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Les Carnets d'Emilie
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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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4 février 2015

Chap. 28. Le cri de l’ange.

Je me retiens de faire un pas en arrière lorsque l’homme arrive à ma hauteur. Je baisse la tête un peu plus et fixe obstinément le sol détournant le regard. Surtout ne pas le provoquer !
Sa main gauche s’empare de mon menton et me force à lui faire face.
- Fais pas ta mijaurée ! Je sais que si tu es là, c’est que tu es une petite chienne obéissante…
Il a un bref coup de menton vers l’arrière désignant les corps qui s’agitent dans l’ombre.
-… Comme tes deux copines là !
Comme pour le contredire Ange pousse un cri aigu. Instinctivement je porte mon regard vers le fond de la salle. Dans la pénombre je distingue son corps écartelé sur la table de pierre. Un des hommes lui tien fermement les poignets relevés au-dessus de la tête tandis que l’autre, l’homme au torse tatoué, maintenant entièrement nu, campé fermement entre ses cuisses, ses mains crispés sur ses hanches vient visiblement d’en forcer les faibles défenses.
Je frissonne. Un courant froid me hérisse la nuque alors que dans un même temps une chaleur intense monte de mes reins. J’ai une envie sourde de fuir et pourtant mes pieds sont comme soudés au sol.
Je comprends que ces hommes sont là pour çà… Pour parfaire notre humiliation. Pour nous faire comprendre que nous ne sommes que des objets de plaisir entre leurs mains et qu’il nous faut accepter notre place. Bien sûr qu’il a raison, ma nudité et mon collier  témoignent de ma soumission. Mais plus encore ma posture de parfaite docilité.
Tout en continuant à me maintenir le menton sa main droite se pause délicatement sur mon sein. Son pouce en effleure le mamelon dont la pointe réagit immédiatement.
Il a un sourire de contentement.
- Tu vois, en plus tu aimes çà ! Je suis sure que la petite chatte est trempée !
Je ferme les yeux tandis que sa main quitte la pointe durcie pour se promener nonchalamment sur mon ventre. Il s’attarde un instant sur mon nombril comme s’il cherchait son chemin puis ses doigts glissent sur ma peau vers l’orée de la toison rousse qui orne la source qu’il convoite.
Il hésite. L’interdit du bracelet rouge semble retenir sa main. Il joue avec ma toison, en roulant les poils du duvet entre ses doigts, comme pour en éprouver la douce texture.
Un nouveau cri d’Ange, puis un autre, suivi d’un gémissement qui se termine par un glapissement de douleur. Je n’ose plus regarder.
Comme par accident, un doigt fureteur vient se glisser sur mon clitoris. Je ne peux retenir ma nature. La caresse forcée déclenche une vibration sourde qui flambe entre mes jambes embrasant un peu plus mes reins. Je sursaute imperceptiblement et l’homme à sentit ma réaction. Son majeur devient plus inquisiteur et lisse lentement ma fente entrouverte qui se glace d’un sirop tiède trahissant l’excitation qui monte.
Je maudis ce corps qui obéit à l’odieuse caresse faisant fi de ma répugnance. Je suis sur le point d’abaisser mes défenses mais dans un dernier sursaut de refus ma mâchoire se crispe et je me hisse sur la pointe des pieds tentant d'échapper à la pénétration qui, je le sais, ne va pas tarder.
De nouveau Ange supplie dans un glapissement aigu.
Cela déclenche des rires rauques. Mon tourmenteur sourit. Son geste se fige.
Il lance, ironique.
- En tout cas ta copine à vraiment l’air d’aimer !
Tout en maintenant sa main entre mes jambes il se tourne vers le bruyant trio et émet un sifflement strident qui interrompt leurs ébats.
- Amenez-moi donc la brailleuse !

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21 janvier 2015

Chap. 27. La curée.

