade et l’enlace fraternellement par l’épaule comme pour le consoler, mais son sourire accuse le plaisir malsain qu’elle prend à jouer la consolatrice machiavélique. Elle lui murmure quelque chose à l’oreille et l’homme pâlit, baisse la tête en se pinçant les lèvres. Kristale le saisit alors par la mâchoire et le force à contempler la scène de l’humiliation de sa bien-aimée.

Le géant noir décide de mettre un terme à la résistance de l’étroit passage. Maintenant à demi engagé et ne risquant plus de refus devant l’obstacle il se saisis  des cuisses de la jeune femme et d’un vigoureux coup de rein s’enfonce un peu plus faisant disparaitre à mes yeux l’énorme globe poli, comme gobé par le ventre de Jade.
Jade se cambre et hurle, toujours maintenue crucifiée par Dia et Ayana. 
Difficile de savoir si il s’agit d’un cri de souffrance ou de jouissance d’être ainsi forcée de façon innommable par un pal d’une dimension qu’elle n’est visiblement pas conçue à recevoir. Apres un ou deux coups de boutoir ponctués par les râles de la jeune femme, Issa jubile.
— Allez ma belle ! J’en suis à la moitié …
Une nouvelle fois, comme pour s’assurer des dires de son assaillant, Jade tente de se redresser pour constater de visu qu’entre ses cuisses elle est parfaitement emmanchée et que le pal de son tourment ne la comble que sur la moitié de sa longueur. Elle retombe vaincue et résignée le visage grimaçant. Issa profite de son abandon pour s’enfoncer un peu plus. Cette fois Jade se contente d’accuser la progression en étouffant une plainte qui couvre à peine celles qui sortent de la sono et lui font échos depuis le début de l’outrage.

Toute à ma contemplation, je sursaute lorsque deux mains se posent sur mes épaules. Je ne me retourne pas. Un visage se colle à mon oreille et m’interpelle à voix basse.
— Ça t’excite ?
C’est la voix de mon Maître, Marc est revenu !
Je me détends et sans me retourner lui confirme mon état à voix tout aussi basse.
— Oui, Monsieur !
Mutine, je cambre les reins et me colle contre lui. La proéminence qui se heurte au bas de mon dos me témoigne que je ne suis pas la seule. Ce que me confirme également un rapide regard circulaire. Lorelei, les yeux exorbités, est rouge d’excitation. Comme si elle agissait contre son gré sans pouvoir s’en empêcher sa main gauche ne cache qu'avec peine le mouvement de ses doigts sur son bas ventre qui s’est accéléré jusqu'à devenir paroxystique. Perdue dans son monde, renonçant à toute pudeur, je m’attends à ce qu’un orgasme la foudroie debout.
Le visage de Marc s’approche de nouveau de mon oreille.
— Viens !... J’ai beaucoup mieux pour toi !
Il se décolle de moi et me saisit la main, choses qu’il fait rarement, pour m’entrainer à sa suite.
Je hurle en silence comme pour ne pas déranger le couple qui s’active et son auditoire.
— Et Loreleï ?
Mon Maître marque un temps d’arrêt puis hoche la tête en un signe d’assentiment.
Sans lâcher la main de Marc je m’étire et saisis le poignet de la jeune fille interrompant ainsi sa plaisante entreprise. Elle sursaute et, sortie aussi brusquement de son rêve, elle me lance un regard furibond. Apercevant Marc derrière moi elle se calme aussitôt.
Un dernier cri de jade ponctué d’une éructation de victoire du géant noir accompagne notre sortie de la pièce.

Chap. 70. Black Mirror.

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31 mai 2020

Chap. 68. La Chambre des Échos.

Je porte mon verre aux lèvres en goûtant le singulier nectar tout en observant les contorsions jugulées de  l’hôtesse. Attiré par ses gémissements et intrigué par mes manipulations un petit groupe s’approche de la fontaine des délices et tout en commentant à haute voix ponctuée de rire chacun appuie à tour de rôle sur le buzzer faisant couler à flot le champagne sur le corps qui n’en finit plus de se tordre voluptueusement au rythme des demandes.
Je fais un pas en arrière pour laisser libre l’accès à l’obscène distributeur à d’autres groupes qui déjà se massent autour de l’attraction en me bousculant. Les rires entendus redoublent à chaque grésillement électrique couvrant les gémissements des deux hôtesses qui sont maintenant sollicitées au-delà de leurs désirs.
Un autre pas en arrière et je me heurte à Loreleï. J’accroche son regard bleu de lapis qui contraste violemment avec le pourpre de ses joues. Je m’étonne de son trouble, de la timidité ? L’embarras est évident certes ! Ou bien serait ce plutôt de l’excitation ? Je lui souris, lui prend la main qu’elle collait devant sont ventre nu en un geste instinctif de pudeur et je l'entraîne à la suite de Marc qui gagne d’un pas nonchalant l’autre bout du buffet, plus calme.

Marc avait raison lorsqu’il parlait d’une sorte de kermesse à propos de cette soirée. Et je ne peux m’empêcher de penser que ce n’est que le début, que je viens d’essayer le premier stand. Je reporte mon attention sur la table du buffet. Toutes sortes de victuailles y sont laissées au libre choix des convives. Mes doigts butinent sur les canapés de saumon et autres verrines de caviar pailleté d’or sur leur lit de glaces et plateaux d’argent, mais je n’ai pas très faim. Mes mains survolent les mets plus raffiné les un que les autres et s’arrêtent sur les coupes de porcelaines proposées par les hôtesses au cocktail d’accueil. Ce sont de véritables petites œuvres d’art , de petits cratères richement décorés de hauts reliefs de dragons pour celles qui gardent des pilules bleues et de nymphes d’albâtre lascives qui se caressent intimement pour celles qui accueillent des pilules blanches. Curieuse, je tends la main vers celle qui me semble destinée, Marc me saisie le poignet et a un petit claquement de langue.
— Ce ne sont pas des bonbons tu sais et…Tu n’auras pas besoin de çà !
Il me désigne Loreleï d’un coup de menton.
— Pour ta Loreleï si tu veux !
Il a un sourire de connivence.
— Ça la détendra et la rendra plus… Réceptive !
C’est vrai que Loreleï me semble de plus en plus crispée ! Surtout depuis qu’elle est nue et est devenue le point d’attraction des regards concupiscents de tous les hommes qui passent prés de nous. Je le serai a moins, si au début de ma soumission, j'avais été mise dans cette situation.
Je me saisis de l’occasion pour accomplir mon premier geste d’autorité sur celle qui sera bientôt ma soumise. Je pioche une dragée blanche et la présente devant les lèvres de la jeune fille. Apeurée mais sans oser bouger la tête elle lance un regard interrogateur à Marc comme si elle cherchait son consentement. Je n’attends pas sa réponse et de mon pouce gauche, que je pose sur sa lèvre inférieure, je lui intime d’ouvrir la bouche. Passivement elle s’exécute et, comprenant mon intention, sort même un petit bout de langue rose sur laquelle je dépose l’amande nacrée. Pour lui faciliter la déglutition de la dragée,  je lui propose mon verre de champagne épicé de la liqueur de l’hôtesse. Elle a un premier geste de recul vite jugulé et s’empare du verre qu’elle vide d’un trait en fermant les yeux. Son visage se détourne en fixant le sol obstinément comme une gamine prise en faute, comme si elle venait d’accomplir un acte défendu.
Je lui prends le verre de sa main et le repose sur la table, Marc me tend le sien encore à moitié plein. Je m’en empare poliment, sachant que je ne le boirais pas.

Autour de nous la salle du banquet se vide peu à peu. Par groupe ou en couple les convives s’éclipsent gagnant les portes du niveau et escaliers qui montent aux étages. Le silence se fait et laisse place à une musique de fond, du piano, je reconnais le Clair de Lune de Debussy, qui remplit discrètement l’espace. Marc s’attarde un peu autour du buffet, grignotant de-ci de-là, nonchalamment, puis finit par me lancer sans nous regarder.
— On va faire le tour du propriétaire ?
Et sans attendre de réponse il se dirige vers un imposant escalier de bois ciré qui flanque le mur le plus éloigné. Je pose le verre précipitamment et m’empare de la main de Loreleï l'entraînant à la suite de notre Maître, soulagée qu’il prenne l’initiative de la visite. En passant j’ai un dernier regard pour le distributeur dont les deux hôtesses sont totalement alanguies, épuisées d’avoir été trop sollicitées, sonnées de plaisir.

Franchit le seuil de l’étage, il ne nous faut pas aller très loin pour rencontrer à l’entrée d’un couloir une autre manifestation des intentions de la soirée.  Loreleï se fige devant une porte entrouverte comme un chien à l’arrêt qui vient de fixer un gibier.  Je fais un pas en arrière pour récupérer sa main que j’ai lâchée, surprise par son arrêt brusque. Je m’enquière des raisons de sa pétrification et jette un œil par la porte.
Au beau milieu de la pièce, qui semble avoir été aménagée pour cet unique usage, une femme nue est fermement enchâssée dans un  pilori de chêne noir patiné par l’usage.  Le carcan qui emprisonne sa tête et ses poignets prolonge, comme le ferai une tête de lit, un divan de cuir sur lequel elle est a genou, cambrée, présentant sa croupe au tout venant. Deux sortes d’antennes flexibles fixées sur le montant du carcan se courbent vers le visage de la prisonnières.
Une autre femme, entièrement vêtue de cuir noir et aux cheveux mauve à la coupe stricte et que j’identifie immédiatement comme une Maîtresse, est penchée amicalement sur son visage et lui caresse ses cheveux blonds cendrés  en lui murmurant à l’oreille des mots d’encouragement tandis qu’un homme, une main posé sur sa croupe et un verre dans l’autre, pénètre puissamment la pénitente, lui imposant un assaut lent mais vigoureux.
Autour  du trio en action, une autre femme nue également, une jolie petite poupée adorablement potelée au teint de porcelaine et aux cheveux bruns et soyeux, un mince collier de soumission noir, est maintenue,  les bras dans le dos, par deux hommes en costumes, observent la scène.
N’y tenant plus, l’un d’eux tombe la veste, s’approche du couple en action et commence à déboucler sa ceinture pour entrouvrir son pantalon. Il est facile de deviner qu’il sera le prochain à honorer la captive.
Le ton de la femme de cuir est des plus doux et pourtant les obscénités qu’elle profère maintenant à haute voix pour en faire profiter la cantonade créent un contraste des plus étranges.
— Elle aime bien çà ma petite salope !… N’est pas que tu aimes ? Tu aimes te faire enfiler comme la dernière des chiennes…Et  ce n’est que le début. Tout le monde va profiter de ton accueil ce soir…
Ce disant elle sourit aux deux hommes qui les contemplent, les prenant à témoins et continue.
— Tu aimes ? Dis-moi que tu aimes !
La captive se voit contrainte de relever la tête. Elle est rouge de honte, ou de plaisir, et balbutie en reniflant.
— Oui, Madame… Oui, j’aime çà !
Un coup de boutoir  plus appuyé que les autres lui fait glapir la fin de sa phrase. Et pour parfaire son humiliation sa maîtresse lui lance.
— Et te faire défoncer le cul tu aimerais ?
La soumise s’étrangle en baissant la tête.
—Oh, non !
Puis elle se ravise, devinant qu’elle n’est pas en position de refuser quoique ce soit à sa tourmenteuse
— Oui madame ! Mais… Doucement s’il vous plaît, Madame !
Madame s’esclaffe gentiment et lui flattant le coté du visage du dos de la main.
— Allons, allons,…Tu va aimer !
Et s’adressant au cavalier de sa soumise sur un ton impérieux.
— Tu y vas ? Je veux l’entendre gueuler de plaisir !
La femme de cuir se lève alors et se dirige vers une sorte de pupitre, une table de mixage digne d’un studio professionnel.
Je me tourne vers Loreleï qui semble comme hypnotisée par la scène. Je lui prends la main et il faut presque que je me fasse violence pour l’arracher à sa contemplation  et la tirer à ma suite vers le coude du couloir où a disparu Marc. Loreleï me suit comme à regret.

Tirant Loreleï derrière moi, je tente de rattraper Marc. Mais le couloir est désert. J’avise une porte entrouverte tout au fond du corridor. Je m’y dirige en pressant le pas. La musique d’ambiance est soudain couverte par un cri strident. Instinctivement, je me retourne vers la pièce que nous venons de passer, cherchant à deviner d’où vient la plainte effarouchée, lorsque je comprends que c’est la sono même qui en est la source. La complainte qui couvre la musique  est diffusée dans tout le bâtiment. Et je devine qu’ainsi ce sont tous les invités qui sont maintenant les témoins auditifs de l’assaut subit par la suppliciée que nous venons de quitter. Et il semble bien à l’écoute de la plainte déchirante que l’homme vient d’engager la promesse de la maîtresse.
La main de Loreleï se serre un peu plus fort dans la mienne. Je presse le pas et, arrivée au fond du couloir, je me précipite sur la porte entrebâillée  et l’ouvre en grand. Nous débouchons dans une autre salle en rotonde bardée de portes identiques.
Nous surgissons de l’une d’elle.
— Tiens ! Nous avons la visite de nos deux gourdes !

Chap. 69. La Terreur de Loreleï

 

 

23 avril 2020

Chap. 67. La Fontaine des Délices.

