Chap.3. Songe d'une nuit d'été.
Il est tard maintenant, je suis fourbue, autant par le voyage que j'ai fait presque d'une traite tant l'impatience d'arriver près de mon Maître était grande, que par cette insolite entrée en matière avec Lui. J’ai pris un repas rapide, seule, sans enthousiasme, Un repas que j’ai trouvé dans les paquets que Marc a déposés sur la table à son arrivée. Heureusement, il pense à tout !
Je me glisse entre les draps parfumés. Ils sont frais et agréable et se collent contre ma peau encore humide de ma douche. Je me saisis du petit volume à la couverture de cuir rouge, "La Sorcière" de Michelet, parcours quelques lignes mais ne peux continuer. J'ai une sensation étrange de périls et de plaisir mêlés. Comme il m'en a donné l'ordre, je suis entierement nue sous les draps. Je pose le livre sur le chevet, éteins la lampe et me saisie du torchon de lin blanc que j'ai trouvé dans la cuisine. Comme il me l'a dit, je le noue consciencieusement autour de ma tête aveuglant mes yeux. Je pousse un soupir et repose ma tête sur l'oreiller. Mes mains se posent sur les draps et mon esprit se met à vagabonder.
Les draps de coton épais appuie sur mon entre jambes, les images de la séance dans la cuisine dansent devant mes yeux. Je frissonne, qu'a-t-il donc manigancé ? Je me sens vulnérable et offerte, il est indéniable que quelqu'un va venir ! Je commence à avoir peur. N'importe qui, n'importe quoi, peut ouvrir la porte et venir se faufiler dans ma chambre. Les pires angoisses commencent à m'envahir. Je me remémore cet épisode pénible à l'extrême qu'il m'a imposé à Lyon dans la chambre d'hôtel, avec cet inconnu. Je commence à craindre un nouveau viol consenti. Car, bien sur, il est inconcevable que je n'aille pas au bout de ses désirs. Cette pensée calme les battements de mon cœur. Accepter ma situation a un effet lénifiant. Je ne suis plus qu'attente et crainte à la fois, mais une crainte qui s'estompe peu à peu. Les images terribles de mes fantasmes reflux et peu à peu je m'enfonce dans une douce torpeur, je m'assoupis voluptueusement…
Je sursaute violemment. Mon cœur bat à tout rompre et un froid mortel court le long de mon échine jusque dans mes tempes où se hérissent le duvet de mes cheveux. Une terreur sans nom vient de me réveiller brutalement…
Il y a quelqu'un dans la chambre !
Ma respiration se bloque. Je veux faire le moins de bruit possible pour écouter la nuit. Mais le sang qui bat à mes oreilles en un vacarme assourdissant m'empêche de me concentrer. Pourtant je sais, qu'ils sont là ! Deux, trois, peut être quatre. Je sens leur présence près de mon lit. Je peux presque les voir à travers le bandeau. J'ai peur a hurler et je reste tétaniser comme la biche au aboie lorsque la meute la cerne de ses crocs.
Les ombres se rapprochent, leurs mains immondes se tendent vers moi. Un cri d'angoisse veut sortir de ma gorge, un cri avorter par la terreur. C'est terrible je ne peux même pas crier. Le son reste bloquer au fond de moi. Je m'époumone en vain d'un hurlement silencieux, ma poitrine me fait mal, Vaincue, je me mets à sangloter de peur. Mes larmes mouillent mon bandeau improvisé et me calment. Je vais sangloter un long moment et, pour échapper à l'étreinte des ombres, je replonge dans l'abysse noir et rassurant.
Un chant d'oiseau parvient à mes oreilles. Une lumière vive se faufile sous le bandeau jusqu'à mes paupières. Je sors peu à peu de ma torpeur. D'un geste j'ôte le tissu qui ceint mon visage. Je fronce les sourcils et contracte mes paupières sous le flash blanc de la lumière solaire. Mon dieu ! Quelle heure est-il ? D'un mouvement souple je me tourne vers le gros réveil à aiguilles et entrouvre les yeux, 7h 25… Ouf ! Ma tête retombe sur l'oreiller. Je regarde autour de moi. La chambre blanche est vide... Vide ! .. Bien sur ! Je me remémore ce mauvais rêve, ces hommes qui m'entouraient… Je souris mais mon sourire a un arrière goût amer. Ce cauchemar a été si fort qu'il flotte encore autour de moi. Sous les draps Je glisse mes mains sur la poitrine pour en faire dresser les tétons, par jeu, et toujours par jeu ma main se blottie entre mes cuisses et devient la douce coquille de ma rose humide. J'ai une furieuse envie de me caresser. Je pense à me saisir de mon portable pour l'appeler et lui demander l'autorisation. Mais je me ravise. On se voit dans moins de deux heures comme convenu. D'un geste ample je repousse les draps et d'un bond je me lève. Nue comme un ver, je passe devant le miroir du bahut, prend une pose provocante et éclate de rire. Mon esprit est déjà avec lui. Je traverse le petit salon non sans avoir jeter un œil angoissé un peu partout, on ne sait jamais ! Et je me précipite vers la douche pour faire partir cette mauvaise sueur froide de la nuit.