Estelle et la jeune fille sont poussées sans ménagement vers le centre de ce qui me semble être une sorte de chapelle souterraine. Instinctivement elles se rapprochent l’une contre l’autre à se toucher. Les hommes font un cercle autour d’elles en les jaugeant du regard comme des loups prêts à se lancer dans la curée. Mon ravisseur me lâche le poignet.
Comme à regret, il désigne un des recoins de la pièce.
- Tu te mets là… Et tu n’en perds pas une miette !
Je gagne l’emplacement désigné. Un recoin sombre, juste à côté d’un lourd chandelier de bronze aux bougies éteintes. Comme pour le défier j’écarte les jambes et place mes mains dans le dos en une parfaite posture de soumission, sauf que je tends le menton au-delà de ce qui est permis à une soumise. Je ne sais pas pourquoi je prends ainsi une posture de défis. Par une brusque pulsion de bravade peut-être ! Peut-être ai-je conscience que mon Maître me protège, même par l’intermédiaire de ce petit bracelet de cuir rouge si fragile!
Mais quelle valeur à cette interdiction ici ?
J’ai l’impression que ces maraudeurs peuvent ne pas obéir aux lois du cercle, pour peu que leurs ardeurs les leur fassent oublier. A cette idée je me pince les lèvres et prends une attitude plus servile, à regret. Je baisse la tête mais continue à le regarder par en dessous. Son regard s’allume, il a un petit sourire narquois, me contemple un moment, puis se désintéressant de moi  il se dirige vers le groupe d’hommes visiblement de plus en plus excités. Tous se tournent vers lui. Il en est assurément le meneur et c’est d’un pas vif qu’il rompt le cercle et se pose devant les deux femmes qui baissent la tête.
Il interpelle Estelle sèchement.
- C’est quoi ton nom !
- Estelle 47… Monsieur !
Il a un temps d’arrêt.
- 47 !
Il a un hochement de tête entendu se tourne vers ses copains et leur lance.
- 47 !
Des rires de connivences fusent.
Visiblement je suis la seule à ne pas comprendre.
Les rires retombent.
Il prend le menton de la jeune fille blonde.
- Et toi... Ton nom ?
D’une petite voix timide à peine audible.
-  An…!
L’homme secoue la tête, visiblement agacé.
-  Comment ? … J’ai pas bien compris !
Elle lance d’une voix plus forte, mais éraillée par l’appréhension.
- Ange… Monsieur !
Il a un sourire et de nouveau se tourne vers ses sbires et d’une voix forte lance.
- Un ange au menu, messieurs les diables !
Nouveaux rires gras. Il fait un pas en arrière et désignant nonchalamment les deux femmes du pouce.
- Messieurs… Elles sont à vous !
Sans se concerter dans un rapide mouvement le groupe se scinde en deux. Les deux premiers hommes se saisissent d’Ange et la soulève du sol comme un fétu la portant sans ménagement vers l’autel de pierre central. Elle se débat mollement et lance un faible cri de supplication. Elle comprend l’inéluctable de ce qui va lui advenir et tente une dernière fois d’échapper à l’étreinte de ses bourreaux.
Estelle, elle, ne résiste pas. Elle sait que refuser l’invite ne peut que lui amener d’amères souffrances.  Un homme la ceinture lui ramenant les bras dans le dos et la cambre violemment la livrant ainsi à son ami dans une posture des plus indécente et riche de promesses. Docilement elle écarte les jambes sur un ventre parfaitement épilé. Elle donne ainsi son assentiment à son second agresseur qui lance sa main à la rencontre de la fleur offerte y introduisant deux doigts sans ménagement tandis que son autre main se referme sur son sein tendu au mamelon gonflé de désir.
Estelle ferme les yeux et il me semble qu’elle sourit. Elle a visiblement pris le parti de se laisser emmener par le désir de ses assaillants sans opposer de résistance.
Le cinquième homme, le meneur, observe la scène un moment comme pour en vérifier le bon déroulement, puis se tourne vers moi. Un dernier regarde furtif pour ses sbires qui s’activent sur leurs proies pour s’assurer de leur désintérêt à son égard et d’un pas mesuré mais décidé, se dirige vers moi.

15 janvier 2015

Chap. 26. Les maraudeurs.

Un cri strident me tire de la torpeur profonde dans laquelle j’ai fini par tomber. Ensommeillée, Je  crois à une illusion lorsque de nouveau un cri aigu retenti dans le couloir...

Encore une fois le cri suraigu retenti, des voix et des rires graves lui répondent. Je me lève vivement et me colle à la porte, le visage contre le judas, fouillant du regard les sombres couloirs. Des ombres soufflées par la lumière des flambeaux electriques dansent sur les murs. Un claquement de porte puis un autre. De nouveau un cri étouffé ! Une supplique.
- J’en tiens une, les gars… Doit y en avoir d’autres ! …
Des hourras d’enthousiasmes couvrent la fin de la phrase.
Un frisson me parcourt et mes cheveux se hérissent sur ma nuque. Instinctivement je me rabats contre le mur à côté de la porte. Mon cœur s’emballe, et ma gorge s’emplit d’une vapeur âpre d’adrénaline. J’ai peur. Ceux qui viennent ne me semblent pas amicaux. On ouvre les portes des cellules une à une sans ménagement dans un fracas de métal. La fouille est systématique, je ne pourrai me cacher longtemps. Pourtant je me colle contre la pierre comme si je voulais m’y incruster cherchant des yeux une cachette possible dans l’étroite cellule.
- Une autre les gars !
Un cri de victoire salué par la meute… Mais combien sont-ils ? Je comprends qu’ils viennent de trouver Estelle à deux cellules de la mienne.
Et je n’ai pas le temps de me poser d’autres questions que ma porte s’ouvre avec violence et qu’une silhouette massive s’avance dans la cellule.
Inutile de vouloir se cacher plus longtemps. Je bloque ma respiration, me décolle du mur et fais un demi pas en avant, les mains dans le dos, résignée.
L’homme qui vient de faire irruption se tourne vers moi et marque un temps d’arrêt, interloqué. Il me détaille de la tête aux pieds en souriant et se mordant les lèvres. Il émet un petit sifflement admiratif en interpellant ses compères d’une voix gouailleuse
- Hé Hô ! Celle là elle est pour moi !… Je l’ai vu le premier !
Cela ne peut que déclencher la curiosité des autres qui se précipitent à la porte pour me découvrir par dessus son épaule.
Des glapissements admiratifs.
- Waoou, mignonne !
- J’adore les rouquines !
- Humm... On partage, Hein ?
Le cinquième visage qui se tend par dessus les autres, ne dit rien mais ses yeux s’embrasent. Sous la pression des regards insistant, instinctivement, je remonte mon bras droit vers ma poitrine et glisse mon poignet gauche au travers de mon ventre nu dans un geste puéril de protection.
Une voix dépitée suis mon geste.
- Elle a un bracelet rouge !
Des râles et des souffles de dépit montent de la meute.
Une voix moqueuse fuse.
- …Allons Messieurs… On ne touche pas à la D’moiselle !
Quelques protestations étouffées s’élèvent.
L’homme qui m’a découvert ne bouge pas et continue à me fouiller du regard. Il se mord les lèvres de nouveau, ses yeux brillent d’envie. Apres un moment de réflexion il se saisit de mon poignet, celui où Mon Maître a noué le lacet de cuir rouge qui doit en principe me protéger et se tourne vers ses sbires.
- Cela n’empêche ! … Elle peut assister ! … On les emmène toutes à la chapelle !
Des acclamations d’assentiment accompagnent ses paroles et il me tire à sa suite dans le couloir.