D’un regard circulaire je décompte les silhouettes nues qui viennent de se départir de leurs nuisettes. Toutes les soumise ne se déshabillent pas. Je reviens à Marc et l’interroge du regard attendant qu’il exige de moi de me mettre à nu également. Mais il a un petit non de la tête et s’approche de moi. Il me saisit par l’épaule, m’éloigne du groupe et de Loreleï statufiée. Tout en m’amenant, il se penche à mon oreille et murmure juste ce qu’il faut pour couvrir le brouhaha de la foule qui vient brusquement de s’animer.
— Isabelle, tu veilleras qu’elle reste ainsi toute la soirée !
— Oui, Monsieur !
Une fois nous avoir éloigné suffisamment il se place face à moi et comme si le monde n’existait plus autour de nous il colle son front contre le mien.
— Isabelle … Tu veux avoir Loreleï comme soumise ?
Je fronce les sourcils
— Mais je… Oui… Si c’est votre souhait !
Marc se pince les lèvres et prend un air agacé.
— Non, non… Si c’est TON souhait !
—Je ne sais pas si je saurai Monsieur !
— Bien sûr que tu sauras ! Et il faut commencer maintenant… Ce soir !
Il jette un œil par-dessus mon épaule en direction de Kristale.
— Kristale a commencé à placer ses pions pour le procès. Elle vient de marquer un point en proposant la virginité de Loreleï à Issa. Elle va tout faire pour mettre dans sa poche les protagonistes du tribunal…
Il me fixe droits dans les yeux.
—… J’ai bien dis tout !
Il marque un temps d’arrêt
—Et toi ?… Tu es prête à quoi pour garder Loreleï et me garder moi puisque c’est aussi ta soumission qui est en jeu ?
Je soutiens son regard et n’hésite pas un instant.
— A tout monsieur !… Moi aussi je suis prête à tout ! Pour rester avec vous.
Je n’ajoute pas que devenir la maitresse de Lorelei me titille de plus en plus.
— Bien, Alors c’est simple ! Pour commencer tu diras à qui veut l’entendre que si je gagne le procès je mettrais la virginité de Lorelei aux enchères  dans la soirée.
Je lève les yeux vers lui et interdite demande à voix aussi basse que je le peux.
— Vous … Vous ferez çà !
Il a une petite moue agacée et lève brièvement les yeux au ciel
— J’ai dit que tu feras courir le bruit… A qui veut bien l’entendre !... Je vais faire de même de mon côté.
Il écarquille les yeux en me regardant fixement, attendant que je manifeste ma compréhension du jeu qu’il entend me faire jouer.
— Oui, Monsieur… J’ai compris !... Mais Monsieur, ce procès… Il ne sera pas équitable dites moi ? Ce ne sera pas un vrai si on peut influencer les parties !
Marc a un large sourire de commisération.
— Isabelle… Tu es de l’autre côté du miroir ! Et ici plus qu’ailleurs, les règles que tu connais dans le monde vanille ne s’appliquent pas. Tout est faussé. A commencer par les lois et ceux qui les administrent… Et ceci dans un seul but d’ailleurs, pour ton…
Une clochette de bronze interrompt Marc et demande le silence de la salle. Le son strident vient d’un angle de la salle où est monté sur une estrade un homme en complet gris à la coupe impeccable, la mâchoire anguleuse le regard perçant et les cheveux argentés coupés en brosse, Il émane de lui une autorité à peine tempéré par un demi sourire.
Il commence par se présenter d’une voix posée au rythme calme.
C’est le maître des lieux et de la soirée, le commandeur de l’assemblée. Après nous avoir souhaité la bienvenue il se lance dans une description des lieux, des festivités et des salles mises à disposition des convives. Je me laisse bercer par sa voix suave et mon regard vagabonde sur les invités autour de moi.
Nous somme assez loin de l’orateur et presque tout le monde nous tourne le dos. Parmi les costumes, les robe de soirée et les tuniques des soumises, des silhouettes nues, des femmes mais aussi quelques garçons,  créent une étrange atmosphère de rigueur et de libertinage. Je cherche Laure qui a disparue depuis notre départ de La Galinière et que je sais dans l’assemblée, en vain. Stéphanie, reconnaissable à sa longue chevelure blonde qui lui tombe sur les reins est à trois rangs devant moi. Je souris, elle fait partie de celles et ceux qui sont nus, cela ne m’étonne pas vraiment.  Je cherche à deviner des maîtres à ses côtés sans y parvenir. Tout le monde semble disposé au hasard sans liens, seules quelques mains qui enlacent les tailles ou se promènent sur les croupes dénudées signalent les couples.
A la limite de mon champ visuel, je perçois un visage qui pivote brièvement vers moi. Instinctivement, je me tourne vers lui, mais il a déjà repris sa posture d’intérêt poli en regardant droit devant lui. Je reconnais la femme de la cave qui m’a fixé obstinément lors de mon départ. De longs cheveux noirs de jais qui contrastent durement avec la tunique ivoire qu’elle a gardée, le teint mat elle me présente un profil de médaille au nez droit, aux lèvres gourmandes légèrement entrouvertes. Je devine le collier de cuir autour de son cou, même si son port altier siérait mieux à une maîtresse. Comme moi, elle a dû se sentir observée car elle se tourne à demi et ses yeux verts émeraude me transpercent littéralement d’un regard hypnotique. Sciemment elle me lance un « Bonjour toi ! » d’un simple plissement du coin de l’œil. Mon cœur fait un bon et une onde brulante me parcours. Gênée je détourne le regard vers l’orateur tout en observant le visage de la belle inconnue à la dérobée. Sans attendre, Elle reprend son observation attentive du maitre de cérémonie.
Celui-ci continue à égrenés les règles de la soirée et je m’aperçois, qu’à la contemplation rêveuse de la belle inconnue, j’en ai manqué la plupart… Je retiens seulement l’avertissement renouvelé des périls qu’ils y auraient, soumises ou pas, à  sortir de la maison et de franchir le périmètre du parc où rodent la totalité des « maraudeurs ». Son discours se termine par un simple souhait de bonne soirée et une invitation à se restaurer pour ceux qui ont fait un long trajet.
Des applaudissements et le brouhaha reprend ses droits, déjà la foule commence à se disperser lentement. La plupart se dirigent vers la grande porte à double battants qui viennent de pivoter sous la pression de deux ravissantes hôtesses à demi-nues et mène au buffet.
Nous nous engageons vers la grande table qui accueille un impressionnant  buffet lorsque je tombe en arrêt devant un dispositif qui me laisse interdite.

Au beau milieu de la longue table. Deux femmes entièrement nue, les yeux bandés de velours noirs sont sanglées sur des chevalets de chrome et de cuir. Au dessus de leur poitrine juste entre leurs seins dont les mamelons sont encapuchonné de petites demi-sphères de métal chromé, sont suspendus deux paniers qui maintiennent chacune, tête en bas, une énorme bouteille de champagne. Je m’approche d’un pas pour en voir un peu plus de l’étrange machinerie.
Entre les jambes largement écartées des suppliciées, surmonté d’une sorte d’entonnoirs qui s’appuie sur leur ventre juste sous le nombril s’enfoncent un large tube métal évidé qui semble être un robinet parfaitement enchâssée entre les lèvres de leurs vulves absolument glabre.
Marc s’approche et se saisit d’une coupe sur une des pyramides de verres installées de part et d’autre de l’étrange dispositif.
Il l’approche du robinet de métal et dans un même mouvement appuie sur une sorte de buzzer sur la table.
Immédiatement, à son geste, la jeune femme gémit et se contorsionne dans ses liens de cuir. Un petit bruit crépitant m’indique qu’un courant électrique lui parcours le corps de la pointe de ses mamelons pincés de fer juste au fond de son vagin enchâssé de métal. Une vanne électromécanique libère une mesure de liquide glacé de la bouteille qui s’écoule entre ses seins et dévale la pente de son ventre en tourbillonnant sur son nombril avant de s’engouffrer dans l’entonnoir de l’étrange olisbos qui après avoir en partie refluée au fond de son vagin maintenu ouvert s’écoule dans le verre que tend Mon maître et le remplie au trois-quarts.
Je reste confondue par l’ingéniosité de cette singulière fontaine. L’hôtesse reprends son souffle et malgré ses tressaillement contenus par les liens  seuls quelques suintements pétillants de champagne se sont échappés du chemin établi et ruissellent sur ses flanc .
Marc me propose le verre de champagne épicé de la liqueur de plaisir de l’insolite hôtesse de bar.
Je comprend soudain le discours de Marc sur cette soirée sans règle autres que celles du plaisir. Et il semble bien que ce soir, tout va être mis en œuvre pour satisfaire la fantasmagorie ambiante et qu’il ne tient qu’à moi de jouer le jeu et d’en profiter au mieux en en faisant profiter celles qui partagent ce jeu. Contemplant le corps offert qui vient juste de vibrer de plaisir à servir et dédaignant le verre que Marc me propose, je m’empare d’une coupe vide de l’étalage et la présentant à la fontaine des délices ma main se tend vers le buzzer.

Chap. 68. La Chambre des Echos.

 

 

23 octobre 2019

Chap. 66. Le Bal des Débutantes.

— Merci !
— Merci qui ?
— Merci… Isa… Isabelle !
Je suis barbouillée de liqueur de cyprine, d’un geste rapide, je m’essuie le menton et le doigt de l’ange. Je salive et presse ma langue contre le palais pour l’essorer des dernières saveurs acides de Mademoiselle Timide.
Je fais un pas en arrière et après un dernier regard vers le corps écartelé, offert, je me dirige vers la porte qui m’a été désignée, puis me ravise. Il me faut attendre que Loreleï accomplisse sa salutation.
—  Suivante !… C’est quoi ton nom ?
Loreleï se tourne vers moi me signifiant son incompréhension d’un haussement de sourcil.
Je réponds à sa place.
— Loreleï !... C’est Loreleï !
Tom se tourne vers Mademoiselle Timide. Elle a les yeux bandés de noir et sous le ruban de velours son visage est écarlate. Une couleur révélée par les caresses buccales de Stéphanie et des officiantes qui l’ont précédée, mais je ne sais si ce sont nos caresses licencieuses ou sa confusion qui colore ainsi son visage et son cou des couleurs de la honte qui justifie son sobriquet.
—  Mademoiselle Loreleï va vous dire bonjour, Mademoiselle Timide !
Et il se saisit de la nuque de Loreleï pour la forcer à plaquer sa bouche sur la fleur largement épanouie que je viens juste d’abandonner. La vierge nordique ne résiste pas et se laisse guider.
— Et avec la langue !…Hein !
La recommandation est inutile. Loreleï a parfaitement observé l’étrange défilé entre les cuisses de Madame Timide, ses soubresauts et ses tortillements, vaines tentatives d’échapper aux odieuse caresses.
Et elle va faire  ce qu’elle sait parfaitement faire. Elle a été dressée pour.
Pour la crucifiée et pour la sixième fois son doux tourment recommence. Une nouvelle fois son corps s’électrise. De petits soubresauts la parcours et ses poings s’ouvrent et se referment convulsivement tandis quelle cherche à échapper à la langue de Loreleï en se hissant sur la pointes des pieds.  Il ne faut pas longtemps pour que sa bouche s’entrouvre et laisse échapper un gémissement de plaisir. Pour nous ce gémissement était le signal de fin de cette étrange salutation.
Mais Tom, surpris par la célérité et l’application de la jeune fille, décide de faire durer le plaisir. Si nos baisers indécents ont été rapides, il laisse, le sourire aux lèvres, s’exprimer pleinement la fille au cheveux de lin.
Impatiente, je fronce des sourcils et détourne le regard vers le fond de la salle. Un nouveau groupe de filles vient de prendre la place que nous avons quittée. J’en compte quatre qui sont entrain de se dévêtir face à Caïn. Une femme, magnifique, aux longs cheveux noirs se redresse une fois nue et prend la pose de soumission naturellement tout en tournant son regard d’émeraude vers nous. Elle a l’air fascinée par la scène, jusqu’à ce que je devine que ce n’est pas Loreleï  et le pantin de chair qui sursaute convulsivement sous ses caresses qu’elle fixe, mais bien moi !
Émue par l’intensité de son regard, je détourne la tête pour cacher mon trouble tandis qu’une chaleur me monte au visage. Pour me donner une contenance je reviens vers Mademoiselle Timide qui maintenant gémit de plaisir sans discontinuer. Elle a renoncé à se débattre dans ses fers et laisse Loreleï la conduire  aux portes de la jouissance.
Mais Tom en décide autrement. Il se saisit de l’officiante par les cheveux et la tire en arrière.
— C’est bon toi ! Laisses-en pour les autres !
Loreleï se redresse hagarde comme si on venait de la tirer de son sommeil, la bouche, vernissée de liqueur de cyprine, encore ouverte de sa caresse interrompue. Elle titube désorientée et vient par réflexe se coller à moi.
Mademoiselle Timide est sommée de la remercier. Ce qu’elle fait entre deux halètements d’une voix rauque en écorchant le prénom de sa tourmenteuse. Je saisis alors Loreleï par l’épaule et la traine avec moi vers la porte où ont disparu nos sœurs de chaîne.
En la franchissant, je jette un dernier regard derrière moi. Caïn est en train de parler aux quatre femmes nues et leur sert le discours d’accueil.
Celle que j’avais aperçu et avait attirée mon attention, une formidable statue de bronze à la poitrine orgueilleuse, ne semble pas l’écouter. Sous la frange de ses cheveux noirs, protégé par des sourcils épais parfaitement taillé, son regard vert émeraude, impériale, me fixe obstinément. Elle me sourit. Embarrassée, je me retourne gauchement et m’enfonce dans le couloir avec encore la sensation appuyée de son regard rivé sur ma nuque.

Il ne faut que quelques mètres pour que nous débouchions dans une sorte d’alcôve où nous attend ce que je devine être une hôtesse. Sans un mot, jaugeant nos tailles d’un œil sûr, elle nous tend une nuisette de satin blanc qu’elle nous enjoint de revêtir. Avec un bel ensemble nous couvrons notre nudité  en bouclant nos ceintures autour du déshabillé qui s’arrête à mi-cuisse et dont la fluidité ne cache pas grand chose de nos anatomies. Des ballerines de la même couleur complètent notre tenue d’apparat. Si ce n’est nos colliers de soumission, nous ressemblons à un groupe d’étudiantes sortant du dortoir.
L’hôtesse nous désigne alors un départ d’escalier de pierre en colimaçon qui monte vers les étages. L’escalier est trop étroit pour que nous puissions nous tenir de front à deux. Sagement, une à une, nous suivant de prés, nous nous engageons vers ce qui semble être l’accès de service aux étages. L’escalier est abrupt et les marches hautes nous obligent à nous déhancher à chaque degré franchi.  Je me retrouve à trois marches sous Loreleï qui m’a précédée, le visage presque collé à ses reins  qui se dandinent voluptueusement. Stéphanie est juste derrière moi et, espiègle, comme à son habitude et quelle que soient les circonstances,  s’amuse à me souffler sous la jupe courte à chaque enjambée. Je ne proteste pas, son souffle chaud qui se glisse entre mes jambes me distrait du froid de la pierre qui nous entoure. En haut de l’escalier, nous finissons par franchir un dernier seuil et nous voici soudain projetées au travers de la dernière porte au beau milieu d’une vaste salle bourdonnante de monde. Je cligne des yeux pour m’habituer à la luminosité.  De nombreux groupes de personnes sont en pleine discussion. Je reconnais les soumises qui nous ont précédées à la même tenue que nous portons, disséminées dans la foule.
Des serveuses en tailleur strict gris perle déambulent sur de hauts talons entre les groupes et proposent des plateaux chargés de flutes de champagne pleines et de petite coupelle de faïence ornée de dragons chinois remplies de pilules blanches et bleues.
Dans le bourdonnement de la cohue personnes ne semble avoir remarqué notre arrivée. Je cherche mon Maître du regard et le découvre à l’autre bout de la salle. Loreleï avise  Kristale à ses côtés au même moment et, me prenant la main, me tire vers eux. Entrainée, je la suis tout en me tournant vers Stéphanie pour l’inviter à nous rejoindre,  mais elle a déjà emprunté une autre direction et me fait un petit signe d’au revoir de la main.
Notre groupe de soumises s’égaye et se disperse dans la foule chacune rejoignant leur maître et maîtresse respectif.

