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Les Carnets d'Emilie
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Le dressage d'une oie blanche.
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19 juin 2007

Chap. 14 - Épilogue.

Depuis l'aire d'autoroute je contemple les voitures qui filent sur l'asphalte dans un chuintement assourdi. Beaucoup vont vers le nord, vers Paris j'imagine. Quelques-unes descendent vers le Sud, … Le Sud ! Mon cœur enfle dans ma poitrine et ma gorge se noue. Je suis partie ce matin vers huit heures, il m'attendait sur le parking à côté de ma voiture. Une simple étreinte un baiser sur le front. Une simple parole assourdie, "Va ! … Prends soin de toi ! ". Mon cœur qui s'emballe une envie de pleurer que je refrène. Je mets le contact et m'engage lentement sur la route. Sa silhouette disparaît de mon rétroviseur au premier virage. Pour couvrir mon émotion j'enfonce une cassette des Cocorosie et pousse le volume de l'autoradio …
Appuyée sur le toit de ma voiture je sirote un peu du café contenu dans le gobelet de plastique, il est infect, mais son odeur me ramène à mes quinze derniers jours. J'ai commencé cette aventure comme une gamine avec mes rêves, mes fantasmes, de la bravade aussi. J'en reviens femme. Sure de mes désirs, de mes envies. Et pourtant quel est ce flottement que je ressens en moi. Je repars vers mon train-train quotidien! Comment après cela vais-je pouvoir reprendre une vie normale ? Comment regarder les gens qui m'entourent et s'agitent sans les prendre pour des pantins vivant dans l'illusion du bonheur ? Comment prendre au sérieux les jeunes courtisans ridicules qui chaque jour à la fac font le beau devant mes yeux noisette et mes cheveux auburn, me prenant pour une mijaurée qui à tout à apprendre… Si ils savaient ! Lourd est mon secret, léger mon esprit lorsque j'y pense.
Le ciel est gris de plomb, le défilement des voitures assourdissant. Je porte la main à mon cou. Je palpe le collier de cuir et d'acier qu'il m'a offert et qui me rattache à lui. Mes yeux se brouillent et je ne retiens pas mes sanglots. Une voiture passe au ralenti devant la mienne. Le conducteur se tourne vers moi et me sourit. Je détourne le regard, cache mes larmes et m'engouffre dans ma voiture refermant la porte sur moi, me mettant à l'abri des bruits extérieurs.
Je m'effondre sur le volant. Je veux faire demi-tour ! Repartir. Revenir à lui, m'agenouiller devant lui et le supplier de me garder pour l'éternité. J'ai encore tellement à apprendre, à vivre. La pensée que Kristale est près de lui, la vision de ses modèles qui l'entourent en d'incessantes demandes. La pensée même qu'il travaille peut-être déjà avec une autre dans le vaste atelier me tord le ventre. Je me sens abandonnée, seule au monde et je m'en vais retourner dans ce monde d'incompréhension et incompréhensible.
Ces deux semaines défilent devant mes yeux embués. Tout ce que j'ai livré ici, bien sûr ! Mais aussi les discussions passionnées sur l'art et Son travail. Le fou rire incoercible au restaurant. Les longues, très longues, séances de travail. Les moments d'intenses communions et les incompréhensions. Jamais je n'ai vécu des moments d'une telle intensité. Mais il est vrai que ma vie ne fait que commencer.
En fait, elle va se prolonger d'une manière inattendue. Elle va se prolonger à travers une œuvre commune. De la même façon qu'il fait intervenir ses modèles sur la matière même de ses œuvres Il m'offre de participer à un projet qui lui tient à cœur. Un projet mainte fois commencé et mainte fois abandonné. Une œuvre qui attendait son initiatrice. Une œuvre qui mêle à la fois ma vie, la sienne, nos expériences et nos fantasmes en un mélange indiscernable à l'instar de ses toiles. Cette pensée me redonne un souffle de jubilation, qui balaye les lourds nuages tournant dans ma tête.
Je me relève du volant, sèche mes larmes et caresse de la main la pochette rouge posée sur le siège passager. Un synopsis sur lequel nous avons passé de longues heures. Je remets ma ceinture tourne la clef de contact. Lentement je m'engage sur la bretelle d'accès. Et avant de prendre mon élan sur le long ruban de bitume qui remonte vers le Nord, comme pour me rassurer, je jette un coup d'œil rapide à la pochette rouge sur laquelle est écrit en gros, au feutre noir,...
"Les Carnets d'Émilie".

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Commentaires
I
bienvenu chez moi et merci !<br /> je vous souhaite une bonne lecture<br /> pourquoi "le vieux" comme pseudo ?
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L
Je viens de découvrir votre blog et de lire les 14 chapitres du préambule ... C'est de toute beauté. Quelle belle écriture ...Merci pour ce que vous nous donner
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K
pirouette finale et quelque peu inattendue. Bravo. Je ne sais pas si ce blog sera un jour considéré comme littéraire, mais en tout cas , les récits y sont de mieux en mieux construits. Félicitationx s !
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