Je découvre alors Estelle et la jeune femme qu’elle avait hélée au fond du couloir. Une petite blonde à la coupe courte. Elle doit être jolie mais son visage est crispé par l’angoisse. Comme moi, et comme Estelle, elle est entièrement nue à l’exception d’un collier de cuir blanc où pend un anneau d’argent. Je reconnais là le collier des soumises débutantes, des novices. Sa poitrine, deux demi-pêches presque prépubères, se soulève à un rythme accéléré. Son ventre est parfaitement épilé et elle sert convulsivement les cuisses comme pour en barrer l’accès. Estelle elle, est tout son contraire. Une femme affirmée un peu plus grande que moi. Un collier de cuir noir patiné par l’usage et un massif anneau de fer forgé pend entre deux seins orgueilleux au bout d’une chaîne de métal sombre. Elle a la sûreté des soumises aguerries et me lance une œillade rieuse qui se veut rassurante.
Les cinq hommes sont eux torses nus seulement vêtus d’un pantalon. Je remarque que certains sont pieds nus. Celui qui tiens la jeune fille par les épaules et la pousse en avant sans ménagement est tatoué sur la presque totalité de ses bras et son torse. En riant, il lui assène une claque retentissante sur les fesses pour la faire avancer.
- Aller, avance ton p’tit cul … On est là pour s’en occuper !
Elle tréssaute sous le coup et lache un cri apeuré mais s’exécute, sous les quolibets et les rires entendus de la troupe.
Estelle nous devance sans se faire prier et mon ravisseur lui me tire par le poignet à la suite de la troupe qui s’engage dans le couloir en direction de la chapelle que nous avions traversée en venant.

1 janvier 2015

Chap.25. Eveillé.

- Monsieur ?
- …
- Monsieur ?
- … Hmmm !
La chambre baigne dans une pénombre à peine troublée par les premiers rayons du soleil.
Mon Maître est à mon côté, allongé nu sur le dos, la respiration paisible. Le sommeil du juste. Je n’ai osé lui adresser la parole lorsque j’ai senti un changement de rythme de son souffle. Mon Maître s’éveille, et j’attendais cela avec impatience. Impossible pour moi de dormir. Les images tournent dans ma tête. Les cellules, Estelle, Ange, … La maraude… Ces hommes !
Je frissonne. Je me tourne sur le côté et glisse une cuisse nue sur la sienne, mon ventre se colle à sa chaleur animale. A demi sur lui et je me redresse et cherche son regard dans l’ombre. Ses yeux restent obstinément clos.
- Vous… Vous savez pourquoi Estelle porte un numéro à son prénom ?
Un silence, puis, comme si cela lui coûtait un effort intense.
- Mmmoui !
Je fronce les sourcils.
- … Et ?
- Et, quoi ?
Je trépigne.
Mais Heu !… Pourquoi ?… Pourquoi elle porte un numéro accolé à son nom ?
Un silence.
- Elle ne te l’a pas dit ?
Mon Maître ne répond jamais à mes questions directes. Cela m’horripile mais j’ai compris que c’était toujours pour me forcer à l’introspection.
Les images de la soirée défilent de nouveau devant mes yeux. Cela s’est passé si vite, comme dans un rêve… ou un cauchemar. Les rires rauques des hommes, les cris de jouissance d’Estelle, Les pleurs et supplications d’Ange…
Ma voix s’éraille.
- Non… On n'a pas eu le temps de se parler trop… En fait pas du tout.
Nouveau silence
- Alors ce n’est pas a moi de te le dire !
Je me renfrogne et baisse la tête balayant sa poitrine de mes cheveux roux. Inutile d’insister pour le moment. D’un mouvement vif je me redresse totalement rejetant le drap au pied du lit et me glisse promptement à califourchon sur son ventre le maintenant fermement entre mes cuisses. D’un léger déhanchement je pose délicatement la fleur humide de ma vulve sur son membre à demi dressé comme pour y déposer un baiser des lèvres de mon ventre en feu et me couche de nouveau sur sa poitrine.
- Monsieur !
- Mmmh !
Je me tortille pour rendre plus pressante ma demande, me penche à son oreille et murmure timidement.
- … J’ai envie !
Marc ricane doucement
- Je le sens bien … - Un soupir - …Vous m’avez crevé avec ta sœur !
Je rougis et cache mon visage sur son épaule à l’évocation de nos ébats et des premières nuits de servitude de Béatrice. Je me rends compte que cela fait à peine quelques jours que Marc est passé me prendre au haras et ma vie est déjà rythmée par un abandon total à ma soumission à Mon Maître et au tourbillon de sensations exacerbées dans lequel il m’entraîne.
Sans lever la tête, mes lèvres contre son cou, je lance sur un ton espiègle.
- Béatrice, ou… Agnès ? … Ou Sophie ?
Faisant allusion à la jolie brune libérée du cachot et dont j’ai prise la place.
Je n’obtiens pas plus de réaction. Je m’écarte alors un peu plus m’aplatissant en me tortillant contre son ventre. Un frémissement du pilier de chair que je convoite effleure mon clitoris gonflé d’envie.
Je souris intérieurement.
- Et … Et si je vous racontais ?… Si je vous racontais ce qui s’est passé dans les caves ?