En m’entrainant derrière elle, Loreleï se fraye un passage en sinuant entre les groupes se dirigeant aussi vite qu’elle le peut vers Marc et Kristale en pleine discussion avec un autre couple, un verre de champagne à la main. L’homme avec qui il devise est un géant à la peau d’ébène, aux yeux vifs et inquisiteurs. Il porte un costume parfaitement coupé sur une musculature que l’on devine puissante et magnifie sa stature imposante. Il me fait penser à un ambassadeur sûr de sa puissance et de son prestige. Il est accompagné d’une femme presque aussi grande que lui, d’une beauté ethnique coruscante. Comme nous, elle porte sur sa peau noire le déshabillé blanc des soumises et un collier de fer forgé brut à l’anneau déformé par l’usage. Ils sont accompagnés d’une jeune femme au même collier de fer. Une jolie métisse à la peau de cannelle aux cheveux crêpés et vaporeux qui encadre un visage ovale qu’animent des yeux vert piquetés d’or. Elle me jauge un instant puis détourne le regard vers la pointe de ses escarpins blancs qu’elle se met à fixer obstinément.
Notre arrivée signe la fin de leur conversation et leurs regards se portent sur nous.
Marc me sourit et Kristale se contente de lancer à l’adresse des convives.
— Voilà, enfin nos deux petites gourdes !
Le ton refroidit l’ardeur de Loreleï qui me jette un coup d’œil dépité.
— Mes amis, je vous présente Isabelle et Loreleï ! Nos soumises de la soirée.
En ricanant elle continue sur le ton de la plaisanterie.
— Isabelle est disponible à toutes vos envies, mais je vous interdis de toucher à Loreleï !...
Elle se rend alors compte qu’elle vient de dépasser ses prérogatives. Elle a oublié l’espace d’un instant que nous ne lui appartenions plus.
Elle se tourne vers Marc.
— Enfin,… Enfin, je veux dire si leur Maître veut bien vous l’accorder !?
Les convives ont soudain l’air captivés. Le géant africain se penche vers nous avec un regard appuyé sur  Loreleï et se tourne vers Kristale qu’il domine d’une tête, et interroge d’une voix de baryton.
— C’est vraiment très intéressant.. Expliquez nous donc ?
Kristale repose son verre à demi vide sur un plateau qui passait opportunément.
— Un petit jeu entre moi et Marc ! Et un différend entre nous !... cela va être réglé ce soir par l’Assemblée et …
L’homme laisse échapper un rire contenu, profond.
— Ainsi c’est vous ce fameux procès dont tout le monde parle ce soir?
Kristale a une petite moue contrariée en guise d’assentiment.
— Les nouvelles vont vite !
Dit-elle, sur un ton désabusé.
Renseigné, le géant se tourne alors vers Mon Maître, et rit de plus bel.
— Et Marc c’est toi qui as gagné à ce petit jeu ?
Il n’attend pas de réponse et continu en plongeant son nez dans son verre et en lorgnant vers Kristale lance goguenard.
—… Cela ne m’étonne qu’a moitié !
Elle va pour protester.
— Ce n’est pas totalement joué…Il reste à attendre le verdict, et…
Marc qui était jusqu'à maintenant impassible lève sa main gauche pour la couper.
— Et, en attendant, Isabelle et Loreleï m’appartiennent pour la soirée !
Interloquée, Kristale se renfrogne. Marc vient de clore la discussion pour mon plus grand bonheur.
Le géant d’ébène dévisage Loreleï et s’adresse à Marc d’un ton calme.
— On dit aussi qu’elle est… Vierge ?
Sa réponse est aussi calme.
— On le dit !
L’africain hoche plusieurs fois la tête et reviens vers Loreleï
— Elle est jolie ! Et elle t’appartient entièrement l’ami! Vraiment ?
Pour toute réponse Marc dépose son verre sur un des plateaux les plus proches et s’avance vers la jeune fille. Il claque une fois des doigts sous ses yeux  pour fixer son attention, puis a cet étrange geste que je les déjà vu faire. Il imite l’éclosion d’une fleur en ouvrant lentement sa main en corole.
 Loreleï prend une attitude de biche aux abois. Apeurée, elle regarde autour d’elle les convives qui, chacun à leur discussion, ne s’occupent pas de nous et lance un regard désespéré à Mon Maître.
Il fronce les sourcils.
Elle obéît.
Lentement, elle dénoue la ceinture de soie de son déshabillé et l’entrouvre. D’un geste gauche et emprunté elle découvre ses épaules et laisse tomber le vêtement blanc sur le sol d’un seul coup la dévoilant nue au regard de tous.
Marc désigne ses pieds et oscille le doigt de bas en haut.
Il la veut entièrement nue.
Du bout des pieds, sans se baisser, la jeune fille déchausse ses ballerines. Et, instinctivement cache sa poitrine et son bas ventre de ses mains. Marc lance ce petit claquement de langue que je lui connais bien et qui marque sa contrariété. Loreleï aussi semble le connaitre et elle laisse timidement retomber ses mains le long de son corps avant de les rassembler derrière son dos en écartant légèrement les jambes puis se cambre en se redressant et en fixant Marc comme si elle attendait un compliment. Malgré son manque de candeur un rose pudique diapre ses joues.
Se retrouver entièrement nue au milieu d’une foule d’inconnus n’est pas ce qui la rassure le plus, pourtant ses tétons tendus me conforte quand au plaisir sournois qu’elle prend à son exhibition forcée.
Immédiatement une servante qui passait à proximité se précipite, s’accroupit et d’une main leste, tout en gardant son plateau en équilibre de l’autre, s’empare de la nuisette et des ballerines, faisant place nette autour de la magnifique statue de marbre blanc. Nous détaillons tous Loreleï nue, seulement parée de son collier blanc à grelot d'argent de novice et qui s’empourprent un peu plus sous nos regards. Impressionné, l’ambassadeur se racle la gorge et de sa voie de baryton lance à Kristale.
— Kristale, si tu remportes ton procès, je veux la virginité de cette pucelle !… Ton prix sera le mien !
Kristale exulte et lance un regard en coin à Marc.
— Ce sera avec un grand plaisir Issa !
Autour de nous le silence se fait peu à peu et un à un les regards convergent vers l’offrande. Quelques timides applaudissements se font. On apprécie visiblement.
Je lance un regard circulaire et m’aperçois que, comme sur un signal, des soumises, imitant Loreleï, se dévêtissent et qu’une dizaine de nuisettes blanches touchent le sol une a une.
Marc vient d’ouvrir le bal.

Chap. 67. La Fontaine des Délices..

 

 

2 juin 2019

Chap. 65. Le Roi des Ombres

Nous voici rendu à mi-chemin de ce carnet. Il est bon, je pense, au regard des commentaires et des courriers reçus que je mette certaines choses au clair. Ceux qui me suivent depuis  savent que les épisodes que je m’apprête à vous narrez ont pu, à l’époque, poser problème .Cette opposition, j’y ai fait allusion il y a six ans dans « Le Maître des Lieux ». Il a fallu montrer patte blanche et mes bonnes dispositions auprès des membres de l’Assemblée hostiles à mes écrits et il a fallu mener d’âpres négociations pour que je puisse raconter l’Assemblée de Fer (Ces négociations, un peu spéciales, ont duré cinq ans et ont été soigneusement consignées dans un des carnets. Ils feront peut-être un jour l’objet d’une parution).
Au fil du récit, d’intime, mes carnets sont devenus suffisamment fréquentés et lus pour que tout en restant discrets, ils ne le soient plus. 10200 lecteurs réguliers de tous les continents et mes pages parcouru plus de 740000 fois… On ne peut plus réellement parler d’intimité ! 
Quoiqu’il en soit je me suis tenue et promise, eu égard à la qualité des membres de l’Assemblée et de leur désir de discrétion, à la déformation et au vernis romanesque. Un contrat de discrétion qui me permet justement de faire paraître cette facette de mon histoire. Aussi cette suite pourra vous paraître irréelle, car effectivement elle l’est déjà dans la réalité. Il faut comprendre que les plus belles choses et les plus abouties dans l’univers où je navigue ne sont pas forcément étalées sur internet et les réseaux sociaux et que même un luxe inouï de précautions sont prises pour qu’elles n’y figurent pas. C’est ma façon de romancer ces faits et situations qui me permettent de vous les présenter ici. Je me suis évertuer à appliquer ce vernis romanesque de façon plus ou moins opaque, mais il reste transparent à certains endroits pour ne pas pervertir mon histoire. Il y a donc plusieurs niveaux de lectures et chaque niveau apportera  son lot de plaisir, du moins,  je l’espère !

 

Loreleï n’a pas repris son jeu électronique, comme moi elle scrute maintenant attentivement le chemin qui s’éclaircit devant nous A tâtons elle cherche ma main et quand elle l’a trouve la serre convulsivement. Le franchissement du portail a été comme un signal, elle sait que nous entrons sur des territoires inconnus et peut être redoutables.
A la sortie de la forêt notre berline s’engage lentement sur une large place gravillonnée. Au centre de ce qui me semble être une immense clairière, une imposante bâtisse se dresse devant nous. Toute en pierre de taille beige aux toits d’ardoises bleue. Les fenêtres à meneaux sont richement fleuries, pimpante  elle a l’air accueillante. De nombreuses voitures sont sagement garées de part et d’autre de l’entrée. Je remarque la Ducati de Laure qui ferme la file, la seule moto.
Deux hommes élégamment habillés de costumes sombres, aux visages aimables, s’avancent vers nous et nous désigne un emplacement libre. Marc si enchâsse et nous nous extrayons de la voiture  d’un seul et même élan. Loreleï, qui n’a pas voulu, me lâcher la main est descendue du même côté que moi.
Les deux hommes nous encadrent.
Le plus souriant qui semble nous reconnaître  a une légère révérence de bienvenue
— Bonsoir et bienvenu Maître Marc, Madame Kristale et… Mesdemoiselles ! Je vous prie de bien vouloir déposer vos affaires dans le coffre, … téléphone, appareil photo, et tout autre moyen d’enregistrement
Et se disant ouvre la malle arrière de la voiture. Marc se penche pour y déposer son messager et Kristale s’exécute également en agitant les mains paumes ouvertes, signalant qu’elle n’a que son portable et traduit à Loreleï la demande de l’homme. A contre cœur la jeune fille s’exécute à son tour et dépose son précieux doudou dans le coffre. L’homme me regarde en souriant, son regard est droit et amicale mais je sens l’impératif de sa demande. Bien malgré moi je pique un fard, et comme Kristale, lâchant la main de Loreleï j’agite les mains lui signifiant que je n’ai rien de tout cela sur moi.
Satisfait, l’homme tend la main vers Marc qui y dépose les clés de la voiture.
Une nouvelle courbette et il désigne l’entrée de la maison.
— On vous attend… Bonne soirée !
Nous longeons la file de voiture et gagnons le perron de trois marches qui mène a l’entrée centrale, un portail de fer semblable a celui de la forêt mais vitrée de verre teinté. Juste avant de le franchir je me retourne et aperçois le coupé blanc qui nous suivait s’engager dans la cour.
Les deux hommes en noir s’avancent vers elle.

L’entrée est somptueusement chapeautée par un grand lustre de cristal. Au fond de la salle  une lourde porte de chêne noire, entrouverte, encadré de deux escaliers de pierre qui montent à l’étage d’où diffusent des bruits d’une foule en conversation. Une table est disposée au pied d’un des escaliers. Elle est chargée de verres tulipes retournés et un large seau à champagne où rafraîchissent trois bouteilles. Une femme élégamment vêtue d’un tailleur strict  est penchée sur un registre qu’elle annote consciencieusement. Nous apercevant,  un homme au visage d’oiseau de proie s’avance vers nous, vite rejoins par la femme qui nous lance avec révérence.
— Bonsoir, Nous sommes les Gardiens ! Désolée du désagrément mais nous devons nous assurez que vous n’avez pas, par inadvertance,  omis de nous confier vos portable ou appareils photographiques !
Et sans même attendre de réponse la femme s’agenouille devant Marc et commence e lui palper les chevilles et remonte en frôlant les mollets, les jambes. L’homme fait de même avec Kristale.
Marc m’adresse un clin d’œil de connivence, il n’a pas vraiment l’air de trouver cela désagréable. Il m’avait prévenu qu’il faudrait montrer patte blanche  et que l’on redoublera de précaution pour s’assurer que de cette assemblée il ne restera que des souvenirs.
Une fois avoir fouillé Marc la femme en tailleur regagne la table ou elle rempli deux verres de champagne. L’homme quand à lui s’agenouille en face de moi et entreprend sa fouille, si méticuleuse que je m’interroge sur sa nécessité, ma jupe ne peut guère dissimuler grand chose. Pourtant ses mains froides s’attardent sur mes genoux et mes cuisses soulevant même ma petite jupe dévoilant mon ventre nu. Il s’y attarde un instant puis glisse rapidement sur mes hanches, ma poitrine, délaissant mes bras. Il fait un pas de côté et procède de même avec Loreleï pétrifiée.
Une fois fait il se relève rapidement et s’incline de nouveau vers nous deux.
— Mesdemoiselles, veuillez  me suivre s’il vous plaît !
Et sans vérifier s’il sera obéi se dirige vers la porte de chêne noir.  Je n’ai pas le temps d’expliquer à Loreleï. Je m’empare de la main de la jeune femme et l’oblige ainsi à m’accompagner. Elle a un regard interrogatif vers Kristale qui hoche son assentiment de la tête pour l’encourager.

Je ne peux m’empêcher en franchissant la porte de jeter un dernier regard à Mon Maître. Mais il ne s’occupe visiblement plus de moi. La charmante hôtesse s’avance vers nos Maîtres avec deux tulipes de champagne qu’elle leur présente comme une offrande de bienvenue. En pénétrant dans le couloir sombre et les laissant dans la lumière, je me dis que la soirée a bien débuté.