 

29 septembre 2013

Chap. 24. Soeurs de chaîne.

Je n’ai pas sommeil.
C’est fou comme le temps passe lentement lorsque l'on est seule. Je me suis allongée sur le bas flanc et contemple le plafond. Une lanterne de sécurité y est incrustée et diffuse sa pâle lueur jaunâtre de lampe au sodium. Je suis nue et je n’ai pas froid, pourtant je suis bien sous terre, dans un cachot ! Presque un tombeau.
J’essaye de détourner mes pensées de la scène qui doit se passer plus haut, dans la grande salle. Les premiers pas de cette femme, Sophie. Je me sens frustrée que Marc m’ait abandonnée ici. Mes yeux parcourent les joints de mortier et les suivent comme le ferai une souris dans un labyrinthe. Il n’y a pas longtemps que cette cellule à été refaite, d’ailleurs même les portes me semblent bien trop neuves pour être d’époque. Il faudra du temps et de nombreuses captives pour qu’elles acquièrent la patine de leurs usages. La pensée saugrenue de laisser une marque de mon passage me vient. L’idée de graver mon prénom sur ces parois si propres me fait sourire… Et puis cela m’occupera pendant que Mon Maître officie. Je me redresse sur ma couche et avise le cadenas laissé ouvert en attente de sa chaîne. Cela fera bien l’affaire!
Je m’en empare et commence à graver les premières lettres avec un des angles du verrou… I…S…A…

- Pss… Psst ?
Mon geste s’interrompt et reste en suspend. L’appel vient du couloir et il se répète, plus pressant. Je me lève vivement et m’approche du judas. Je cherche à deviner d’où vient le chuchotement.
- je suis là! La deuxième porte en face, … A ta droite !
Je me tords le cou et distingue à peine deux yeux rieurs qui m’observent aussi.
- Oui là… c’est comment ton nom ?
- Isabelle !
- Moi c’est Estelle 47 !
47 ? Qu’elle drôle d’idée d’accoler un numéro à son prénom !
- 47 ?
Un éclat de rire.
- Oui, une lubie de mon mar… Maître. Pour me rappeler que… Enfin, j’te raconterai çà... Tu es là pourquoi ?
Exactement la question que poserai un détenu a un nouvel arrivant !
Je souris. En fait oui, pourquoi Marc m’a-t-il abandonnée ?
- Mon Maître est là-haut… Je dois attendre là, je suppose !
- Ah ?… Moi je suis ici en vacance.
Je manque d’éclater de rire. Je me retiens mais l’amusement doit se percevoir dans ma voix
- En vacance ?
- Oui... Mon mar... Maître m’a laissée là après la soirée de ce week-end…Tu n'y étais pas ?... Nous sommes trois à être restés. Il y a moi, la novice dont tu as la place et qui doit amuser ton Maître là-haut - Je frissonne de jalousie à cette évocation - Et une que je ne connais pas ! Dans une cellule au bout du couloir !
Les images du vestiaire et de ses trois placards verrouillés me reviennent. Oui, c’est bien cela, trois !
Instinctivement, je cherche dans la pénombre à distinguer la porte. Mais peine perdue. Estelle hèle plusieurs fois et finit même par émettre un coup de sifflet trident qui font résonner les couloirs.
- Hé Ho ! Il y a quelqu’un ?
Je tends l’oreille. Une petite voix nous parvient faiblement, assourdie et incompréhensible, mais cela nous confirme la présence d’une autre sœur de geôle.
Estelle renonce, elle semble vraiment sûre d’elle, comme si elle connaissait déjà les lieux. Elle me lance sur un ton désinvolte.
- Trop loin... Tant pis !… Allez Isabelle raconte-moi un peu…comment tu es arrivée là ?

Nous avons échangé longuement, jusqu'à ce que la lassitude s’empare de nous. Estelle m’a confirmé connaître cet endroit, par contre elle ne m'a rien dit sur le mystérieux numéro accolé a son prénom. La conversation s’est éteinte d’elle-même. J’ai regagné ma couche rustique, je n’ai pas terminé de graver mon prénom dans la pierre et j’ai fini par m’assoupir dans un sommeil léger et agité où l’image de Sophie, nue, à genoux face à ses Maîtres, et surtout face au mien, danse devant mes yeux.
Un cri strident me tire de la torpeur profonde dans laquelle j’ai fini par tomber.
Ensommeillée, je crois à une illusion lorsque de nouveau un cri aigu retenti dans le couloir.

 

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11 septembre 2013

Chap. 23. Recluse.