Une dizaine de mètre plus loin, de ce qui semble être un couloir de service au plafond bas, l’homme au visage d’oiseau de proie ouvre une autre lourde porte cintrée et la tenant ouverte, sans un mot, nous enjoint d’un geste de poursuivre. La main de Loreleï se crispe dans la mienne, je l'entraîne et nous entrons. La porte se referme derrière nous dans un bruit sourd.
 La pièce est petite, une sorte de remise ou de magasin aux murs défraîchis qui sent le renfermé, le contraste avec le luxe de l’entrée est saisissant, elle est chichement éclairée, une ampoule  pend du plafond et diffuse une pâle lumière jaunâtre sur les trois femmes qui si trouvent déjà. Deux d'entre elles  se resserrent dans un coin de la pièce comme pour nous laisser de la place. J’écarquille les yeux pour essayer de deviner leurs visages tournés vers nous. Mon cœur fait un bond et mes pensées se figent. Celle qui s’avance vers nous d’un pas à le sourire aux lèvres, un sourire qui éclaire un visage séraphin au grand yeux clair et aux lèvres pulpeuse irisées de gloss rose pale qui donne à sa bouche l’impression d’être toujours humide, comme l’est, je le sais pour l’avoir goûter, toujours humide la source de cette femme-fontaine . Une source dissimulée par un large sarouel qui lui sert la taille et lui donne l’apparence d’une courtisane de harem. Elle porte un étrange collier de cuir tressé noir qui suspend un médaillon de bronze bombé où luit une fleur stylisée en émail rouge.
— Stéphanie ?
Je n’ai pu m'empêcher de l’interpeller de vive voix, brisant ainsi le silence gêné qui accompagnait notre entrée.
Elle fait un pas vers moi le visage radieux. Je lâche la main de Loreleï et lui saute au cou. Impulsivement, nos bouches se joignent et nos langues échangent sur la joie de se retrouver.
Rassasiées et tout en restant enlacées nos visages  se contemplent un instant et nous nous lançons simultanément
— Tu es… Tu…  là aussi… aussi … c’est super !...Génial !
En même temps je m’interroge.
— Mais raconte moi, … Tu es venue avec qui ?
Stéphanie fronce des sourcilles.
— Ah ! Marc ne t’as pas dis ?
A mon tour je fronce les sourcils d’incompréhension. Elle a l’air gêné. Ce petit air que je lui connais qu’elle prend lorsqu’elle doit avouer une grosse bêtise qu’elle a adorée faire. Elle cherche à détourner la conversation.
— Ah ! Mais bon… Tu verras çà…
Et son regard se détourne sur Loreleï
— Et toi ?… Tu es avec elle ?
Je sens une pointe de jalousie dans sa voix et s’adressant directement a Loreleï avec aigreur
— Mais bon sang ! T’as quel âge toi ?
Et se reportant sur moi.
— Tu crois vraiment qu’elle devrait être ici ?… Avec un collier de soumise ?
Son regard accroche les bracelets de restriction.
— Et vierge en plus ?
Comprenant sa méprise sur la femme-enfant je souris et lui explique
— C’est Loreleï, elle est hollandaise et elle ne te comprend pas. Et ne t’inquiète pas, elle à l’âge pour être ici comme tu dis. Ne te fie pas à son apparence, elle pourrait t’en remontrer ! Et oui, elle m’accompagne, et.. et, c’est ma…
Je tique un peu et est du mal à me faire encore a cette situation.
— Ma … Soumise… Enfin presque !
Interloquée et sans me lâcher les bras Stéphanie me fusille du regard.
— Toi ? … Toi ?…  Maîtresse ?
Sa consternation se transforme en révélation
— Je l’ai toujours su !… Je savais que tu en serais une, un jour !
Je cherche à tempérer son excitation
—Attend ce n’es pas encore fait… Je ne suis pas…
Sans me lâcher et en sautillant sur place, elle me lance espiègle
— Alors tu vas pouvoir être la mienne aussi !
Je n’ai pas le temps de m’interroger sur ce qu’elle vient de dire. La porte par laquelle nous sommes entrées s’ouvre dans un bruit sec et tous les regards se tournent vers la nouvelle venue.
De longs cheveux noirs, brillants, un visage parfaitement maquillé aux pommettes saillantes et au teint mat des filles d’Extrême-Orient. Naturellement  hautaine, elle nous domine d’une demi-tête. C’est la silhouette que j’ai entr'aperçue se présentant au portail de fer. Les mains rassemblées devant son ventre trahissent son incertitude en contradiction avec son port altier. Elle porte un pantalon sous une tunique de satin vert profond, un Áo dài, et un  collier de soumission qui ressemble plus à un bijou d’apparat. Seul un lourd anneau d’acier dont la rudesse contraste avec les quatre rangs de perles noires de Tahiti qui ceinturent son cou nous signale sa condition.  Elle a une petite courbette accompagnée d’un sourire forcé. Une salutation silencieuse qu’elle rompt d’un bredouillement timide.
— Bonsoir, je m’appelle Jade !
Nous n’avons pas le temps de nous présenter, le Gardien qui l’a accompagnée entre dans la pièce, la pousse sur le côté et sans un mot se fraye un passage entre nous s’en allant frapper trois coups puissant sur la porte attenante. Sans attendre, et sans un regard, il rebrousse chemin et referme sur nous la porte qui nous a vues entrer.
 Toutes les six nous sommes maintenant les yeux rivées sur la porte que l’homme a heurtée. Nous devinons que c’est un signal, qu’il vient de prévenir de notre présence. Nous attendons en silence. Un silence que personnes n’ose rompre, à peine échangeons nous quelques coups d'œil furtifs, nous interrogeant mutuellement du regard.

On déverrouille la porte. Elle s’ouvre rapidement et une voix rauque et puissante, autoritaire retentit.
— Allez mes agneaux… Venez là et que çà saute !
Le ton est si impératif que sans se concerter nous nous précipitons vers le passage qui vient de s’ouvrir. Une à une, nous pénétrons dans une sorte de cave voutée, spacieuse par rapport au réduit où nous étions confinées, éclairée par des flambeaux électriques qui lui donne un air de cachot. Une impression renforcée par les chevalets et râtelier de bois noir aux formes étranges qui garnissent une partie de la pièce. J’y reconnais un pilori, une sorte de cheval d’arçon, du plafond pendent des chaines terminées par de lourdes menottes de fer la salle est garnie de toute une panoplie d’instruments de contrainte et de pénitence. Je frissonne lorsque je découvre  sur le mur opposé prés d’une autre porte, une femme. Elle est crucifiée, nue, sur une croix de St-André en bois épais. Elle a les yeux bandés de noir, la tête penchée, appuyée sur son bras gauche, résignée, elle semble dormir. Je ne peux m’empêcher d’y voir la croix que porte mon Maître à son revers. Je détourne les yeux, mais j’ai bien vu que la suppliciée avait attirée le regard de mes compagnes.
Au milieu de la salle deux hommes, le plus âgé est fermement campé sur ses deux pieds nous toise du regard. Rustique, mal rasé l’air revêche, le visage luisant de sueur,  il est en parfait accord avec les lieux. Torse nu à la pilosité noire et fournie, les bras croisés sur un ventre proéminent qui se soulève au rythme de sa respiration. Il est simplement vêtu d’un pantalon de cuir épais et cireux, un pantalon de ferronnier, patiné par l’usage, crasseux. A sa ceinture pend un fouet parfaitement lové. Ses petits yeux profondément enfoncés dans ses orbites et protégés par des sourcil épais brillent d’un feu inquiétant à la lueur des flambeaux. Sa main droite tient une fine cravache de cuir qu’il fait battre en rythme contre sa hanche. Une parfaite caricature d’un bourreau du moyen-âge.
Un pas derrière lui un jeune homme au teint blanc, le visage étroit des crins blonds pour cheveux, presque frêle à coté de celui que je devine être son mentor. Il nous détaille une à une de la tête aux pieds avec un sourire sournois de convoitise. Lui aussi est a habillé de cuir, mais sa tenu est plus soigné.
— Alignez-vous, là … Contre ce mur!
Et il désigne le mur qui lui fait face de sa badine.
Sagement nous nous exécutons, Stéphanie garde ma droite, Loreleï suit le mouvement et se colle à moi comme un petit animal craintif qui cherche protection à ma gauche.
Une fois sagement alignées, son acolyte se précipite et dépose à nos pieds des cartons vides
La voix du bourreau tonne, impérative
— Mettez vous à poil !... Et vos frusques dans ces cartons… Vos bijoux aussi, Vous gardez seulement vos colliers !
Et désignant de sa badine le bracelet de Loreleï
— Tu gardes çà aussi, toi !
 Un flottement. Nous nous regardons les unes les autres, personne n’ose commencer son effeuillage devant ces individus qui nous scrutent en  arborant un sourire goguenard. Devant notre réticence à nous exhiber, les sourcils de notre tourmenteur se froncent soudain et sa voix gronde en désignant la forme crucifiée au fond de la salle.
— Cette Demoiselle a joué les timides, elle ne voulait pas qu’on la voit à poil !
Un rire gras
— Total ! Je lui ai rappelé ce qu’elle était et pourquoi elle était ici !
Il pointe alors un autre coin de la salle de sa badine. Avec un bel accord nous nous tournons toutes vers l’endroit qu’il désigne. Une autre croix de St-Andrée fait face à la suppliciée.
—Et il y a encore de la place !
Stéphanie est la première à commencer de se déshabiller, immédiatement suivi par nous toutes. Loreleï sans comprendre suit le mouvement la dernière et  avec un temps d’hésitation.
 Je dépose le peu que je porte dans le carton qui me fait face par-dessus mes escarpins et suis avec Stéphanie la première à me redresser. Une fois nue, spontanément,  je prends la position de soumission. Les mains dans le dos les jambes légèrement écartées la tête à demi baissée mais, par en dessous, je ne quitte pas l’homme du regard comme on doit le faire lorsque l’on doute du rang de la personne qui nous fait face.
Il hoche la tête de satisfaction. Et commence à défiler devant nous comme le ferais un général passant ses troupes en revue.
— Nous avons là une belle brochette de petits culs… Des nouvelles aussi à ce que je vois !... Et même une pucelle !  Du jamais vu ici çà !
Il s’arrête devant Loreleï qui n’a pas pris la posture adéquate. Avec une vivacité qu’on n’attend pas du corpulent personnage, il se saisit de son poignet et le porte à ses yeux contemplant les bracelet rouge et blanc.
— Alors ?... C’est ce soir que tu vas te faire décapsuler ?
Sa grossièreté laisse de marbre Loreleï. Et pour cause.
J’interviens alors,  je toussote et passant outre les consignes de silence
— Désolée Mai.. Monsieur… Elle ne vous comprend pas, elle ne parle pas le français… Ni… Ni l’anglais d’ailleurs...
Son visage se tourne vers moi sans lâcher la main de Loreleï, et me fusille du regard.
— Tu es sa copine, la rouquine ?
— Je… On se connait oui… On est les soumises de Madame Kristale et de Maître Marc.
Il me détaille lentement de la tête aux pieds puis lâche la main de la jeune femme pour se camper devant moi.
— Ainsi, c’est toi Isabelle ?
Toutes les autres filles se tournent vers moi et je deviens le centre de toutes les attentions. Ce qui ne me rassure pas.
— Oui, Monsieur !
Il tend la main épaisse vers ma poitrine comme pour s’emparer d’un de mes tétons déjà tendu par la fraicheur de la cave, mais, à le frôler, il semble se raviser et ses doigts se regroupent sur son pouce et le caressent comme pour estimer la qualité d’une étoffe invisible. Il se contente de lancer, laconique.
— Humm ! Joli petit lot !
Il se détourne brusquement et se met à déambuler dans la salle en parlant au sol.
Pendant que son acolyte nous détaille, rouge d’excitation et de convoitise. Son regard sur nos corps nus est aussi insistant qu’une caresse imposée.
— Bien… Alors pour les nouvelles, je me présente ! Je suis Maître Caïn, Pour les anciennes vous me reconnaissez ! J’ai organisé la dernière assemblée et donc en tant que maître de cérémonie j’ai du respecter une certaine règle, disons… de chasteté, pendant mon assemblée, parce que les organisateur sont exclusivement occuper à ce qu’elle se déroule parfaitement… Ce qui a été le cas !
Il relève la tête et cette fois se met à parler au plafond.
— Cette contrainte fait que, pour cette assemblée dirigée par Monsieur Xavier, j’ai eu le choix de ma fonction… Privilège accordé pour rattraper le manque et la frustration de ma dernière assemblée. Vous avez déjà croisé les Gardiens… Moi, j’ai choisi celui de maître des basses-œuvres… Autrement dit c’est à moi que vous aurez affaire pour tout manquement à la règle ou suivant la fantaisie de vos maitres ou maitresses respectives si ils le désirent, vous soumettre à la punition... Je m’occupe aussi de la Chambre des Echos et du Parloir…
Quand vous évoluerez là-haut dans les étages, vous serez certainement les reines dans cette lumière. Mais ici, dans cette salle et dans tout le sous-sol, chez moi, vous ne serez que des ombres. Et celui qui règne sur les ombres… C’est moi !
Il semble satisfait de son petit discours son regard revient sur nous. Il s’humecte bruyamment les lèvres et continu.
— Autrement dis, vous me devez le même respect qu’à vos maitres et même plus…Compris ?
Il attend visiblement une réponse. En cœur, mais sur des tons désaccordés, nous ânonnons sans enthousiasme
— Oui, Monsieur … aître !
Il semble un peu dépité par notre passivité, mais n’en fait pas la remarque.
Il passe une main sur sa bedaine, en gratte une puce que j’espère imaginaire et reprend en toisant Stéphanie tout en  désignant son étrange collier de sa badine
—Et en particulier toi, l’aspirante Kajira ! Puisque c’est moi qui doit procéder à ton marquage. Tu te mettras à mon service. Dés la fin des présentations là-haut tu viendras me retrouver ici pour ta certification !
Du coin de l’œil je vois Stéphanie baisser la tête et commence à comprendre maintenant les allusions de Laure quand à son parcours en soumission.
Abandonnant son ton martial Caïn continu.
— Bien ! … Je vous fais quand même un topo des lieux ! Cette maison accueille cette année l’assemblée. Elle a été préparée pour cela depuis trois mois par Monsieur Xavier, le maitre de cérémonie. Vous avez accès libre à toute la maison sauf au sous-sol, qui m’est réservé et sauf si on vous y êtes amenées par moi, mon apprenti…
Il désigne nonchalamment  le jeune homme aux cheveux de crin de sa badine.
—… ou par les Gardiens qui sont un peu notre service d’ordre. Le parc qui ceinture la villa est le domaine des Maraudeurs, ils ne pénétreront pas dans la maison qui leur est interdite, mais je vous déconseille de vouloir aller prendre l’air dans les jardins…
Il a un petit clin d’œil vers ma droite en direction des deux femmes premières arrivées. Nous nous penchons toutes pour les regardez. L’une ferme les yeux et l’autre rougit violement en nous regardant à la dérobée.
— …Certaines ont déjà eu affaire à eux ! Elles en gardent un souvenir… Épique !…
Je serre les lèvres pour ne pas acquiescer, mon expérience avec les Maraudeurs étant des plus brulantes.
— Bien, je crois que j’ai fait le…
Trois coups violents sont frappés à la porte du cellier. Caïn fronce les sourcils et marmonne.
— Déjà !
Et à voix haute
— La prochaine fournée est là !... On va vous donner votre tenu et vous aller gagner les étages rejoindre vos maîtres… Mais avant vous allez saluer Mademoiselle Timide comme il se doit… Tom va y veiller !

Chap. 66. Le Bal des Débutantes.