Le couloir est éclairé de la même façon que la chapelle, des flambeaux électriques à la lumière blafarde. Notre petit groupe atteint rapidement une série de portes qui se font face le long des deux murs. Des portes qui ressemblent à la porte d’entrée du couloir, aussi petite mais percée d’un orifice central à hauteur des yeux, un judas. Je comprends que ce sont des portes de cellule, j’essaye de les compter mais dans une savante mise en scène le fond du couloir est plongé dans l’obscurité totale et je renonce à mon décompte.
Notre hôte s’arrête face à l’une d’elle. Lance un regard complice a Marc tout en désignant le petit judas. Il nous renseigne d’une voix moqueuse.
-  Une de nos invités de passage... Nous lui avons réservé notre plus belle chambre !
Marc s’approche du judas et à un hochement de tête entendu. Je me tends sur la pointe des pieds et cherche à percer le mystère de cette cellule. Ignés me tire sur la main. Me faisant comprendre qu’il faut que je reste à ma place. Je retombe sur mes talons. Notre hôte s’est aperçu de mon mouvement.
-  Mademoiselle Isabelle est une curieuse ?
Il s’approche de moi, me saisit par les épaules et me tire jusqu'à la porte. Je lâche la main d’Ignés. Mon regard plonge dans la petite ouverture.
Il s’agit bien d’une cellule et j’imagine que les autres doivent être identiques. Elle est spacieuse en regard du couloir, mais elle paraît écrasée par les imposants moellons de pierre qui l’enserrent. Une lumière chiche orangé sourd du plafond, mais je ne peux en voir la source. Deux bas flancs de bois ciré couvert d’un fin matelas de toile grossière.
Et sur l’un d’eux une forme recroquevillée.
Une jeune femme, nue, assise en chien de fusil sur la banquette. Elle lève la tête vers moi. Un regard clair plein d’interrogations. Des cheveux bruns aux reflets mordorés coupés court encadrent un visage ou se lisent l’inquiétude et l’espoir mêlé. Elle esquisse un sourire timide et se redresse en pivotant comme pour se relever, mais elle ne le peut pas. Ses chevilles et ses poignets sont entravés de plusieurs tours d’une corde de chanvre et son cou délicat est enserré dans un large collier de fer qui est lui-même relié par une lourde chaîne à un anneau solidement fiché dans un des moellons du mur.
Je n’ai pas le temps d’en voir plus. Notre hôte me repousse doucement sur le côté et entreprends de déverrouiller la porte. Un simple gros loquet qui coulisse avec un bruit sec. La porte s’entrouvre et les deux hommes pénètrent à l’intérieur de la cellule. Elle n’est pas suffisamment grande pour tous nous accueillir aussi je reste avec Ignès sur le pas de la porte.
- Debout Mademoiselle !
Maladroitement, malgré ses entraves, la jeune femme tente de se redresser. Elle titube un peu, finit par retrouver un équilibre précaire et lève son visage vers nous. Je sourcille. Ne devrait-elle pas le baisser justement comme le veut l’étiquette ? Je comprends immédiatement que c’est une novice. Ce que nous confirme notre hôte.
- Sophie nous a été laissée par son Maître… Il nous l’a confié pour son dressage jusqu'à l’Assemblée.
Le visage de Sophie s’empourpre un peu
- Nous avons mandat et tout pouvoir d’en faire une bonne petite chienne.
La rougeur de ses joues augmente et cette fois elle baisse la tête.
Notre hôte ricane.
- Elle est un peut timide… Mais çà va vite lui passer !
Il se tourne vers nous
- Ignès… Ses chevilles !
Immédiatement Ignès se faufile dans la cellule, s’agenouille aux pieds des hommes et entreprend de délivrer les chevilles de la prisonnière.
Lui se penche sur l’anneau du mur et en manipule le cadenas chiffré libérant rapidement le bout de la chaîne. Ignés se relève. Sophie est maintenant libre.
L’homme la pousse hors de la cellule. Je me recule pour lui laisser le passage.
Marc me lance alors un regard moqueur que je lui connais bien.
Il interpelle notre hôte.
- Nous n’allons pas laisser une place inoccupée !
Il se saisit de l’anneau de mon collier et me tire vers l’intérieur de la geôle.
Notre hôte fait un pas en arrière et revient vers nous sans lâcher la chaîne de sa prisonnière.
Il m’observe un instant, se mords les lèvres, contrarié.
- Tu sais Marc …Il y a la Maraude ici !
Sans un mot Mon Maître pointe du doigt la fin bracelet de cuir rouge à mon poignet. L’homme à l’air embarrassé.
- Je… Je ne sais pas si cela suffira !
Il se dandine d’un pied sur l’autre. Cela sonne comme une mise en garde et cela doit être important car il en a oublié le vouvoiement.
Puis il semble prendre sa décision
- Enfin… Si tu le veux !
J’ai à peine le temps de croiser le regard inquiet d’Ignés avant que la porte se referme sur moi.

 

30 août 2013

Chap.22. Descente.