 

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21 avril 2019

Chap.64. Le Portail de Fer

Un éclair pourpre zèbre la vitre latérale. C’est Laure qui vient de nous dépasser au guidon de sa Ducati. Elle ralentit devant la voiture et se permet quelques zigzags de salutation avant de remettre les gaz et, dans un vrombissement sourd, disparaître de ma vue au virage suivant.  Elle sait où nous allons !
Nous sommes partis bien avant elle. Elle a du remettre un peu d’ordre dans la maison et la sécurité avant de nous rattraper.  Ce qui lui a été facile, son roadster avalant les kilomètres qui nous séparaient en se moquant bien des limitations. Laure n’a pas de loi autre que celle qu’elle vous accorde.
Je me tourne vers Loreleï.
Elle est de l’autre côté de la banquette de cuir beige. Nous ne sommes que toutes les deux sur le siège arrière et il y a beaucoup de place dans la berline, pourtant elle s’est recroquevillée en chien de fusil contre la portière et toute son attention est concentrée sur son Smart-phone. Elle joue, comme hypnotisée par les briques multicolores qui obéissent et se rangent sagement aux ordres de ses pouces qui s’agitent fébrilement sur le rectangle sombre dont l’écran émet une lueur blafarde sur son visage d’ange.
Une enfant qui joue. Je souris en repensant à notre soirée  et à ses déchaînements de passion qui nous ont conduites à dépasser la nuit. Marc a raison, je ne peux me fier à son attitude timide de gamine effarouchée qu’elle prend naturellement. Cette femme-fleur a la volupté d’une orchidée.
Marc est au volant. Il conduit sereinement comme à son habitude. Entre ses mains la voiture semble être un tapis volant et glisse sans à coup sur l’asphalte brûlant de midi. Machinalement il a fait un amicale signe de la main au bolide pourpre qui le saluait.
Tôt ce matin, à mes demandes pressantes, il a tenté de m’expliquer là ou nous nous rendons en chuchotant par-dessus la tête de Loreleï qui dormait encore du sommeil d’après l’amour, pelotonner entre nous deux, la bouche entrouverte sur un souffle régulier, la main paresseusement posée sur mon ventre.
—  …Mais… Moins tu en sauras plus tu apprécieras ! Tu aimes les surprises, non ?
En tous les cas cela m’a l’air terriblement  officiel. Mon Maître est habillé de noir avec un col mao cintré de blanc ce qui lui donne l’air d’un clergyman, une apparence démentie par la figurine féminine, nue, crucifiée sur une croix de St-André, qu’il porte  au revers de son col.
A ses coté Kristale est vêtue de la tête aux pieds d’un cuir sombre presque menaçant qui contraste violemment avec ses cheveux blond platine. Elle porte un simple lacet noir autour du coup, sans anneau.Un apparat choisi et distingué, contrairement à nous. Il nous a juste été donné d’arborer  nos colliers de soumission, notre tenue vestimentaire n’a pas semblé être d’une grand importance.
Loreleï porte un jean scarifié aux genoux comme les apprécient les ados et un sweet-shirt blanc barré d’un « Love »pailleté de rose et souligné d’un « Hard » noir. On devine sous le tissu ses seins libres d’entraves. A son poignet deux bracelets joints, entortillés l’un à l’autre ; un bracelet rouge qui, je le sais, est un avertissement, l’interdiction de la toucher sans autorisation, et un bracelet blanc dont je devine le signal. Signal renforcé par son collier de cuir, blanc lui aussi, collier auquel pend un grelot d’argent. Le collier des novices.
Pour ma part je n’ai pas de bracelet de limitation et Marc m’a choisi un épais collier de cuir noir à double verrouillage orné d’un lourd anneau de fer forgé, patiné par l’usage. Je porte mon ensemble d’étudiante très british, jupe écossaise, escarpins noir en accord avec mon collier, chaussette et chemisette blanche, sans rien dessous comme le veux l’étiquette de soumise.

Pas trop rassurée, j’ai insisté.
— Oui, Monsieur ! J’aime les surprises ! Mais Monsieur, sil vous plaît, à quoi je dois m’attendre ?
Il prend son temps pour répondre.
— Tu sais, je ne suis pas dans le cercle depuis très longtemps… Mais c’est organisé avec beaucoup de sérieux…
Et il s’arrête sur sa lancée.
Je me lève sur un coude, bousculant la nymphette endormie contre moi. Je fronce les sourcils et fait une moue boudeuse, suppliante. Je veux en savoir un peu plus que çà et lui fait savoir. Marc ne se fâche pas de mon attitude, il s’en amuse. Il souffle et regarde autour de lui comme si il vérifiait que personnes ne pouvait l’entendre.
— Alors… C’est… C’est un genre de kermesse, plutôt déluré, où tout le monde s’amuse beaucoup et où chacun montre son savoir faire… Et nous apparemment, notre stand, çà va être ton procès !... Voilà, çà te va !
Et sans attendre ma réaction il se lève d’un coup de rein et se dirige vers la salle d’eau.
Chahutée par le départ sans précaution de Mon Maître, Loreleï sort de son sommeil. Ses yeux embués d’aigue-marine s’éclairent et, m’apercevant, me sourit avec tendresse.

Depuis notre dernier arrêt sur une discrète aire d’autoroute, cela fait maintenant deux heures que nous roulons. Loreleï n’a pas quitté son écran des yeux, indifférente aux paysages qui défilent et changent peu à peu. Impossible de savoir où nous nous rendons exactement, mais je devine que nous roulons vers le nord. Nous quittons l’Occitanie par le viaduc et nous louvoyons bientôt sur les flancs d’un paysage de montagnes couvertes de forêts denses, j’y devine les contreforts des Puys.
Au fur et à mesure que nous nous éloignions des grands axes, les routes se rétrécissent et se réduisent bientôt à un chemin mal goudronné qui s’enfonce dans une sombre forêt de mélèzes. Marc roule presque au pas en évitant les nids de poule. La voûte des arbres est oppressante et nous cache le soleil qui commence à peine à décliner. Même Loreleï a senti le changement d’atmosphère. Abandonnant son écran, elle se redresse et scrute, inquiète, la forêt de troncs noirs, fantomatiques.  Nous stoppons bientôt devant un grand portail de fer forgé d’arabesques qui barre totalement la route. Je constate avec étonnement que ce portail qui s’appuie sur deux piliers de pierre imposant, ne garde rien. Sur un des piliers une plaque moussu par le temps et presque illisible « Propriété Privée ». Pourtant,  il n’y a pas de mur d’enceinte et, à pieds, on peut le contourner sans difficulté. Sa seule fonction est d’empêcher le passage des véhicules venant de la route. Il y a d’ailleurs devant ce portail une placette de terre battue qui permet aux aventureux butant devant lui, de faire demi-tour. Marc laisse tourner le moteur. Sur le tableau de bord Le GPS clignote avec insistance  son message  « Vous êtes arrivé ».
Je tends le cou et scrute les alentours. Rien qu’une forêt noire sans âme aux troncs d’arbres semblables aux colonnes d’une cathédrale à la voûte sombre. Mon attention se reporte sur le portail incongru. Au sommet du pilier gauche Je remarque une petite lumière bleue surmontant un œil noire. Une caméra !
 Kristale se saisie de son téléphone et tape rapidement quelque message. La lumière bleue se met à clignoter. Elle s’adresse ensuite à Loreleï d’une voix douce. Elle semble, dans sa langue, lui donner des instructions. Pendant l’explication, et sur l’indication de Kristale, Loreleï se penche vers l’avant entre les sièges et lève la tête vers la caméra puis, sans broncher, la jeune fille dépose son portable sur le siège et tire sur la poignée de la porte. Elle sort, contourne la voiture par l’avant et d’un geste ôte son tee-shirt qu’elle dépose sur le capot avant, elle rejette ses cheveux vers l’arrière et écartant les jambes, place ses mains dans le dos le visage, la poitrine pointée vers la caméra Je n’ai pas le temps de m’interroger sur cet étrange rituel que Marc me lance impératif.
— Isabelle… Même chose !
A mon tour je m’extirpe du douillet cocon climatisé.
Au dehors l’air est frais et humide. Une odeur d’humus et de décomposition de végétaux me piquent les narines. Les alentours sont sinistres. Le sous-bois, sombre comme la nuit, est nu, sans végétation, couvert d’un tapis uniforme d’aiguilles de pin brunâtres, seul le bas-côté du chemin, où le soleil a pu se frayer un chemin au travers des frondaisons opaques, est agrémenté de hautes fougères. Pas un bruit, pas un pépiement d’oiseaux ne viennent couvrir le ronronnement assourdi du moteur. J’ai la sensation oppressante d’être au beau milieu d’une cave monumentale.
Je m’avance rapidement toute en déboutonnant ma chemisette et, une fois ôtée, la lance sur le capot, sur le tee-shirt de Loreleï. Seins nus, je me présente à côté d’elle, copiant son attitude. A mon tour, je glisse mes mains dans mon dos et darde ma poitrine dont les tétons se durcissent sous les doigts glacials de l’air saturé d’humidité, vers la caméra. Je lance un rapide coup d’œil à Loreleï qui reste statufiée comme hypnotisée par l’œil froid qui, je le devine, nous scrute attentivement. Je comprends alors qu’elle est en train de montrer son collier. Immédiatement je relève la tête pour, moi aussi, exhiber le témoin de ma soumission.
Il ne faut que quelques instants pour qu’un déclic sec nous annonce le déverrouillage du portail qui commence à s’entrouvrir lentement, meut par quelque mécanisme caché. La vitre du conducteur se baisse et la voix de marc vient troubler le silence.
— Allez, Mesdemoiselles…Grimpez ! On y va !
Avec un bel ensemble, sans que Loreleï ait besoin de traduction, nous nous emparons de nos vêtements et sans prendre le temps de les remettre nous nous précipitons vers nos portières respectives comme si nous étions poursuivie par les esprits du lieu, pressées et soulagées de quitter cet endroit inhospitalier.

Le véhicule se remet en marche lentement comme si il pénétrait dans un sanctuaire. Pendant que nous nous rhabillons Kristale se retourne sur nous et lance en riant.
— Vos colliers sont nos mots de passe. Aujourd’hui les soumises sont a l’honneur !
Et elle me fait un clin d’œil malicieux. Ce qui ne me rassure pas vraiment. Je sais trop bien ce que vaut l’honneur d’une soumise pour Kristale.
Je reboutonne mon chemisier et machinalement pour me réajuster mon regard accroche le rétroviseur. Je me retourne, intriguée. Derrière nous, à vingt mêtres, un véhicule, un coupé de luxe blanc aux vitres teintées est engagé sur le chemin et se rapproche, mais il ne nous rattrape pas, le lourd portail s’est déjà refermé sur nous et lui interdit le passage, le forçant à stopper devant lui. En plaçant le dernier bouton je me dis que le rituel va une fois de plus se renouveler. Curieuse, je scille des yeux pour essayer de distinguer au travers des grilles épaisses la silhouette féminine qui vient de descendre de la voiture et s’approcher du pilier où s’active l’œil inquisiteur. Je ne peux en voir plus, nous nous éloignons et bientôt à la faveur d’un tournant, le portail de fer et sa suppliante disparaissent à ma vue.

Chap.65. Le Roi des Ombres

27 mars 2019

Chap. 63. A ma volonté

Comme elle est belle !
La pensée m’en vient comme une évidence.
Rêveuse, son regard de lapis furète au hasard sur le mur au dessus de ma tête, ses longs cheveux de lin blanc ramenés sur le dessus de sa tête en une parfaite queue de cheval retombent gracieusement sur le côté de son épaule en longeant comme une caresse un visage juvénile. Elle s’humecte rapidement les lèvres entrouvertes d’un petit coup de langue humide si rapide que j’ai à peine le temps de le saisir.
Loreleï  a gardé la posture au pied du lit tout le temps de nos ébats et pourtant la lassitude n’altère en rien son allure hiératique. Les jambes largement écartées, les mains dans le dos, cambrée à la limite de la rupture. Ses petits seins pareillement à deux demi sphères parfaites en équilibre sur un buste tendu vers le ciel, surmontés de mignonnes aréoles  nacrées de rose tendre, deux petites meringues gonflées de désir qui ne demandent qu’a être croquées.
Sa taille, haute, est ceinturée d’une fine chaine d’or qui se rassemble devant son nombril ourlé d’un imperceptible duvet d’électrum chatoyant pour retomber sur son ventre tendu et disparaitre entre ses jambes, entre les lèvres entrouvertes irisées par l’onctueuse liqueur de plaisir qui sourd de la fente du plus ravissant des fruits charnus que j’ai jamais vu. La chaine d’or, mouillée de liqueur de cyprine s’engage fermement entre ces lèvres pour, je le sais, aller rejoindre l’anneau d’or  qui entrave les pétales soyeuses et repliées de la rose ainsi captive, l’empêchant de s’éclore librement. L’anneau qui scelle sa virginité et actionne le plus diabolique des mécanismes commandant une jouissance imposée.
Les deux fines colonnes d’albâtre de ses cuisses s’appuient et disparaissent au pied du lit, mais je devine et me souviens de sa façon de se tenir sur la pointe des pieds, comme si elle marchait sur des tessons de verre, précieuse et délicate.
— Comme elle est belle !
Cette fois je m’exclame à haute voix tout en me tournant vers Mon Maître.
Nous somme nus au dessus des draps froissés. Marc n’a pas jugé bon de nous  glisser dessous. Il voulait que Loreleï assiste nos retrouvailles. Qu’elle constate ma docilité et ma disposition à jouir de mon statut de soumise. Je sais qu’elle  vu ma bouche s’arrondir sur le sexe tendu de Mon Maître sous ses yeux. Elle m’a vu écarter les jambes et gémir de plaisir sous les étreintes appuyées.  Elle m’a vu, la croupe tendue et la taille ceinturée par les mains de mon amant pour en parfaire la pénétration. Ainsi offerte,  la tête posée sur mes bras, du coin de l’œil, je l’ai surprise à la dérobé, les yeux écarquillées, la bouche entrouverte sur un souffle retenu, les joues empourprées, sous l’effet de la gêne… Ou du désir ? Marc a tout fait pour qu’elle ne perde pas une miette de mon humiliation voulue sous ses yeux.
Nous sommes nus, couchés côte à côte et face à nous, debout au pied du lit, Loreleï nous fait miroir. Marc glisse ses bras sous sa tête et observe posément la jeune fille comme si il l’a découvrait pour la première fois.
Il hoche du menton et se tourne vers moi.
 — Je suis content qu’elle te plaise… Parce qu’elle est à toi.
A moi ?
— A moi ?
— Oui !  Jusqu'à avis contraire en tout cas !
Je reste dubitative. Ma condition de soumise me convient parfaitement, je n’arrive pas a me glisser dans la peau d’une maîtresse.
— Je… Je ne sais pas si j’y arriverais… C’est si…
— Bien sur que oui, je t’ai vue avec Sonia…  Tu m’as impressionné, c’est à ce moment que j’ai pensé à t’offrir cette expérience… Je crois que Mademoiselle Loreleï fera parfaitement l’affaire. Elle est, de plus, très demandeuse.
Je lance un regard interrogateur à la jeune femme qui a sourcillé à l’énoncé de son nom.
Revenant à Marc.
— Mais je… Vous savez, je ne saurais pas faire de mal. Vous vous souvenez quand Kristale m’a obligée à donner le fouet à Laure… Je n’ai pas pu. Je crois que j’aurais préféré recevoir les coups à sa place.
Marc fronce les sourcils et me contemple comme si il découvrait une sotte à ses côtés.
— Ha donc ! Tu crois qu’être Maitre c’est se limiter à faire souffrir ?
Je me renfrogne sous la réprimande et d’une voie sourde.
— He bien, Oui… Quand même… Un peu…
Je minaude en lui souriant, l’air entendu. Je n’ose pas développer mon argumentation et, affubler de vive voix Mon Maître des qualificatifs de la perversion et du sadisme.
Une mimique interrogative de Marc m’y invite pourtant.
— … Eh bien Monsieur… C’est un peu le jeu, non ?  C’est aimer souffrir et faire souffrir et le Maître prend du plaisir à faire souffrir physiquement  et moralement…C’est un peu… Un peu…
Marc continu ma pensée
— … Pervers ?
— Oui… Maître !
— Humm ! Tu as en partie raison et un observateur extérieur,  dans la vision vanille, le voit certainement comme cela. En fait c’est un peu plus compliqué !
 Marc se redresse, roule sur le côté vers moi, se cale sur son coude gauche et sa main droite se pose sur sein. Son majeur, complice du pouce s’empare doucement du mamelon tandis que son index en agace la pointe qui se dresse aussitôt sous la caresse. Il me fixe droit dans les yeux.
— Donc tu penses que je prends un plaisir pervers à te faire souffrir ou à te voir souffrir ?
— Oui, Monsieur.
— Et donc,  tu souffre et… Tu n’y prends pas de plaisir ?
Je dois bien l’admettre en rougissant.
— Oui… Si ! Bien sur !
— Tu ne crois pas, plutôt, que je prends du plaisir à te faire plaisir ! Puisque tu accepte de souffrir par plaisir ?
Perplexe, je fronce les sourcils en me rendant compte de l’habile inversion de point de vue qu’il me propose.
— Je… Oui, Monsieur ! Excusez moi, je ne l’avais pas vu sous cet angle
Marc sourit et dépose un baiser mouillé  de sa langue sur la pointe de mon sein resté libre et qui répond aussitôt d’un frémissement érectile.
— En fait je suis plutôt un hédoniste !
J’ouvre de grands yeux interrogateurs et suspicieux.
— Oui… En fait j’éprouve beaucoup de plaisir et te voir jouir. Peux m’importe le moyen et peu importe que tu aies choisi la soumission et la pénitence pour y parvenir. C’est un devoir pour moi de t’amener à ce bonheur… Puisque tu m’as choisi pour.
Il penche la tête de côté et me contemple rêveusement, cligne plusieurs fois des yeux et redevenant sérieux, continu.
— Tu sais dans notre cas et tout ceux qui nous entourent le qualificatif de sadomasochisme  ne s’applique pas,  on devrait plutôt parler d’hédo-masochisme ! Le pervers impose la souffrance a une personne qui ne le désir pas et moins elle le veut et plus il y prend de jouissance. Tu penses que c’est mon cas ?
— Oh non, Monsieur… J’ai même remarqué que certaines fois vous n’étiez pas enchanté de me voir punie.
— Bien sûr, n’oublie pas notre credo : Aucune punition n’est administrée sans que…
Je continue sa phrase.
— … Celui qui la commande ne soit impliqué !
Marc se laisse retomber sur le dos.
— Il va falloir que tu t’y habitue maintenant… Tu as la charge de Loreleï et celui de lui rendre ce plaisir.
Le visage de la jeune fille s’illumine de ses grands yeux interrogateurs. Elle cherche à deviner ce qui est dit sur elle.
Je désigne celle qui est censé être maintenant ma soumise du menton.
— Et elle ?... Elle y prend du plaisir ?
Marc s’esclaffe.
— Oh que oui ! Ça je peux te le certifier ! Ne te fie pas à son joli minois de femme-fleur. Tu n’es pas là par hasard, et bien… Elle non plus !

D’un coup de rein il se relève vivement et contourne le lit pour se retrouver derrière Loreleï. La jeune fille ne bronche pas lorsqu’il se colle à elle et que leurs peaux nues se touchent,  Il s’empare de ses seins à pleines mains pour en caresser les délicats mamelons. Le regard de Loreleï se trouble à peine lorsque Marc contournant  la queue de cheval de lin blanc dépose un baiser sur son cou gracile. Elle se tourne même vers lui bouche bée pour chercher ses lèvres et demander son baiser.  Mais il n’y répond pas, et elle ne happe que le vide.
Marc la saisi par les épaules et, toujours derrière elle, la pousse au bord du lit.
— Fait-nous une place Isabelle !
D’un coup de rein je me déplace sur ma gauche et me retrouve presque dans la diagonale de la couche.  Mon Maître appuie sur les épaules de la jeune femme et elle s’agenouille sur le bord du lit face à moi.
— Ecarte donc les jambes ! Mademoiselle Loreleï, va faire ta connaissance.
Je comprends immédiatement où Marc veut en venir.
Autant profiter de l’offrande dans les meilleures conditions !  D’un nouveau sursaut je me cale face à Loreleï, cale mon oreiller sous ma nuque, et écarte les jambes lui présentant ma fleur encore poisseuse de l’hommage qu’il m’a rendu devant ses yeux. Elle fixe mon entrejambe comme hypnotisée. Une onde sourde prend naissance au creux de mon dos et pulse vers mon ventre qui déjà se prépare au plaisir. Je n’ai pas le temps de l’accueillir par un sourire que déjà Marc la force à se pencher sur moi. Surprise, et pour amortir sa descente sur mon ventre, Loreleï quitte sa pose de soumission et plaque ses deux mains sur mes cuisses les écartant encore un peu plus  Je tressaille lorsque ses lèvre fraiches touchent  ma peau juste au dessus de ma fente brulante et que ses cheveux noués glissent le long de mon flanc en une délicate caresse.
Je ne résiste pas a l’envie et lui saisis la tête à deux mains et, la repoussant en  projetant mon ventre vers son visage, l’oblige à embrasser à pleine bouche ma fleur offerte, vibrante de bonheur, en louant intérieurement Marc de me faire un si beau cadeau.
Loreleï n’est vraiment pas une mijaurée, et je constate immédiatement que l’enseignement de Kristale y est pour beaucoup. Passé l’instant de surprise, sa petite langue fraiche commence à entamer une sarabande désordonnée entre les lèvres de ma vulve tentant de se frayer un passage sous le pétale de chair qui coiffe le bourgeon  sensible où elle pourra s’attarder et démontrer sa fougue à me faire plaisir. Une turgescence coquine la guide et un crépitement électrique me fait me mordre les lèvres lorsqu’enfin elle touche au but et qu’elle s’en empare du bout des lèvres.
Je ferme les yeux et ne retiens pas un gémissement de contentement indiquant ainsi à mon Maître, resté debout au bord du lit, que Loreleï est à la tâche et que cette caresse est la bienvenue.

En levant les yeux je constate à l’érection de Mon Maitre que Loreleï n’aura pas seulement à me contenter. La croupe de la jeune fille  qui s’agite doucement et ses reins qui se creusent à chacun de ses coups de langue lascifs ne peux laisser insensible et sa posture cambrée aux jambes écartées, offerte, ne peut lui laisser de doute quant à sa mise à disposition. Il se hisse à son tour sur le lit et se cale posément entre les cuisses de Loreleï. Dans un même mouvement il a porté sa main à la bouche pour en recueillir la salive et enduire consciencieusement la tête d’ivoire poli qui s’apprête ainsi au plus doux des sacrilèges.
Je devine le chemin que Marc va emprunter pour l’honorer. L’autre voie, encore vierge de passage d’un homme, est celée par l’anneau d’or et sa bouche est déjà occupée à m’exprimer sa passion. Il ne reste que celui que Mon Maitre réservait chez moi à son plaisir personnel.
En un mouvement rapide le fier assaillant disparait derrière les deux collines ondulantes de Lorelei qui le cache à ma vue et je réalise a son piaillement étouffé qu’il vient de buter à la porte  si peu défendue de la jeune fille.  Comprenant l’assaut qui se prépare Loreleï cesse brusquement tout mouvement, à mon grand regret sa langue fige et je sens ses mains se crisper sur mes cuisses et s’y cramponner comme une naufragée à sa bouée.
Je la soupçonne d’être  déjà habituée à ce type d’assaut. Elle n’a toutefois pas le temps de s’y préparer et je comprends, au petit cri désespéré qu’elle pousse entres mes cuisses, que le bélier de chair après s’être rapidement positionné, ce qui l’a alerté, vient de distendre  la tendre rosette et s’y engager en en forçant l’entrée sans vergogne.  L’effraction est aisée et semble se faire sans effort, ce qui me confirme qu’elle a déjà été réalisée de nombreuses fois.
Un deuxième coup de rein le fait progresser un peu plus et Loreleï n’y tiens plus, m’abandonnant elle se redresse en prenant appuis sur mes cuisses  et se retournant tente de regarder son agresseur en lançant d’une voix fluette un appel à la clémence.
— Zacht !... Zacht !…  Alsjeblieft !
Ce à quoi Marc, ne comprenant pas plus le néerlandais que moi, répond par un troisième coup de rein qui lui fait pousser un jappement de douleur.
Elle se retourne alors vers moi et, comprenant que rien ne pourra tempérer l’assaut, m’offre alors en spectacle son doux visage crispé par l’appréhension et l’affliction d’être ainsi profanée. Je ne sais pas si elle me voit encore, mais ses yeux embués me fixent comme pour y quémander une grâce que je ne peux lui accorder.
La progression du bélier de chair en elle se lit sur son visage à livre ouvert.
Les lèvres pincées, les sourcils froncés d’appréhension, sa respiration s’accélère pour devenir saccadée. Quand l’assaillant progresse et se fraye un passage plus profondément, elle entrouvre la bouche sur un cri muet et lève les yeux au ciel en une victime sacrificielle qui accepte son supplice. Entre deux grimaces de douleur je parviens toutefois à y distinguer de faibles sourires vite réprimés. Sourires qui annoncent le renoncement de la résistance à la montée du plaisir, l’acceptation de la souffrance pour y trouver la jouissance.
Je connais ce passage de l’affliction au plaisir et dans un geste de sororité  bienveillante, je lui saisi les poignets. Je ne sais si mon geste d’affection la console quelque peu mais Loreleï semble se détendre elle baisse la tête, résignée, et la crinière de ses cheveux noués balayent mon ventre. Son visage disparait, mais je peux percevoir ses murmures de vaines supplications.
— Oh ! Mijn god! … Mijn god!...
Cela ne semble pas amadouer Marc qui, enserrant la taille de la frêle jeune fille, de ses mains puissantes parfait son assaut, lentement cette fois, mais puissamment et sans à-coup s’engage complètement dans les reins de Lorelei.
Une fois parfaitement emmanché, il marque une pause puis commence un léger roulis comme pour en élargir le passage ainsi conquis.
Un petit mugissement monte de la cascade de cheveux blonds qui me cache le visage de la jeune femme. Mugissement qui gagne en intensité au fur et à mesure que le mouvement de son cavalier s’amplifie. Ayant pris ses aises et facilité ainsi le passage l’assaillant se retire lentement puis reviens brusquement à l’assaut, sans sommation, plaquant d’un coup sourd les fesses de la belle contre le ventre de son  amant résolu à lui faire manifester son désarroi.
 Le mugissement  se coupe d’un glapissement de surprise. D’une ruade Loreleï relève la tête fouettant l’air de ses cheveux, la bouche grande ouverte, les yeux révulsés. Elle n’a pas le temps de protester qu’un deuxième coup de boutoir porté à pleine puissance la projette vers moi dans un grand cri.
Elle tente de se soustraire au troisième choc en s’avançant encore entre mes jambes et son joli visage grimaçant sous la douleur se retrouve au quatrième coup juste au dessus du mien. Pour ne pas qu’elle bascule, je lâche ses poignets et d’un geste rapide lui ceinture les épaules joignant mes mains sur sa nuque.
Les coups de boutoirs s’accélèrent alors et je peux presque sentir le piston qui pilonne les entrailles de la jeune fille qui a renoncé  à se dérober à l’odieuse étreinte.
Elle ahane ses petits cris de chaton blessé  à chaque intromission forcée mais le registre de ses plaintes change peu à peu et je devine aux — Ja !… Ja !… Oh !…Ja ! — étouffés qui scandent la chevauché que la jeune fille, lâchant prise, accompagne maintenant la montée du plaisir.
Loreleï se révèle alors. De gémissement de gamine apeurée ses cris se transforment peu à peu en une musique gutturale, rauque d’une femme prenant un plaisir évident à être ainsi chevauchée et ses cris deviennent un signal de consentement et d’encouragement à son assaillant, le rythme de l’abordage s’accélère encore. Ses yeux se révulsent et sa bouche grande ouverte émet une plainte ininterrompu qui se termine par une proclamation de jouissance atteinte, lorsqu’au paroxysme du plaisir, vaincue, ses bras tendus qui amortissaient les chocs cèdent, se plient. Elle s’écroule sur moi et vient nicher sa tête dans le creux de mon cou et mon épaule, haletante, cherchant l’air, tentant de reprendre son souffle syncopé par l’effort.

Loreleï se calme peu à peu. Marc se retire discrètement sans un bruit, gagnant la salle d’eau attenante. Je le regarde s’éloigner en caressant machinalement la nuque de la jeune fille qui se détend, et, libérée s’allonge sur moi de tout son long. Elle renifle plusieurs fois, un liquide chaud coule sur mon épaule, puis elle relève la tête. Son visage est inondé de larmes et pourtant elle me sourit timidement me regardant comme si elle venait de commettre une faute et cherchait à se faire pardonner. Pour la rassurer je calice son visage de mes mains et, lui souriant à mon tour, lui tend mes lèvres. Ses yeux d’aigue-marine retrouvent leur pureté et, accompagnant la sollicitation de mes mains qui entrainent son visage, sa bouche s’ajuste à la mienne.
Parce que, c’est ma volonté.