L’homme reste longuement face à moi, un genou à terre. Ses mains parcours ma peau comme s’il voulait en saisir la réalité, se convaincre que mon corps existait réellement entre ses mains, autrement que par mes écrits et ses fantasmes.Ses yeux brûlent de fièvre. Je devine aisément que si nous étions seuls il me coucherait sur le banc sans autre forme de procès. Ses mains s’emparent de ma poitrine et ses doigts en lissent les tétons durcis avec insistance. Un peu gênée par autant de sollicitation de son mari, je lance un coup d’œil à Ignés. Elle a une moue amusée, presque de la compassion, je crois même y lire de la reconnaissance de faire ainsi le bonheur de son compagnon.
D’une secousse de la tête il finit par émerger de son rêve éveillé. Ses mains quittent ma peau et restent en suspension au-dessus d’elle un moment. Comme s’il venait de s’apercevoir qu’il venait de commettre un sacrilège ! Il se relève enfin, fait un pas en arrière sans me quitter des yeux.
Il ouvre enfin la bouche
- Je..
Sa voix s’étrangle, il se racle la gorge en se tournant vers Marc. Ignès s’amuse de son émotion et me lance un clin d’œil complice.
- Je vous propose d’aller visiter nos pensionnaires ?
Il se détourne de moi. Je souffle intérieurement. Mes épaules retombent de soulagement.
Il se dirige vers Marc et le prend par les épaules comme deux amis de longue date. Ce qu’ils semblent être d’ailleurs, et je reste toujours étonnée du vouvoiement utilisé entre eux ! Une marque de respect ?… Un code ? Je n’ai pas encore tout compris de l’univers dans lequel mon Maître me fait évoluer.
- Vous allez pouvoir nous faire une démonstration de votre savoir Marc, nous avons justement une postulante qui nous attend.
Il claque dans ses mains.
- Allons Mesdemoiselles, levez vous et suivez nous… Je vous emmène visiter les lieux !
Sans attendre de réponse les deux hommes se dirigent vers une large tenture en brocart de velours rouge qui barre une partie du mur. Ignés quitte sa banquette et viens m’aider à me déplier les jambes un peu engourdies en me donnant la main. Main qu’elle ne lâche pas lorsque nous emboîtons le pas aux deux hommes.
Je n’avais pas remarqué l’huis que dissimule à demi la tenture. D’un geste vif notre hôte la tire sur le coté et dévoile une petite porte de chêne bardée de gros clous noirs et d’une serrure imposante. Une serrure qui apparemment ne défend l’accès que dans un sens car la clé de fer est pendue au mur à sa droite.
La porte tourne sans un bruit sur des gonds parfaitement entretenus. Elle est étroite et nous ne pouvons la franchir qu’un par un et en baissant la tête. Ignés ne me lâche pas la main pour autant. Au contraire sa prise se raffermie comme pour se rassurer ou prévenir une éventuelle fuite. Les deux hommes disparaissent dans le couloir sombre que garde l’étrange porte. Ignés me tire à leur suite, non sans, avant de plonger dans l’obscurité, me lancer avant un petit sourire souligné d’un clin d’œil rassurant.

Je suis dévotement Ignès. Plus nous nous éloignons de la porte et plus la noirceur nous enveloppe, j’ai l’impression de descendre dans des catacombes. Ce que confirme le sol froid et irrégulier, légèrement en pente, sous mes pieds nus. Le passage est si étroit que de temps à autre mes épaules heurtent les murs qui semblent se resserrer sur nous. Maintenant je distingue à peine les reflets blonds de la queue de cheval de la jeune femme qui me précède. Apeurée, je jette un dernier coup d’œil en arrière vers la lueur qui sourd de la porte entrouverte et qui me semble soudain si lointaine. Je serre nerveusement la main d’ignés qui me répond d’une pression sans rompre le silence qui nous accompagne. Je comprends que ce lieu à été fait pour cela et que ce couloir sombre est destiné à oppresser, à étouffer toutes velléités de résistance. Je ne peux m’empêcher de penser à la sentence de Dante " Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance".
J’en suis là de ma réflexion lorsque nous débouchons enfin dans une petite salle éclairée par un unique flambeau électrique, une veilleuse, qui dispense une pauvre lueur rougeoyante. A peine de quoi nous distinguer ! On pourrait se croire dans une chapelle souterraine. Les voûtes qui nous surplombent et le prie-Dieu qui fait face au mur sous le flambeau renforce cette impression, ainsi que la table de pierre qui lui fait face. Sauf que des anneaux de fer bardent cet autel païen et en laissent deviner l’usage ! .
Notre hôte ne me laisse pas le temps d’observer plus là loisirs le curieux ameublement. Il poursuit son chemin en plongeant sous la voûte d’une des deux autres ouvertures du mur qui nous fait face. Un autre couloir un peu plus large.

 