Chap.64. Le Portail de fer

6 mars 2019

Chap. 62. Le jugement de fer

Un coup de tonnerre viendrait d’exploser dans le salon que cela n’aurait pas fait plus d’effet !
Le corps et le visage de Kristale se figent, Ses yeux s’écarquillent d’incompréhension muette. Un temps de latence, de sidération, qui ne sied pas à Kristale, si fière de son self-control. Elle reste un moment coite, puis,  son esprit se remet en marche et déchiffrant peu à peu ce que Marc vient de dire et ce que cela impliquait, le sang reflue de son visage et ses lèvres se mettent à trembler imperceptiblement.
Une fureur difficilement maitrisée monte en elle.
Comme si elle risquait de le casser, elle repose avec délicatesse le verre encore plein qu’elle s’apprêtait à porter à ses lèvres. Ses sourcils se froncent  et sa bouche forme un O parfait de stupéfaction. La bouche ouverte,  ses yeux se portent alternativement sur Marc et moi.
Je n’ose pas imaginer le sourd complot qu’elle cherche à deviner, comme si nous nous étions concertés pour la défaire de sa victoire.
Comme sous l’attente d’un coup, je me recroqueville, tous mes muscles se tendent et je me mords les lèvres. Loreleï, elle, garde sa superbe et son impassibilité. Son incompréhension de ce qui se joue devant elle lui permet de garder son flegme.
Dans un hurlement contenu Kristale vocifère.
— Quoi ?... Co… Comment çà ???
Elle s’étrangle presque.
Marc se détend alors, son attitude change en un instant.  En réponse à Kristale il se saisit de son verre, se cale confortablement dans le sofa et s’adressant calmement à elle, lance posément.
— Ce n’est pas le mot de passe, Kristale… Pas du tout !
Kristale bondit comme un diable hors de sa boite et me dominant de toute sa stature.
— C’est vrai Isabelle ?
Et sans attendre ma réponse.
— Tu n’as pas le droit… Petite garce !
Sa main se lève. Cette fois Loreleï vient de comprendre la fureur de sa maitresse elle perd de sa superbe et s’avachie, tête baissée, comme si elle s’apprêtait à recevoir le coup qui pourtant m’est destiné. Je tourne la tête pour amortir le choc qui ne vient pas.
Marc vient d’émettre ce petit bruit qui m’est si coutumier, ce petit claquement de langue qui signale sa désapprobation suivi d’un « non » sec et impératif.
Cela a suffit pour que Kristale retienne sa main.
Marc porte le verre à ses lèvres, en déguste lentement une goulée et me regarde malicieusement tout en s’adressant à Kristale.
— Alors… Expliquez-moi ça ! Kristale comment as-tu obtenu ce soi disant mot de passe ? Et Isabelle, qu’est ce qui t’as conduit à mentir ?
Brusquement vidée de son énergie Kristale se rassoit lourdement sur le sofa, elle s’empare prestement du verre de champagne qu’elle avait délaissé et le bois d’une traite sans en gouter la saveur comme elle a l’habitude de la faire avec affectation.
Le verre vide toujours collé aux lèvres, elle lance froidement.
— Je l’ai donnée au chien !
Marc lève un sourcil contrarié.
— Le chien de Maud ?
— Oui !
La réponse est sèche. Je comprends au ton de Kristale qu’elle est prise en faute, qu’elle a dépassé ses prérogatives pour obtenir le safeword.
Elle relance pour se justifier, arrogante.
— Ce n’était pas exclu des règles du jeu.
Marc à l’air chagriné, il se racle la gorge.
— C’est vrai. Mais je ne pensais pas que tu irais jusque là !
— Il n’y avait pas de limites de fixées dans les règles… J’en avais le droit !
Marc se tourne alors vers moi et répond à ma place.
— Et donc Isabelle t’a menti et ta donné un faux mot de passe pour échapper à ton stratagème… C’est cela ?
Immédiatement Kristale comprend où mon Maître veut en venir.
— Oui, mais…
Marc la coupe et d’un ton goguenard.
— Cela non plus n’était pas interdit par les règles, donc Isabelle en avait la possibilité.
Kristale se raidit.
Marc continue en me lançant un regard d’admiration.
— Et elle l’a fait sans le savoir… Avoue qu’elle t’a bien eu !
Marc ne devrait pas jubiler en cherchant à humilier Kristale.
Comme sous un coup elle se tasse et son visage se ferme et elle murmure d’un ton rauque.
— Non ! Certainement pas !... Je ne l’accepte pas !
Kristale se sert vivement un autre verre toute en lançant.
— On règle çà comment ?
En un instant, elle a retrouvé sa maîtrise et sa froideur annonce une négociation serrée. Son verre plein elle s’en saisit et se lève.
— Vient Marc… On va en discuter… Mais pas devant ces deux gourdes !
Et dédaigneuse elle prend la direction du patio, à l’endroit même où elle m’a livré aux caresses libidineuses du  jardinier.
Marc dodeline de la tête, et me lance un clin d’œil complice. Ma poitrine se gonfle de bonheur
Il se penche vers moi et m’embrasse sur le front.
— Soyez sages toutes les deux, hein ?
Et se tournant vers Loreleï, mais continuant de s’adresser à moi.
— Pas de turpitudes… Comme la dernières fois !
Un nouveau clin d’œil ponctue son départ vers le bar pour y rejoindre la furiblonde.
Je fronce les sourcils et adresse à Loreleï un regard interrogateur. Elle y répond par un sourire attendrissant. Comment a-t-il fait pour savoir si elle ne lui a pas dit et surtout, comment lui a-t-elle raconté ?
Son genou touche le mien. Je lui envoi une ruade du mien tout en lui lançant une grimace de contrariété. Son sourire s’efface juste un instant, pour être remplacé par une moue amusée d’incompréhension. Sa frimousse ingénue et ses yeux d’aigue-marine qui révèlent avec grâce sa candeur me désarme… Je crois que j’aime bien cette gamine licencieuse.

Pour tromper l’ennui et notre inconfort, de tant à autre Loreleï appuie son genou contre le mien répondant à mon invite de mes petits à-coups. On se fait du genou, par jeu, pour passer le temps et adoucir la pression du sol de marbre sur nos articulations. Nous jetons à tour de rôle des regards vers nos Maîtres. La discussion semble véhémente et ils ne prêtent absolument pas attention à nous  mais nous n’osons pas quitter la pose. La lassitude n’a pas le temps de me gagner, la négociation achevée Marc et Kristale reviennent vers nous et ils reprennent place sur le sofa de cuir blanc.
Kristale repose le verre sur la table, elle ne l’a pas bu, et s’adresse à moi.
— Nous avons trouvé un accord ! Demain soir nous nous rendons à l’Assemblée de Fer. Marc a suggéré que nous portions ce petit différend devant ses plus hauts membres afin qu’ils tranchent.
Elle se passe la langue sur les lèvres. Elle a repris son calme, apparemment Marc a su trouver les mots pour. Elle me sourit comme si rien ne s’était passé. Elle est déjà dans un nouveau jeu.
—  Ils ont déjà formé ce genre de tribunal à maintes reprises. C’est une attraction très apprécié de ces soirées !
Elle reprend la coupe de champagne et avant de la porter à ses lèvres.
— Vous voyez Mademoiselle Isabelle, une fois de plus vous allez être le point de mire de toute une assemblée, et il faudra cette fois plus que vos charmes pour les satisfaire. La reprise du vouvoiement et son allusion à mon corps livré à la meute des maraudeurs me met mal à l’aise.
Elle sirote une goulée et se tourne vers Marc.
— Nous sommes bien d’accord que nous nous soumettrons à leur jugement, quel qu’il soit ?
Marc opine du chef en souriant.
— Tout à fait d’accord !… Mais en attendant, puisque c’est toi qui conteste, Isabelle et Loreleï restent sous ma coupe et tout ce qui était prévu au contrat reste valable… Jusqu’au jugement !
Kristale ne trésaille même pas sous l’exigence de mon Maître. Elle a même un œil malicieux.
— D’accord… Mais vous ne toucherez pas à la virginité de Loreleï et je ne serai pas la soumise d’Isabelle… Jusqu’au jugement !
Affaires faites, les deux compères se saisissent de leurs verres qu’ils entrechoquent en se regardant droit dans les yeux.

Chap. 63. A ma volonté

14 janvier 2019

Chap. 61. Mystification

Je n’en mène pas large.
Après l’annonce triomphante au téléphone de Kristale de ma réédition. Je n’ai pas réellement dormi. Un demi-sommeil peuplé du regard courroucé de mon Maître avant de se détourner dédaigneusement, attitude qui marque la fin de sa confiance en moi, la fin de son amour, peut-être même la fin de cette histoire.
Je n’en mène pas large.
Parce que Kristale a exigé que je reste nue pour recevoir Marc et Loreleï. Depuis l’entrée, la maîtresse de maison guide mon Maître vers nous en me désignant d’un doigt nonchalant.
— Tu vois, je ne te l’ai pas trop abîmée !
Sans desserrer les dents, Marc acquiesce d’un petit sourire de condescendance. Mais il n’a pas jeté un regard sur mon corps encore discrètement strié du fouet et des étreintes. Des marques, que Laure, malgré tous les soins apportés, n’a pas réussie à faire totalement disparaître,  cela ne l’intéresse pas. Dès qu’il a pénétré dans la salle ses yeux se sont accrochés aux miens. Visage fermé, il cherche une réponse du regard — Tu as failli ? — Le reproche non-dit me transperce le cœur et les larmes me montent aux yeux.
S’il savait !
Loreleï est là,  un pas en arrière. Kristale ne lui a prêté aucune attention, trop occupée à jubiler autour de Marc. La nymphette n’est vêtue que d’un minuscule short de jean élimé qui couronne le haut des ses cuisses élancées et d’un caraco court qui laisse apparaître son ventre tendu ceinturé de la chaînette dorée qui disparaît entre ses jambes où, je le sais, elle va rejoindre l’anneau d’or qui cèle sa virginité. Elle a pris immédiatement la pose adéquate, les mains derrières le dos qui fait saillir sa poitrine arrogante sous la pièce de tissus blanc,  les jambes à demi-écartées, parfaitement cambrée, disponible à la caresse. Je devine la soumise débutante qui veut bien faire et être au mieux de sa présentation à son maître. Pourtant, au lieu de baisser les yeux comme il serait de mise, elle me contemple de ses prunelles de lagon bleu, la tête légèrement penchée sur le coté, presque goguenarde, Je ne sais si elle savoure ou se gausse visiblement de ma nudité imposée.
Comme, pour renforcer ma honte Kristale lance.
— Isabelle, lève les bras  tourne sur toi-même, qu’on voit bien !
Je m’exécute docilement et pivote gauchement sur moi-même. Je résiste à l’envie de cacher mes fesses marquée par le fouet de Maud et m’arrange pour croiser mes jambes et dissimuler tant bien que mal les griffures du chien sur mes mollets.
Kristale raille
— Quelques petits coups de fouet permet de s’assurer de la bonne conduite de ta… de Ma petite chienne !
Kristale a bien insisté sur le « Ma ».
Je termine mon tour de corps et leur fait face de nouveau. Je reprends la posture de soumission, copie conforme à celle de Loreleï, Mais je baisse les yeux pour éviter ceux de Marc qui est resté de marbre à la plaisanterie de Kristale.
— Et vous Cher Maître, ma petite protégée, vous me la rendez dans quel état ? Toujours vierge j’espère ?
Marc ne répond pas et se contente de claquer des doigts.  Par en dessous, je perçois Loreleï qui immédiatement se concentre sur lui. Il a alors un geste étrange de la main, après l’avoir fermé en forme de tulipe il l’ouvre en déployant ses doigts. Le geste est gracieux et sans équivoque.
Loreleï quitte sa posture et soulève le caraco, dévoile sa poitrine aux oves  parfaits surmontés de tétons roses et miel. Sans s’en soucier elle laisse tomber le caraco au sol et entreprend d’abaisser son short en se tortillant voluptueusement. Comme pour le bustier elle ne porte pas de sous-vêtements  et après avoir déchaussé ses petits escarpins de toile, elle se retrouve aussi nue que moi.
Une fois son effeuillage fait, son attention se reporte sur Marc qui toujours devant elle fait pivoter plusieurs fois son index pointé vers le haut.
Loreleï lève alors les bras au dessous de sa tête et se met à pirouetter lentement avec grâce comme le ferai une danseuse. Tandis qu’elle pivote je ne peux m’empêcher de détailler son corps. Aucune marque, aucun signe de punition ou de violence, sa peau est même légèrement dorée,  comme si elle avait passé les  jours précédents au soleil, ce qui contraste avec bonheur avec le blond presque blanc de ses cheveux ramenés en un imposant chignon sur sa nuque fine. Son port et sa cambrure reste magnifique, peut-être par jeu ou pour parfaire son exhibition, elle s’est hissée sur la pointe des pieds et lui donne ainsi une attitude de fragilité émouvante.
En deux gestes, sans aucune parole, Marc nous offre le plus beau des spectacles. Je comprends alors que lui aussi a gagné son pari. En soumettant parfaitement la jeune fille à ses commandement il a jugé bon de porter à son paroxysme l’expression  « obéir au doigt et à l’œil » ce qui d'emblée  rejette toute objection à la réussite de son dressage.
Kristale aussi l’a compris comme çà et elle prend un air impressionné.
— Bien, bien cher Maître,  je vois que vous êtes aussi parvenu à vos fins… Allons dans le salon…
Kristale nous précède et désigne le divan où a commencé cet étrange pari. Nous voici revenu au point de départ de ce jeu insolite.
De l’index Marc désigne le sol devant le sofa, puis ferme le poing vigoureusement. Un nouveau commandement qui s’adresse à Loreleï qui ne se fait pas prier et s’agenouille sur le sol de marbre face à la table basse,  les jambes écartées et les mains dans le dos en une parfaite posture de servilité. Je ne peux rien faire de moins que la même chose et m’agenouille  à sa droite  copiant la posture et m’arrangeant pour que mon genou gauche touche le sien.
Nos maîtres respectifs prennent place sur le sofa de cuir blanc. Laure, qui s’était retirée sans un mot, revient avec un plateau de sur lequel est posé une bouteille de champagne dans son seau de glace et deux coupes. Kristale me fait face mais s’adresse d’emblée à sa protégée d’une voix douce. C’est une suite de questions en néerlandais que je ne comprends pas, auxquelles elle répond par de petits ja !... ja mevrouw !...
Sa voix est claire, musicale, douce, presque  minaude, la voix d’une enfant timide prise en faute mais qui sur joue sa gêne. Au fil des questions le visage de Loreleï s’empourpre et elle jette des regards désespérés autour d’elle comme un petit animal acculé qui cherche des yeux le chemin qui lui permettrait de s’enfuir.
Je commence à deviner le contenu de ces questions à l’embarras de la jeune fille et au demi-sourire concupiscent de Kristale.
Elle la questionne sur son séjour passé avec Marc.
Poursuivant son entretien Kristale se saisit d’une des deux coupes que Laure à rempli pendant l’entretien avant de s’éclipser discrètement. Elle la porte à ses lèvres et lance une dernière question.
—  nog maagd ?
Loreleï me jette un rapide coup d’œil en coin avant de répondre en s’étranglant.
— Ja meesteres !
Satisfaite, Kristale se cale au fond du sofa. Elle porte un doigt sur le bord de la coupe et le fait glisser lentement en petit cercle, comme pour en éprouver le tranchant.
— Je constate Cher Maître que vous avez goûté aux charmes de mon indécente protégée sauf au principal ?
Marc réponds tout de go, sans émotion.
— C’est ce qui était convenu !
Kristale hoche la tête.
— Oui, bien sûr… Et vous n’avez pas de questions à poser à Mademoiselle Isabelle ?
La réponse de Marc est cinglante.
— Non.
Le froid de sa voix me glace le cœur. Il n’a même pas envie de savoir. Il est juste là pour constater ma défaillance et sa froideur me dévoile comme sa déception doit être profonde. Il veut en finir et vite.
Une larme perle à ma paupière.
Monsieur … Marc, si tu savais comme je redoute ce moment, ce moment ou tu vas comprendre à quel point j’ai failli, à quel point je vous ai offensé en manquant mon devoir de soumise obéissante. Mais il n’y avait pas d’autre issue possible.
Pardonne-moi !
Kristale me jette un œil et, goguenarde.
— Vous faites pleurer ma soumise Cher Maître ! Ce n’est pas fair-play !
Elle se lisse les lèvres.
— Bien, clôturons ce petit jeu… Isabelle a bien voulu me donner le mot de passe qui verrouille votre enseignement et suivant nos accords dorénavant Isabelle m’appartient corps et âme… Ces mots sont…
Et Kristale égrène les trois mots qu’elle m’a arrachés sous la contrainte et le plus odieux des chantages.
Accablé, Marc baisse la tête, reste un moment comme abattu, puis, lentement, se tourne vers moi et me lance un regard perçant, brillant de stupéfaction, incrédule. Il fronce les sourcils et s’humecte les lèvres pour se braquer vers Kristale.
— Mais… Ce n’est pas du tout cela !… Ce n’est pas notre safeword !