12 août 2013

Chap. 21. A Bâtons rompus

Mon attention se reporte soudain vers Marc. L’espace d’un instant j'avais oublié sa présence, emportée par la vague brûlante du baiser d’Ignés. Je le fixe une fraction de seconde puis détourne le regard tandis qu’une chaleur intense empourpre mes joues. Il a assisté à la scène sans bouger, le sourire aux lèvres. Ignés a aussi remarqué la rougeur qui gagne mon visage. Elle ne dissimule pas un large sourire et se tourne vers Marc, interrogative. Mon Maître s’assoit alors sur la banquette à mi-distance de nous deux. Il croise les jambes, en portant le verre de cognac à ses lèvres.
Il s’adresse enfin à elle.
- Permission de parler Mademoiselle Ignés !
Ignés cherche un moment ses mots.
- Je... Je vous remercie Maître de nous faire enfin connaître Isabelle !
Il a un hochement de tête.
- Nous passions par là… Et comme de toutes les façons vous la verrez bientôt. Mais il est bien que cela se fasse chez vous !
- Ha ? … Vous vous rendez à l’Assemblée ?
- Oui ! Isabelle doit y être présentée.
Je retiens un froncement de sourcil. L’Assemblée? Qu’est ce donc exactement que cette Assemblée? Marc ne m’en a rien dit !
Ignés semble enjouée.
- Nous y allons aussi ! Le rendez-vous est dans deux semaines… Nous avons le temps !
Elle a un regard gourmand qui me parcourt de la tête au pied.
- Oui, Mais hélas nous n’allons pas nous attarder… Kristale nous attend !
Kristale ! Je ne peux retenir un frémissement a l’évocation de la blonde nordique. J’écarquille les yeux de surprise et regarde Marc à mon tour. Il fronce comiquement les sourcille.
- Oui ?… Permission de parler Mademoiselle Isabelle !
- Je … Je … Non rien !
Je baisse la tête, confuse.
Après tout, ne dois-je pas me laisser guider  ? Marc peut bien faire de moi ce qui lui plaira. Et aller une nouvelle fois à la rencontre de Kristale, la machiavélique Kristale, fait partie de ses prérogatives. Il vient quand même combler ma curiosité… En partie.
- Elle a, paraît-il, une surprise pour Isabelle… Et pour moi !… Mais elle ne m’en a pas dit plus !… Vous connaissez Kristale !
Ignés pouffe puis se reprend.
- Les surprises de Kristale sont toujours un vrai plaisir !
Je me renfrogne. Un vrai plaisir ! Ignés parle certainement pour elle et les turpitudes que j’imagine faites avec Kristale. Mais ma curiosité reste piquée au vif. Comme j’aimerai en savoir plus ! Mais ici impossible ! Je dois garder ma place.
Ignés change de conversation en me détaillant de la tête aux pieds.
- Et je suis étonnée Maître Marc, Isabelle ne porte aucun piercing, ni tattoo ?
Marc hausse les sourcils et son regard se porte sur moi comme s’il me découvrait.
- Oui… Elle est comme au premier jour. Lorsqu’elle s’est… Présentée à moi.
Et je tiens à la garder ainsi. Vierge de toutes marques.
Il boit une lampée de cognac et comme pour lui-même en regardant son verre.
- Çà, je me le réserve… Lorsqu’elle aura achevé son parcours !
Ignés a un petit hochement de tête d’approbation entendue. Elle ouvre la bouche pour continuer lorsque la porte par laquelle elle est arrivée s’ouvre vivement.
Notre hôte la franchit, la referme tout aussi vivement et se dirige vers nous d’un pas rapide. Il n’a visiblement pas pris le temps de se changer et porte encore son costume de service.
- Enfin je suis à vous…
Dit-il dans un souffle suivit d’un sourire. Un sourire qui se fige en une expression de béatitude lorsque ses yeux se pose sur moi. Il s’arrête à un pas, face à moi.
- Ha, mon dieu ! On m’avait bien dit qu’elle était belle…
Il ne termine pas sa phrase et pose un genou à terre. Ses yeux s’enflamment et ne cillent pas en me détaillant avec insistance.
Il finit par se tourner vers Marc.
- Je … Je peux Maître Marc ?
Marc à une moue d’acquiescement.
Ses deux mains se posent sur mes cuisses et remontent lentement vers mes hanches en épousant chacun des creux et des rondeurs qu’elles rencontrent comme pour mieux en garder la mémoire.

 

27 juillet 2013

Chap. 20. Ignès

Le temps s’égrène avec solennité. Marc fait les cent pas dans la salle, disparaissant de temps à autre dans les alcôves. Il porte régulièrement le cigare à ses lèvres et en tire de larges bouffées en me lançant un regard amusé.
Je suis bien !
La banquette me soutient parfaitement et la douce chaleur de la pièce me tire vers une torpeur langoureuse.Mon esprit est sur le point de s’échapper lorsqu’un claquement sec me fait sursauter. La porte de chêne noir s’entrouvre et Ignés si glisse prestement la refermant derrière elle sans se retourner.
Marc s’est figé.
Comme le veut le protocole de cet étrange lieu, Ignès est entièrement nue, à l’exception d’un magnifique collier de cuir noir rehaussé de filigrane d’argent flanqué d’un anneau de fer. Ses cheveux blonds ont été libérés du chignon strict mais ramené en une élégante queue de cheval planté haut sur la tête.
Comme je l’avais deviné, son corps dénote une pratique intensive des exercices physiques, svelte à la musculature dénouée. Elle me rappelle Kristale dans sa façon de bouger, presque hautaine mais tempérée par un visage rieur. Comme elle, elle porte une pierre précieuse au creux du nombril, mais de couleur verte qui acroche la faible lumiere ambiante. Une émeraude certainement! Deux petits haltères en or percent les mamelons d’une poitrine orgueilleuse. D’une démarche souple, hissée sur la pointe des pieds, comme perchée sur de hauts talons invisibles, elle se dirige vers Marc et, arrivée à sa hauteur, plie le genou jusqu'à terre, joignant les mains dans le dos et baissant la tête en une magnifique posture de dévotion que je devine mainte fois répétée. D’une voix solennelle elle égrène.
-  Mon Maître est retardé, il vous demande de bien vouloir l’excuser et pour patienter me propose à vous, suivant vos désirs !
Marc à un hochement de tête comme pour la saluer et lui désigne de son cigare fumant les banquettes sur laquelle je suis agenouillée.
-  Alors nous avons le temps de faire plus ample présentation. Allez donc saluer Mademoiselle Isabelle !
Elle se relève et, sans quitter le sol des yeux, se dirige vers moi. Marc la suit à un pas derrière goûtant très certainement le voluptueux déhanché que fait prendre la singulière façon de marcher d’Ignès.
Arrivée à ma hauteur les effluves de cannelle de son parfum m’enveloppent. Son ventre parfaitement glabre est à quelques centimètres de mon visage et je peux y voir scintiller une perle d’or nichée entre les lèvres nappées d’humidité. Ignés se penche et vient déposer un petit baiser sur mon front.
Je relève la tête ne sachant trop comment répondre au salut lorsque Marc vient à mon secours.
- Allons Ignés ! Mademoiselle Isabelle n’est pas une poupée de porcelaine !
Ignés lance une rapide œillade à Marc et sourit. Elle plante ses yeux de braise dans les miens, sa main gauche se saisit délicatement de ma nuque et attire mon visage vers le sien. Nos bouches se joignent. Je ferme les yeux et mes lèvres s’entrouvrent. L’invite est suffisante pour qu’une langue gourmande force le passage et vienne inviter la mienne en une danse lascive. Ma respiration s’accélère et un feu intense naît au creux de me reins. Ignés pose sa main sur mon sein gauche et du pouce en titille le mamelon déjà tendu vers elle. Mon univers se rétréci et il n’y a plus que nous deux et notre baiser.
Sans quitter ma bouche et en resserrant son étreinte sur ma nuque, comme si j’allais tenter de me dérober à l’étreinte, elle glisse sa main le long de mon ventre jouant au passage dans l’orbe ourlé de mon nombril. Je me raidis lorsque son exploration se fait plus intime et qu’elle se perd un instant dans le bosquet roux de mon ventre avant d’en lisser négligemment les lèvres humides. Une étincelle de feu me parcourt lorsque ses ongles effleurent mon clitoris. Instinctivement je me cambre un peu plus. Je voudrais me coller contre elle, pour lui signifier mon approbation. Mais ignés n’a pas besoin de cela. De ses deux doigts elle force l’orifice à peine défendu et s’y introduit sans ménagement. Je ne peux retenir un petit cri de surprise. Cri étouffé par le bâillon des lèvres tendres de mon amante. Quelques mouvements de va-et-vient dans le fourreau inondé et ses doigts me quittent lentement, comme à regret dans une dernière caresse le long de mon ventre.
Déverrouillant ma nuque et ma bouche, Ignés se relève gracieusement. Nos yeux ne se quittent pas. Avec un sourire malicieux Elle porte à sa bouche les deux doigts qui viennent de me pénétrer. Ils sont luisant de ma liqueur de Cyprine mais disparaissent rapidement entre ses lèvres. Elle les suce avec l’expression gourmande d’une gamine qui vient de tremper ses doigts dans un pot de miel.
Ignés se détourne enfin. Avise une banquette en face de moi et d’un mouvement gracieux s’y agenouille dans une posture de soumission jumelle à la mienne.