 Chap. 62. Le jugement de fer

2 janvier 2019

Chap. 60. Le Triomphe de Kristale

Une chose est assurée… On peut faire confiance à Kristale quant à sa parole.
Nous avons passé toutes les trois un après-midi de farniente. Maud a pris congé en me lançant un dernier sourire en coin et caressant la tête de son dogue qui, me semblait-il, me dévorait des yeux. Nous nous retrouvons maintenant, toutes les trois, à lézarder, nues, qui dans le patio, qui sur la plage de la piscine en plein soleil. J’ai plongé plusieurs fois dans un demi-sommeil vite peuplé de visages menaçants, de cris de jouissance ou de souffrance, d’appels aux secours.
Il va me falloir un peu de temps pour accuser le choc de mes dernières heures sous la férule de Kristale. Kristale dont l’attitude une fois le mot de passe en poche a changé du tout au tout. J’entrouvre les yeux et la regarde jouant comme une enfant dans la piscine à s’asperger dans de grands éclats de rires avec Laure. Un jeu qui se fait lascif lorsque les deux têtes qui émergent de l’eau se rejoignent et s’embrassent à pleines bouches dans une étreinte langoureuse et disparaissent, espiègles, sous les eaux, comme pour se cacher à mon regard, ou m’inviter à venir les rejoindre.

Je n’ai vraiment lâché prise qu’après le dîner servi avec style dans un établissement renommé de la côte où notre trio la blonde la brune et la rousse, à fait se tourner bien des têtes. Mais j’en avais cure ! Toute concentrée que j’étais sur mon plateau de fruits de mer. Et quelques verres de Chablis ont achevés de m’étourdir.

La tête posée sur le ventre de Laure je contemple Kristale, allongée nue au travers du vaste lit de sa chambre qui nous accueille. Elle a finalement renoncé à nous amener au club pour danser elle semblait brutalement pressée de nous inviter dans son lit. Nous avons fait l’amour doucement, tendrement, sans contrainte, sans protocole et sans rappel de ce qui pouvait faire de moi une soumise.
Je cligne des yeux et me racle la gorge, profitant de l’ambiance apaisée, propice à la confidence, je lance a voix basse
— C’était comment pour vous Madame la première fois ?
Kristale roule vers moi sur le côté et se redresse sur un coude ramenant un genou sur son ventre. Elle est belle comme une odalisque aux cheveux d’électrum. Elle me fixe de ses yeux de glace bleue et fronce les sourcils, interrogatrice.
— Enfin !... Je veux dire, la première fois… Pour la …
Je ne trouve pas les mots, réfléchis un instant et me lance tout de go.
— Comment vous avez commencé à dominer… La domination quoi !?
Je me sens maladroite, et elle doit bien sentir mon malaise au pourpre de mes joues.
Elle sourit. Rampe lascivement jusqu'à moi, dépose un baiser sur ma cuisse et à l’endroit même de son baiser  y pose la joue, le visage tourné vers moi.
Sans détourner son regard hypnotique elle me lance
— Je n’ai pas commencée par dominer… J’ai commencé par être une dévouée soumise… Comme toi !
Ses paupières papillonnent un instant. Elle bascule sur le coté cale sa nuque confortablement sur ma cuisse et parle au plafond.
— Cela a commencé comme un jeu. Presque banalement. Avec mon premier amoureux un garçon de mon quartier, une vingtaine d’année bien tassée… J’avais 16 ans.  Nous avons vite fait l’amour, c’est lui qui m’a défloré, j’y prenais du plaisir, tu te doutes bien, mais il y a des choses que je me refusais à faire, par pruderie puérile.
Une après-midi nos escapades nous ont conduits dans le grenier d’une de ces maisons de villégiature abandonnées de la côte prés de Zandvoort. Bizarrement ce grenier semblait bien entretenu, un amoncellement d’objets bien rangés, un canapé de cuir pelé à demi éventré mais parfaitement lustré, un sol impeccablement brossé, agrémenté d’un tapis. J’ai su après coup, qu’en fait, les lieux avaient été préparés par mon amant.
A peine arrivé, il s’est emparé d’une cordelette de nylon que l’on utilise pour border les filets de pêche. En riant il m’a lié les poignets au dessus de la tête en les accrochant à une poutre. J’ai trouvé la posture incroyablement inconfortable  mais excitante. Je découvrais pour la première fois la sensation d’être totalement à la disposition d’un homme. Il a entrouvert mon chemisier et dégrafé ma jupe…
Kristale éclate de rire.
— Avant on faisait l’amour dans la pénombre presque à la sauvette. Là, j’étais brusquement dénudée en plein jour. Ce  n’est pas que je ne me trouvais pas jolie, c’était de la pudeur de gamine. J’ai fait mine de protester en me tortillant et lui demandant d’arrêter. Je crois que cela l’a excité encore plus.  Il m’a presque arraché ma petite culotte et m’a entreprise par derrière, debout, en levrette sans préambule, sans caresses préliminaires. Ce n’était plus des délicatesses d’amoureux… C’était un assaut animal, puissant, auquel je ne pouvais pas me soustraire…
 J’ai pris un pied formidable tandis qu’en me besognant il me susurrait à l’oreille qu’il voulait que je sois sa petite salope, sa petite chienne obéissante. Bizarrement ces mots qui auraient dû me choquer m’ont fait le rejoindre dans son délire de domination. J’ai tout de suite su que j’aimais çà, être dominée sans trop savoir ce que cela voulait vraiment dire.
L’assaut a été si violent que lorsqu’il m’a délié les poignets je me suis effondrée à quatre pattes sur le tapis du grenier, abasourdie par la découverte de cette nouvelle sensualité. Il ne m’a pas laissé reprendre mes esprits Il n’avait pas joui en moi, il s’était retenu. Il s’est agenouillé face à moi Il m’a saisi par les cheveux pour me relever la tête et a exigé en terme très crus que j’ouvre la bouche. Ce que je lui avais refusé jusqu’alors, je l’ai fait sans rechigner. J’étais dans une sorte d’état second. Cela a été très vite à peine a-t-il forcé mes lèvres qu’il a joui dans un grand cri de victoire…
Elle prend une grande inspiration et continu de regarder le plafond comme perdue dans le songe qu’elle nous commentait.
— … A partir de cet épisode, et pendant plusieurs mois, j’ai été son jouet pour mon plus grand plaisir. Il a fait découvrir à la gamine que j’étais les petits plaisirs de la soumission du plus simple, comme aller au lycée sans porter de culotte sous ma jupe jusqu’au plus licencieux comme me prêter à ses amis lors de ses soirées…
Elle se tourne vers moi, ses yeux perdus dans le vague, un demi sourire aux lèvres à l’évocation de ses premiers émois de soumise.
— Je sais… Cela ne répond pas à toute ta question. Mais savoir comment j’en suis venu à la domination, je pense que tu vas le découvrir par toi-même…
J’ai l’impression que tu en as déjà fait les premiers pas sur ce chemin… Non ?
Je ne réponds pas à son regard interrogateur.  Je me mouille les lèvres rapidement et me tourne vers Laure.
— Et toi Laure ?... T as commencé comment ?
La belle italienne ouvre ses yeux noirs qu’elle avait gardés clos en écoutant le récit de Kristale. Récit qu’elle devait certainement connaître dans ses moindres détails. Elle s’humecte les lèvres et lance froidement.
— Moi… Je l’ai toujours été !
Je me renfrogne, fronçant les sourcils de façon outrancière pour lui montrer que je ne me satisfais pas de sa réponse laconique.
Elle sourit, puis souffle comme sous l’effet d’un profond ennui.
— J’avais quatorze ans… En vacance chez mon oncle une grande villa  non loin de Portoferraio. Mes parents étaient partis visiter le parc national de l’île, j’étais resté à la villa refusant la balade, en adolescente rebelle que j’étais !... Mon oncle était resté lui aussi… Ce jour là, il m’a violée !
Je reste interdite et la contemple interloquée.
— Ne fais pas cette tête là !... J’ai adoré çà ! Faut dire que je l’avais bien cherché. Depuis le début des vacances je testais ingénument ma féminité naissante sur cet homme de quarante ans, que je trouvais très beau d’ailleurs. Profitant de l’absence fréquente de mes parents et même en leur présence, à l’abri de leurs regards,  je lui jouais le grand jeu de la séduction. Je me baignais presque nue dans la piscine. Je me déhanchais lascivement en marchant, je me collais à lui à la moindre occasion, … Bref, devant lui je jouais la starlette primesautière. Du haut de mes quatorze ans ce n’étais qu’un jeu de séduction. Je voulais simplement qu’éprouver mon charme naissant… Je pense aussi que mes hormones me travaillaient fiévreusement et cela m’excitait. Naïveté ou  inconscience, pas un instant je n’avais pensé que cela pouvait me mener jusque là !
Elle déglutit et sourit aux anges.
— Cet après-midi là, après la baignade, je suis allée me prendre une douche puis, passant devant lui simplement couverte d’un drap de bain noué à la taille, j’ai traversé la maison pour aller dans ma chambre y chercher des vêtements propres. Il m’a suivi sans que je m’en rende compte. Je cherchais dans la penderie mes vêtements lorsque j’ai entendu la porte claquer derrière moi. Je n’ai pas eu le temps de me retourner. Mon drap de bain m’a été arraché et j’ai été projetée entièrement nue sur le lit. Mon oncle m’examinait le regard enfiévré, le souffle court. J’étais tétanisée, comme si ce moment là je l’attendais et le redoutais à la fois. Saisie par ces deux sentiments contradictoires  je n’ai même pas cherché à m’enfuir. Je l’ai laissé faire. Il n’a eu qu’à enlever son slip de bain. Je n’ai pas résisté, j’étais brusquement sans volonté, comme un animal pris au piège qui sait qu’il n’y a plus d’issue et qu’il doit faire face ou céder.
Il a bloqué mes poignets au dessus de ma tête, pourtant il n’en avait pas besoin, je ne me débattais pas. Il a écarté mes jambes et  m’a prise violemment. C’était ma première fois, pourtant je n’ai pas souffert. Tandis qu’il me besognait voyant que je ne criais pas ni ne me débattait, il m’a lâché les poignets et s’est mis à me caresser… Me peloter fiévreusement plutôt !
Il me disait qu’il allait faire de moi sa chose, et que n’avais pas intérêt à protester et qu’il faudra ne rien dire à mes parents.
Laure souffle et sourit.
— Je n’en avais pas l’intention ! Je prenais même un trouble amusement à l'ambiguïté des regards qu’il me lançait, aux mains qui se baladaient sur mes hanches et entre mes cuisses alors que mes parents étaient là, tout près.
Pendant toute les vacances, dés que nous nous retrouvions seuls, j’ai accepté tous ses désirs et j’y ai pris un plaisir malicieux. Pour asseoir son emprise il me forçait à me caresser, me masturber devant lui et me prenait en photo, Il s’évertuait  à m’humilier en me faisant le tour de la maison a quatre pattes et me prenait dans chaque pièces traversées jusque dans le garage où il achevait sur le capot de sa voiture. De nombreuse fois il a forcé ma bouche en un simulacre de contrainte… Sans se restreindre Il a forcé mes reins. Il m’a fait mal, mais j’ai y pris du plaisir. Et de tout cela je n’ai pas eu honte, au contraire.
Ce n’était pas vraiment un maître, simplement d’un homme qui me soumettait à ses désirs, mais j’ai tout de suite su que c’est ce que je voulais au plus profond de moi.
Un silence puis Laure fait le geste de chasser une mouche imaginaire.
— Après les vacances on s’est revu régulièrement. Mais il manquait d’imagination et ne s’est jamais comporté en maître C’était un homme goûtant la chance d’avoir une gamine docile à sa disposition pour assouvir ses désirs pervers…
Quelque mois après, je n’avais pas encore quinze ans, j’ai rencontré celui qui allait m’apprendre les codes et protocoles de la soumission. C’était d’ailleurs un ami de mon oncle. Il faut croire que mon attitude me trahissait et que pour un maître a l’œil exercé il était facile de remarquer mon désir de soumission. Malgré mon jeune âge il a tout de suite deviné en moi la soumise potentielle. Il a fait sa déclaration tout de go, sans fioriture. Il voulait faire mon dressage…
J’ai accepté.

Laure referme ses yeux, elle n’a visiblement pas envie d’en dire plus. Un silence s’installe et je me laisse aller à méditer sur nos étranges débuts que beaucoup jugeraient violents. Nous avons toutes trois commencé nos chemins de soumission de façons bien différentes… Mais nous les avons choisi de notre plein gré, même Laure avoue, malgré le terrible assaut dont elle a été victime, que c’est ce qu’elle cherchait. Je revois mes débuts avec Marc bien différent et en quelque sorte plus directe que le chemin de mes deux sœurs de chaîne. Je souris… j’avais du temps à rattraper !
Comme si elle lisait dans mes pensés Kristale s’exclame.
— Au fait ! Et notre charmant Marc!… Il faut le prévenir de mon triomphe !
Tout son corps se déplie et se tend vers la table de chevet pour se saisir de son téléphone …

A suivre : Chap. 61. Mystification

 

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