 

23 juillet 2013

Chap. 19. Parfum de Havane.

Ainsi postée, mon regard se pause automatiquement au centre de la rosace. A pas lent Marc vient si placer exactement. Je garde les yeux fixés à ses pieds et je devine qu’il me détaille avec l’intensité qu’il lui est coutumière. Instinctivement je tends les muscles de mes cuisses et renforce la cambrure de mes reins. Il n’a pas besoin de me toucher pour que mes seins se tendent et que les pointes se raidissent vers lui impudiquement. Tout mon corps est tendu comme la corde d’un arc. Je veux lui plaire, lui signifier que je lui appartiens de plein droit et m’offrir à son regard comme je le ferai à ses mains. D’un rapide coups d’œil je vérifie la parfaite symétrie de ma posture et baisse un peu plus la tête notant les reflets de bronze qui s’accroche au petit triangle de poils roux parfaitement taillé qui surmonte la fente glabre et vernissée de mon ventre. Une chaleur sourde pulse dans le bas de mon dos. Je ferme les yeux.
L’attente est une des tortures préférées de mon Maître. Il en joue avec maestria. Son pas lent tourne autour de moi comme un fauve méfiant jaugeant sa proie. Toujours aussi lentement ses pas s’éloignent. Surprise, j’entrouvre les yeux et le cherche du regard. Il a gagné le bar qui s’appuie sur l’un des murs et semble chercher quelque chose. Il se penche et se redresse enfin l’air satisfait s’empare du verre de cognac qu’il avait laissé sur le bar et s’en revient vers moi tenant du bout des doigts le cigare offert par nos hôtes et une boite d’allumettes longues.
Arrivé à ma hauteur, Marc lâche la boite d’allumette qui tombe sur le sol, réunit le cigare et le verre de cognac dans sa main gauche et s’accroupit en s’appuyant de la main droite sur ma cuisse.
- Ou en étions-nous Mademoiselle ? …
Inutile de répondre.
- Ah oui !... De la nécessité de parfumer mon cigare !
Sa main glisse entre mes jambes écartées, ses doigts caressent un instant le duvet roux qui auréole mon bas ventre, puis viennent en lisser la délicate ouverture. Un frisson me parcourt l’échine lorsqu’ils jouent négligemment avec mon clitoris déjà gonflé et raidis. Mes paupières se ferment et mes yeux se révulsent sous la douce caresse qui pétille à travers mon ventre.
Marc claque de la langue pour attirer mon attention.
- Tss, Tss, Mademoiselle ! On ouvre les yeux, s’il vous plaît !
J’obéis.
Mon regard plonge dans ses yeux clairs. Il a un petit sourire satisfait et dans un même temps son doigt force la moelleuse ouverture, s’enfonce d’un coup dans mon vagin. Il y entame quelques lents va-et-vient simplement pour en goutter la chaleur et l’humidité qui va grandissante.
- Humm ! Je vois que vous m’attendiez !
De honte, je détourne mon regard une fraction de seconde.
Satisfait de son exploration son doigt me quitte aussitôt remplacer par le cylindre épais du cigare que Marc fait rouler contre l’orifice inondé par sa caresse.
Le cigare se mouille et se parfume de ma liqueur de Cyprine.

 

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